Après une novillada piquée d’une bonne tenue, se tenait en « baisser de rideau » la corrida de clôture d’une riche temporada istréenne commémorant les 20 ans du Palio.
Cette corrida s’est déroulée sous un superbe soleil automnal, une température des plus agréables et devant une chambrée remplissant le vaisseau taurin de l’Étang de Berre aux trois-quarts. Pour l’occasion, Bernard Carbuccia et son équipe avaient sélectionné un envoi de Virgen Maria, élevage andalou propriété du français Jean-Marie Raymond. Un lot de toros magnifiquement présenté, sérieux, armé et parfois lourd. L’ensemble offrit un bon jeu dans sa majorité et se révéla noble, brave et de beaucoup de présence. Tous se mesurèrent au groupe équestre de la maison Bonijol sans rechigner, s’employant avec divers degrés d’investissement, le plus discret dans l’exercice étant le 1er. Les 3, 4, 5 et 6eme rentrant fort dans le matelas, avec chutes de la pièce montée occasionnées par les 3 et 6. Seuls les 1er et 4eme furent piqués à deux reprises. Meilleurs pour le toreo les 2,3,5 et 6, ce dernier d’une classe infinie dans la muleta dont une vuelta posthume n’aurait pas été volée. Un très bon lot, probablement l’un des meilleurs de le temporada dans le sud-est. Dommage qu’aucun des trois toreros n’aient invité le ganadero à saluer.
Andy Younes revenait au Palio après un succès probant en juin lui ouvrant les portes de la Monumental de Mexico pour cet hiver. L’arlésien hérita en premier lieu de « Pinton », un astado bien fait et bien salué par véroniques. Deux rations de fer, prises sans broncher et d’un bref engagement. Bon quite par chicuelinas de Jesus Enrique Colombo avant réplique d’Andy Younes par tafalleras. Le protégé de Fernandez Meca proposa en suivant une faena correcte mais d’intensité inégale puis décroissante face à un animal manquant de fond et de forces. L’arlésien édita sur la rive droite quelques séquence bien ficelées avant un final plus encimista. Trois-quarts de lame en place.
Son second « Carreston » fut accueilli par un maniement de cape des plus corrects avant que l’astado ne soit confié à Gabin Rehabi qui piqua correctement les deux fois, le Virgen Maria rentrant fort dans le peto. Après que Rafael Viotti est salué pour deux bonnes paires, le torero arlésien dédia aux travées un trasteo inégal en tracé, bien débuté de la droite d’où provinrent les meilleurs échanges. Trasteo d’altibajos, et allant a menos pour les deux parties, le toro accusant quelques ruptures de rythme n’aidant pas le jeune diestro d’Arles. L’affaire ne passa pas la rampe et Andy liquida le Virgen Maria d’une entière trasera et deux coups de verdugillo.
Jesus Enrique Colombo salua l’arrivée de « Fatigoso » par une larga cambiada de rodillas puis par un enchainement de bonnes véroniques et chicuelinas. Une seule pique, sans véritable style avant tiers de banderilles à charge du torero vénézuélien qui se montra particulièrement spectaculaire et allègre dans l’exercice. Le diestro de San Cristobal poursuivit par une partition à la fois enthousiaste et sérieuse par une bonne entame muletera, puis par un trasteo de très bon ton face à un animal brave, noble face au leurre, et doté d’une certaine dose de classe. Le garçon eut l’intelligence de baisser la main sur la corne gauche, la meilleure d’un cornu qui transmettait, et de toréer davantage à mi-hauteur sur l’autre rive afin de garder l’astado dans la cañasta. Belles séquences coulées à tribord en fin de parcours avant estoconazo légèrement tombé. Deux oreilles et vuelta au toro.
Le quinto « Muesca », est un animal haut et lourd (585 kg), bien salué avec la percale avant d’être confié au lancier de service pour une seule rencontre. L’astado rentra fort dans le matelas et malmena équidé et cavalier en soulevant la pièce montée puis en poussant longuement sur quelques mètres. Ovation au picador Juan Manuel Sanguesa, raccompagné en musique et qui a bien contenu l’assaut du fauve monté sur le cheval Dartagnan. Après un quite par zapopinas, Jesus Enrique Colombo se montra de nouveau explosif et virevoltant banderilles en main en trois paires puissantes. Muleta en main, le diestro vénézuélien proposa une faena de bonne composition majoritairement droitière, pêchant parfois par manque de finesse mais dont les meilleures séquences furent éditées sur la rive opposée face à un toro qui alla à menos. Plusieurs séquences allurées avant un final plus intimiste et une lame entière. Oreille.
Maxime Solera se présentait au Palio devant le toro « Ansioso », correctement salué à la cape et qui mis ensuite la cavalerie au tapis lors de l’unique rencontre. Quite par chicuelinas du fosséen qui brinda ensuite à un intime une faena qui manqua de rythme au-devant d’un astado accusant une faiblesse de l’antérieur droit. Labeur d’inégale intensité, manquant d’émotions mais comprenant quelques bons muletazos sur la droite sans que l’affaire ne décolle. Lame entière traversante puis double pinchazo.
Le natif de Fos-sur-Mer mis le bleu de chauffe à réception de l’ultime « Volado », un superbe burraco attendu a porta gayola, les deux genoux dans le sable. Le Virgen Maria rentra avec beaucoup de puissance lors du seul et unique assaut, envoyant violemment Jean-Loup Aillet et sa monture au tapis. Le protégé de Denis Loré brinda au public une faena bien composée, face à un toro noble et doté d’une classe exceptionnelle et vibrante dans l’étoffe. Maxime Solera en profita à cœur-joie des inlassables charges de « Volado » et signa avec la main gauche les meilleures séquences de son après-midi. Final par naturelles de face avant entière au premier voyage, un poil longue d’effet et nécessitant l’usage du verdugillo. Oreille pour Maxime Solera et applaudissements à la dépouille du bicho, qui aurait bien mérité un tour de piste posthume.
FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA
Arènes du Palio, Istres. Journée Taurine. 3/ d’arène. Beau temps, chaleur automnale. 6 toros de Virgen Maria.
Présidence : Mr Kehiha
Poids des toros : 520, 495, 505, 515, 585, 542.
Cavalerie Bonijol. 8 rencontres
Vuelta al ruedo posthume au deuxième “Fatigoso”, n°28 né en février 2017 de 495 kg.
Maxime Solera effectuait sa présentation au Palio en qualité de matador de toros.
ANDY YOUNES (blanc et argent): saluts au tiers et silence
JESUS ENRIQUE COLOMBO (blanc et or): deux oreilles et oreille
MAXIME SOLERA (blanc et or): silence après avis et oreille
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