Après la grande corrida d’hier samedi et le double triomphe du revenant Alejandro Talavante et du péruvien Andres Roca Rey puis une triple sortie triomphale lors de la corrida de rejon matinale, la corrida de clôture du cycle 2021 de la Feria du Riz se présentait pleine d’espérances. Et c’est peu dire que les espoirs ne furent pas déchus puisqu’au final nous avons eu le plaisir d’assister à une grande corrida de toros, car très entretenue. D’une part grâce à l’excellent jeu offert par les toros de Jandilla, dont le mayoral fut logiquement invité à saluer d’une chaleureuse ovation alors que la terna du jour, fort disposé à triompher, s’engouffrait dans le sombre tunnel du vaisseau romain pour une sortie sur les épaules fêtée jusqu’en bas du Parvis des Arénoises.

Six oreilles coupées, deux par équipage. Cinq toros sur six offrant de grandes prestations, l’ultime crédité d’une vuelta al ruedo posthume récompensant l’ensemble de l’envoi. Un accompagnement musical de grand son orchestré par l’incontournable Rudy Nazy et l’Orchestre Chicuelo II, la chanteuse Estelle Mazillo et les chœurs cristallins de la Chorale des Jeunes sous la direction d’Elisabeth Colineau. Et un public, qui aurait mérité d’être plus nombreux, enjoué, en symbiose avec tous les acteurs en piste. Seule fausse note, les sifflets par une partie du conclave accompagnant Emilio de Justo, jugé pour une épée trop longue d’effet malgré l’authentique faena signée face au sixième…

Grand envoi de la ganaderia de feu Borja Domecq, bien présenté ,plus petits les 2eme et 6eme, correctement armés dans l’ensemble, le quinto plus sérieux de tête. Tous mobiles et offrant un grand jeu à l’exception du fade 5eme. Inégaux de présence, mais globalement brave face à la cavalerie d’Alain Bonijol à un degré moindre les 2eme et 5eme. Spectaculaire dans l’exercice le 4eme et à un degré moindre l’ultime, celui-ci doté d’une grande classe dans la muleta. Braves et encasté les 1, 4 et 6, vibrants dans l’étoffe les 2 et 4.

Antonio Ferrera donnait le pistoletazo de cette dernière corrida arlésienne devant « Obligado » accueilli par quelques coups de cape de correcte note avant de placer le cheval de pique sous l’arrastre pour deux rencontres. Le Jandilla rentre fort au premier assaut, poussant et soulevant l’équidé avant deuxième ration moins virulente. Brindis à l’artiste Diego Ramos précèdent une faena inconstante et prudente, débutée par le bas et comprenant quelques passages de bon ton. Le plus souvent l’extremeño se passe l’astado assez loin de la ceinture, puis signe un final soigné par naturelles. Double échec a recibir avant trois quart de lame. Silence et applaudissements au toro.

Zébulon va ensuite mettre les bouchées doubles face au cuarto « Ornitologo » , salué proprement et qui poussa fort, en brave dans le matelas en deux rencontres vibrantes. Applaudissement au lancier avant tercio de banderilles de haut-vol à charge d’Antonio Ferrera qui mit les travées en fusion sur une dernière paire au quiebro près des tablas. Brindis à Juan Bautista puis entame de bon gout, l’extremeño interrompant la bande musical en réclamant un paso doble. Ayant obtenu que soit joué l’Opera Flamenca, le torero de Badajoz embarqua l’excellent Jandilla, vibrant face à l’étoffe dans une faena spectaculaire et comprenant de grands échanges sur les deux bords, dans le style caractéristique de la maison. Bajonazo en mode mete y saca puis entière trasera. Oreille puis, alors que la vuelta était réclamée par une grande partie du conclave, le président de course se trompa vraisemblablement de teinte puisque tomba du balcon un deuxième mouchoir blanc …

Miguel Angel Perera s’est assuré une sortie par la grande porte en dépouillant de ses appendices oraux le second de l’envoi « Ironia », un animal très mobile et vibrant dans ses charges après un tiers de pique sans grand style. Faena d’intensité croissante, débutée de la droite et comprenant sur cette rive trois grandes séries, vibrantes et qui trouvèrent un grand écho sur les tendidos. Entrega totale lors d’un final littéralement époustouflant donné dans à peine un mètre carré de terrain sans se mouvoir d’un iota. Entière en place efficace. Deux oreilles incontestables pour le piéton et palmas au toro.

Le torero extremeño eut moins de chance au sorteo avec le quinto « Centurion », superbe negro buracco. Un toro sérieux en tamaño et armé plus que ses frères, qui ne s’employa pas sous le fer en deux rencontres pas plus que dans le leurre d’un important Miguel Angel Perera qui domina les débats avec empaque et décision. Face à un toro violent et âpre le torero de Badajoz fit front avec beaucoup de sang froid et de technique. Labeur méritoire et effort parfois inédit aux yeux du respectable. Demi-lame en conclusion et un grand coup de descabello. Faena brindée au gardien de but espagnol Sergio Rico qui porte les couleurs du Paris-Saint-Germain.

Emilio de Justo, le torero du moment coupa une première oreille du Vegahermosa sorti avec le dossard numéro 3, nommé « Isleño » et salué par quelques bonnes véroniques genou ployé. Deux piques, la première en mettant les reins avant second impact plus anecdotique. Faena solide magistralement débutée en se ployant et donnée en jouant beaucoup de la ceinture ensuite face à un toro mobile et doté d’une bonne corne droite. C’est sur cette rive que le torero de Caceres distilla les meilleurs passages de sa partition suivie de deux tandas gauchères de très bon ton. Final par manoletinas données de trois quart et lame quasi entière au premier essai. Oreille.

C’est ensuite face à l’excellent sixième toro « Salalimpio » que le cacereño frôla la perfection muleta en main après une réception superbe par véroniques et chicuelinas. Après un tiers de piques de correcte facture, Emilio de Justo dédia au défenseur central de l’OM Alvaro Gonzalez une faena tout simplement majestueuse. Devant un toro encasté, le torero extremeño dessina un labeur authentique et subtil, sublimé par d’intenses séries de naturelles. Un véritable faenon, vibrant, beau, à la fois esthétique puissant, doux et dominateur. Seule une lame un poil tombée vint faire baisser légèrement la note, l’astado tardant à se coucher, ce qui déclencha une illégitime division d’opinions avant que le piéton ne soit récompensé d’un pavillon qui en valait deux.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes d’Arles. Feria des Prémices du Riz. Environ 5500 spectateurs. 5 toros de Jandilla et un de Vegahermosa (même maison).

Organisation : LUDI Arles Organisation

Présidence : Mr Geyraud assisté de Mr Hebrard et Mlle Melani.

Poids des toros : 515, 505, 525, 520, 540, 508.

Cavalerie Bonijol. 12 rencontres

Emilio de Justo remplaçait Enrique Ponce après l’annonce de son retrait des pistes.

Vuelta al ruedo posthume accordée à la dépouille du 6eme “Salalimpia” n°42, né en novembre 2016 de 508 kilos.

Salut du banderillero Morenito de Arles au troisième.

Salut du mayoral Angel Perez Trinidad à l’issue de la corrida.

ANTONIO FERRERA : silence et deux oreilles

MIGUEL ANGEL PERERA : deux oreilles et salut au tiers après un avis

EMILIO DE JUSTO : oreille et oreille après avis

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