Annoncé à Nîmes ce jeudi pour la soixantième édition du Trophée de la Cape d’Or, le novillero nîmois Solal Calmet “Solalito” revient dans les arènes de la ville qui l’a vu grandir deux ans quasiment jour pour jour après son dernier paseo dans l’amphithéâtre romain. Après une bonne prestation pour ce qui était sa première novillada piquée (1 oreille), le jeune torero nîmois a vu sa trajectoire être freinée par la crise sanitaire. Auteur d’une saison 2021 de très bonne facture, Solal partagera l’affiche ce jeudi avec le biterrois Carlos Olsina et l’espagnol Miguel Polope devant des novillos de Rolland et Raphael Durand. A quelques jours seulement de ce qu’il considère comme le rendez-vous le plus important de la temporada, Solalito m’a accordé un peu de son temps afin de répondre à quelques questions…

SyS : Solal, tu avais conclu la temporada 2019 par une prestation remarquée dans les arènes de Nîmes pour ta présentation en novillada piquée, puis est intervenue la crise sanitaire. Comment as-tu vécu cette période d’arrêt ?

SC : Ca été une période sacrément compliquée pour moi je ne te le cache pas. Depuis tout petit j’ai pris l’habitude de voir des toros quasiment toutes les semaines. Et puis d’un coup plus rien, ni pour moi ni pour les autres de mes compañeros. Tout s’est arrêté. Pour autant je n’ai pas cessé de m’entrainer, de toréer de salon mais sans vraiment savoir quoi faire car l’horizon n’était pas dégagé. Il n’y avait pas de tentadero, ni de fiesta campera car nous ne pouvions pas nous déplacer… Il m’a fallu attendre six mois de coupure avant de pouvoir retrouver le campo et un an et demi sans mettre le costume. Ca été très dur.

SyS : Comment as-tu fais pour garder la tête froide et maintenir l’illusion ?

SC : Quelque part je crois que je me suis intimement persuadé, que la vie allait reprendre son cours, que j’allais avoir l’opportunité de toréer. Sans savoir ni quand ni à quel endroit. Je me suis alors dis que j’allais gagner du temps en redoublant d’effort, en ne cessant pas de m’entrainer, d’être préparé. Au final au lieu de perdre un an et demi, je l’ai gagné. Je crois en fait que foncièrement, cette crise sanitaire a bouleversé les plans de tout le monde, que ce soit au niveau des novilladas, des apoderamientos et même dans mon cas, jusque dans ma peña ! Cette mise en veille forcée de la vie de tous les jours, m’a permis de restructurer pas mal de choses et m’a donné beaucoup de forces pour la suite.

Courant 2020, Solal a pu reprendre le chemin du campo, ici lors d’un tentadero au Vieux Sulauze chez Juliette et Christophe Fano.

SyS : Quelle aurait dû être ta temporada 2020 ?

SC : Si je pouvais choisir… deux grandes portes à Madrid et à Nîmes ! Plus sérieusement, j’avais cinq ou six courses de bouclées. Malheureusement pour les raisons que l’on connaît ça n’a pas pu se faire, certaines ont été annulées, d’autres simplement décalées à cette année comme Mugron.

Nîmes, le 14 septembre 2019 devant le novillo “Principe” de San Sebastian.

SyS : Tu as aussi débuté la temporada 2021 sans apoderado…

SC : C’est vrai que je me suis retrouvé seul un peu du jour au lendemain, et c’est vrai que c’est difficile de débuter la temporada sans apoderado, sans une maison importante qui t’accompagne. Mais j’ai eu la chance de rencontrer Hervé Galtier qui me donne un sacré coup de main. Au final je n’ai jamais été vraiment seul. Je ne te dis pas que cela a été facile, loin de là mais je ne me suis pas inquiété plus que ça, en me disant que j’aurais forcément une opportunité, pas dix, mais peut-être deux ou trois lors desquelles je pouvais faire la différence. Je m’étais mentalisé pour une course, j’en suis à cinq, je vais toréer dans les arènes de Nîmes jeudi, puis il me reste Parentis et Istres. Tout va bien !

SyS : Justement quel est le rôle d’Hervé Galtier auprès de toi ?

SC : Ce qui nous lie avant tout avec Hervé c’est une relation amicale. Il me donne un coup de main en toute amitié, m’aide au maximum dans tous les secteurs. Pour appeler les empresas, pour me trouver des entrainements au campo. C’est un peu une aventure à deux.

Nîmes, le 14 septembre 2019 devant le novillo “Principe” de San Sebastian.

SyS : Avant les rendez-vous importants de la fin de temporada, quel regard portes-tu sur ta saison ?

