Le samedi 17 mai 1975, dans une arène pleine à craquer et baignée de soleil, un jeune torero, façonné aux pieds du Mont Margarot, prenait l’alternative sous le regard ému des siens. À 28 ans, Simon Casas réalisait le premier rêve de sa vie d’artiste : il devenait après Felix Robert, Pouly III, Pierre Schull et son ami de toujours Robert Pilès, le cinquième torero français à atteindre le rang de matador de toros.


Vêtu de noir et d’or, il recevait, en échange de sa cape, la muleta et l’épée des mains de son parrain, Ángel Teruel, sous les yeux de Paco Alcalde et face au toro Guantito, de l’élevage Dionisio Rodríguez. Le soir même, Simon Casas mettait un terme à sa carrière de torero. 17 mai 1975, date fondamentale de l’histoire des “Toreros de France”. Le soir même face aux novillos de Matias Bernardo et entouré de Luis Francisco Espla et Antonio Rubio “Macandro”, Christian Montcouquiol “Nimeño II” coupait trois oreilles, et sans sortir par la Porte des Consuls qui n’était pas encore entrée en fonction, signait les débuts tonitruant d’une trajectoire inspirante.

Cinq ans plus tard, Simon Casas façonnait sa première Feria de Pentecôte… Mais cette cinquantième bougie n’est pas la célébration d’un simple souvenir : elle marque le point de départ d’un destin exceptionnel, dont le cœur battant restera Nîmes, pour toujours. Avec Madrid, la grande et majestueuse constamment en ligne de mire…


Simon Casas n’est pas devenu le torero qu’il rêvait d’être, mais il est devenu, à l’ombre des despachos, l’un des plus grands et des plus puissants architectes de la tauromachie contemporaine, animé par une verve inclassable, une passion dévorante, intacte, et une créativité sans cesse renouvelée.
Aujourd’hui, le nom de Simon Casas résonne dans les plus grandes arènes du monde. Madrid, Nîmes, Albacete, Valence… Autant de plazas prestigieuses qui portent, ou ont porté, sa signature : vision, excellence, inventivité.


Il n’est pas exagéré de dire, quelle que soit votre sensibilité taurine, pour ou contre l’homme ou l’entrepreneur grandiose qu’il est, que Simon Casas est devenu l’un des empresarios taurins les plus influents au monde. Par son flair, son audace, une théâtralité exacerbée mais surtout son amour profond pour l’art taurin, il a bâti une carrière hors normes, au service des toreros, des ganaderos, du public — et de la beauté
de la tauromachie. Qu’on le veuille ou non, que l’on aime Simon Casas – l’homme, le professionel – ou non, l’ignorer, pire le réfuter serait refuser de se rendre à l’évidence.
Son parcours est celui d’un homme intensément passionné et passionnant, que l’on condamne avec ferveur mais que l’on contemple avec fascination. Il agace parfois, divise souvent, mais personne ne détourne les yeux ni ne coupe le son. Car il est un grand, un géant. Un artiste capable de lire et de transmettre des émotions, les siennes autant que celles du public, grâce à la subtilité d’un cartel ciselé comme une broderie d’or, où l’excellence se mêle à la grâce incarnée par les toreros qu’il met en lumière.
Son expérience, sa sensibilité rare et son sens du tempo font de lui une figure à part. Genio y figura, dans la langue de Cervantes.


Ce 50e anniversaire de son alternative est l’occasion de saluer une double trajectoire : celle du torero, et celle de l’homme de l’ombre et de lumière, devenu un pilier du toreo mondial.
De Nîmes à Las Ventas, de la piste aux coulisses, Simon Casas incarne une tauromachie vivante, ambitieuse, rayonnante et profondément humaine.


Cinquante années de passion et d’engagement.


Que cet anniversaire soit non seulement un hommage, mais aussi une source d’inspiration pour les générations futures.

Photos archives Robert Ricaulx / Simon Casas / Couverture et Texte Pierrick Charmasson
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