Le premier est dehors ! Premier indulto de la temporada 2021. Au risque de passer pour un pisse-vinaigre ou un jeune “vieux con” ce non-évènement n’aurait jamais du avoir lieu. D’abord parce que le public Pescalune, enjoué et transporté par un Ferrera des grands jours s’est laissé berné par une revendication de grâce qui pris racine et comme bien souvent depuis le callejon. Aussi parce que le balcon présidentiel, en d’autres temps plus avare mais ce jour dépourvu de critères s’est lui aussi laissé duper par le maestro de Badajoz qui avec malice fit mine de vouloir monter l’épée, puis par une pétition qui se révéla finalement trop forte pour que Monsieur le président et ses assesseurs ne tiennent bon. En mode David contre Goliath. Surtout parce qu’il manquait à ce toro, au gabarit modeste, une qualité fondamentale pour prétendre à la grâce: la bravoure. Et ce toro n’en avait pas. Noble à souhait certes, mais manso. Un toro de 100 passes qui répétait sans claudiquer dans l’étoffe d’un Ferrera survolté. En somme un toro qui a servi. Et un indulto qui dessert.

Pour les amoureux de statistiques, celui-ci était le 32eme en France en corrida de toros. Un de plus, anodin. Tant de bons et véritablement braves toros sont morts. A chaque grâce imméritée je ne peux m’empêcher de penser à ce grand Clavel Blanco, mort en brave au centre des arènes d’Arles le 11 septembre 2009, j’y ai pensé en voyant ce docile Cuvillo regagner vivant les chiqueros lunellois. Et lorsqu’un ami qui revenait aux toros pour un jour, coupant une retraite que je souhaite très courte, me glisse que deux des trois hommes encravatés du balcon présidentiel étaient à cette même place lorsque l’immense “Pescaluno’ d’ Hubert Yonnet eu la vie sauve le 21 juillet 2002 je ne peux m’empêcher de penser, vulgairement “Qu’il y a comme une couille dans le potage” …

Face à un Bohorquez au format conforme à la catégorie de l’arène, la nîmoise Lea Vicens pour son premier paseo en France en 2021, ouvrait les débats par un rejon de castigo à cornes passées. Banderilles en main, l’amazone montée sur Diluvio déclenchait les premières palmas avant de se distinguer avec plus ou moins de réussite avec les banderilles courtes sur Deseaedo. Partition plaisante conclue par une lame en arrière efficace. Une oreille après pétition jugée majoritaire.

Après deux rejons de castigo sur la jument Cleopatra, en guise de bienvenue, la nîmoise connut un léger passage à vide sur Diamante avant de se reprendre avec pas mal de réussite sur Diluvio pour la pose des banderilles dont une ajustée à l’étrier et face à un animal moins mobile que le précédent. Quelques roses bien placées sur l’élégant Jazmín, pour un final allègre et en musique. Lame en place à la première tentative. Le président de course ne fut pas difficile à convaincre par une pétition jugée majoritaire, et libéra deux pavillons synonyme de Grande Porte.

Antonio Ferrera salua le premier par un capoteo contrasté avant de confier un Cuvillo au format correct à son picador pour une seule rencontre prise en poussant droit et franchement. Deux bonnes paires à charge de Jose Manuel Montoliu avant brindis au public de l’extremeño qui débuta le long des tablas en doublant son opposant. Le porteur de la devise rouge blanche et verte s’avéra noble et bon collaborateur dans l’étoffe d’un Ferrera qui ne força pas son talent outre mesure. Les meilleures séquences sont à signaler sur la rive gauche, la corne la plus propice de l’animal. Final par naturelles des deux mains avant entière trasera.

Le quinto, anovillado est accueilli par quelques capotazos de bon ton avant de se montrer gazapón et manso face au groupe équestre qu’il contourna pour deux rencontres sans style. Dans le dernier tiers, Antonio Ferrera fit un temps arrêter la musique afin de prendre la mesure de son opposant. Un astado très noble et qui chargeait à souhait le leurre d’un torero survolté, inspiré et relâché. La faena du natif de Bunyola pris toute sa plénitude sur de savoureux échanges gauchers qui mirent les travées en ébullition. Avec une pétition de grâce provoquée par sa cuadrilla, l’extremeño poussée par la ferveur mis les bouchées doubles et fit basculer l’affaire en sa faveur, empruntant même quelques “saltos de la rana” au maitre Cordobes dans un délire total jusqu’à obtenir la grâce de son adversaire …

Juan Ortega salua l’arrivée du porteur du dossard numéro trois par un bouquet de jolies véroniques et deux demies. L’andalou délia la cape pour un quite applaudi à la suite d’une seule rencontre avec le groupe équestre. Le torero sevillan qui brinda au respectable, proposa ensuite une partition tout en délicatesse et en soignant la posture face à un animal noble mais soso et qui transmettait peu. Trasteo alluré, sublimé par une ceinture de velours. Juan Ortega s’est parfaitement accordé avec les qualité du quadrupède dans un ensemble manquant d’alegria mais pas sans quelques détails soyeux.

Inédit à la cape où il fit désarmé, l’andalou confia cet ultime Nunez del Cuvillo pour une seule pique, sans style. RAS muleta en main ou presque. Lame entière au premier voyage.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes Francis San Juan, Lunel. Dimanche 18 juillet 2021. 2 toros de Fermin Bohorquez (1 et 4) et 4 de Nunez del Cuvillo

Organisation: SAS JSPH

Présidence: Mr Georges accompagné de Mrs Guerrero et Bruyat.

Poids des toros : 420, 460, 440, 420, 430 et 430.

Cavalerie Heyral. 5 rencontres

Antonio Ferrera et Juan Ortega effectuaient leur présentation en qualité de matador de toros dans les arènes lunelloises.

Le cinquième toro, de Nunez del Cuvillo porteur du N°157, né en mai 2016 et de 430 kilos a été gracié.

LEA VICENS (en chaleco gris souris et noir): oreille et deux oreilles

ANTONIO FERRERA (bleu de France et or): oreille et deux oreilles et la queue symbolique après deux avis

JUAN ORTEGA (sang de toro et or) : oreille et silence

Share This