SC : Je dois dire que je suis assez satisfait de ma temporada jusqu’ici car j’ai eu beaucoup de responsabilités. Ma première course à Mugron après un an et demi sans mettre le costume était dans un cartel très fort avec Francisco Montero qui a gagné le Zapato de Oro et Tomas Rufo qui a ouvert la Grande Porte à Madrid. Je m’en suis très bien sorti, à Beaucaire aussi où à Soustons. Bien entendu comme dans chaque temporada il y a des triomphes qui se sont envolés à cause de l’épée, je pense à Beaucaire ou à Soustons où le triomphe aurait pu être plus important. Je suis assez satisfait dans la mesure où je n’avais que la course de Mugron de signée en début de saison. Par la suite j’ai décidé d’aller à Beaucaire qui est une arène sérieuse, où les novillos sortent assez fort. Jusqu’ici je suis fier de ma temporada. Nîmes reste l’objectif principal car c’est la seule arène de première catégorie dans laquelle je vais toréer, c’est ma ville donc forcément l’envie est d’autant plus grande.

Beaucaire, novillo de Pagès-Mailhan le 25 juillet 2021.

SyS : Par rapport à l’évolution de la temporada quels sont les axes de travail sur lesquels tu accentue le plus ta préparation ?

SC : C’est un tout ! En tant que novillero tout doit être travaillé. Je dirais que cette année j’ai pu davantage m’affirmer en tant que torero, un style commence à se définir petit à petit sans bruler les étapes. Chaque course est importante et me permet d’évoluer et de montrer aux aficionados mes qualités.

Saint-Gilles, novillo de Malaga le 21 aout 2021 (Photo Melanie Huertas)

SyS : En ce qui concerne cette novillada nimoise, te sens-tu à la fois soutenu et attendu par le public de ta ville ?

SC : Oui je me sens soutenu, Nîmes c’est ma ville, j’y ai grandi et fait mes premières passes dans ces arènes. J’ai eu la chance d’y toréer deux fois en « sin caballos », j’y ai fait ma présentation en novillada piquée. Il y a de l’attente bien entendu, autant de mon côté que du côté des aficionados. La pression bien sûr qu’il y en a, d’abord vis-à-vis de l’exigence que j’ai envers moi-même. Mais je ne vais pas me mettre de pression supplémentaire, en essayant d’aborder cette course comme j’ai abordé les autres, avec sérieux. Nîmes c’est important, de par la catégorie et la renommée de l’arène, parce que c’est ma ville mais cette novillada est tout aussi importante qu’a pu l’être celle de Soustons pour ne citer qu’elle.

SyS : As-tu dejà 2022 dans un coin de la tête ?

SC : Le premier objectif c’est de terminer 2021 de la meilleure des manières, en triomphant, ce qui me donnera plus de forces pour 2022. Ensuite je dirais que l’objectif principal sera d’entrer dans de grandes arènes, en France comme en Espagne. Je ne vais pas me cacher, en 2022 il faut que j’aille à Madrid, ce sera 2022 ou jamais ! C’est ce que je souhaite et c’est ce sur quoi mon entourage et moi-même travaillons. Toréer régulièrement dès le début de la temporada et me présenter à Madrid en suivant.

Tarascon, novillo de Jalabert le 20 aout 2021.

SyS : Au fil des années, il y a de moins en moins de novillada et de plus en plus de novilleros… Cela met-il une pression supplémentaire ?

SC : L’entonnoir se rétréci de plus en plus il ne faut pas se voiler la face. En tant que français oui c’est une petite pression supplémentaire, même si en France nous sommes quand même prioritaires sur les cartels, mais en règle générale oui nous sommes beaucoup pour très peu de courses. Mais c’est une donnée que je connais et que j’ai assimilé depuis longtemps. Il faut l’accepter. Chaque torero fait ce qu’il peut, avec les moyens qui sont les sien. Chacun doit faire son propre chemin, écrire sa propre histoire. Il y en a qui y arriveront, d’autres non et cela a toujours été ainsi. Ce n’est pas parce que l’on est trop, mais simplement car tous les toreros ne peuvent devenir figura.

Merci beaucoup Solal et mucha suerte !

Jeudi 16 septembre 2021, Nîmes, novillos de Rolland et Raphael Durand pour Carlos Olsina, Miguel Polope et Solalito.

Infos et réservations => http://www.arenesdenimes.com

SOLALITO EN DÉTAIL

Solal Calmet “Solalito” né le 17 décembre 2000 à Nîmes.

Débuts en novillada piquée : le 14 septembre 2019 à Nîmes, novillo « Principe », 469 kgs de San Sebastian aux côtés d’El Rafi et Fernando Plaza.

Vainqueur du Trophée Nimeño II à Nîmes en 2019

Vainqueur du Trophée Sebastien Castella à Bellegarde en 2019

Finaliste du Certamen Alfarero de Plata de Villaseca la Sagra et du Certamen de novilladas nocturnes de Séville en 2019

Vainqueur du Bolsin de Bougue en 2018

Vainqueur du trophée UCTPR au meilleur novillero sans picadors sud-est en 2017, 2018 et 2019 et sud-ouest en 2018

Temporada 2021 : 5 novilladas, 6 oreilles.

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