A quelques jours de la première corrida de sa temporada le 28 mai à Alès, le matador de toros nîmois Tibo Garcia, qui vient de rentrer en France après une bénéfique période de préparation de l’autre côté des Pyrénées, a bien voulu m’accorder un entretien dans lequel il évoque son évolution, sur le plan artistique comme mental mais aussi et surtout son ambition et son envie. Tibo est également revenu sans détours sur son alternative triomphale en 2019 et la période de doutes qui s’en est suivie, la crise sanitaire mondiale n’aidant guère ainsi que sur la temporada 2021.

Sol y Sombra : Tout d’abord Tibo comment vas-tu ?

Tibo Garcia : Ça va super, je me sens très bien. Actuellement je suis à côté de Madrid (entretien réalisé avant le retour en France de Tibo ce samedi) où j’ai passé plusieurs semaines pour me préparer. J’ai pu énormément travailler, la technique comme le mental qui est très important. Je me sens dans une dynamique positive, j’ai énormément d’envie et bien entendu je suis impatient de pouvoir faire le paseo à Alès le  28 mai.

SyS : Comment s’est déroulée ta préparation ? Avais-tu des axes de travail privilégiés ?

TG : Je dirais que ma préparation s’est équilibrée en trois points importants : le physique, le mental et la technique. Sans en travailler un plus que l’autre, je n’ai négligé aucun de ses trois axes. Je travaille ces points-là chaque jour de manière à être le plus structuré possible dans ma préparation. Là où je suis actuellement, non loin de Madrid, la région est montagneuse, il y pas mal de relief ce qui permet de travailler le foncier et la respiration. Cela fait du bien de sortir de sa zone de confort. Cela fait du bien au moral, renforce le caractère et décuple l’envie d’être devant les toros.

SyS : Sortir de ta zone de confort, c’est ce dont tu avais besoin ?

TG : Ce qui me manquait le plus en vérité, c’est un peu de maturité. Voir les choses sous un autre angle, apprendre à me relâcher, ne plus me poser de questions. Ces derniers mois j’ai énormément gagné en maturité.  

SyS : Dans l’optique d’Alès qui sera la première date de ta saison, as-tu pu te préparer en conséquence devant du bétail ?

TG : Oui je ne me plains pas car j’ai souvent eu l’occasion ces dernières semaines d’être devant du bétail que ce soit en France, au Portugal comme en Espagne où j’ai pu me rendre chez Valdellan, Prieto de la Cal, Victorino Martin, Virgen Maria, Pahla … A mon retour en France, j’aurais plusieurs fois l’opportunité de tienter et j’espère pouvoir aussi tuer quelques toros en privé afin d’arriver à Alès dans les meilleures conditions possibles.

SyS :Cette corrida d’Alès, comment l’appréhendes-tu ?

TG : Honnêtement, c’est de la pression. De la pression car j’ai beaucoup de choses à montrer et surtout à prouver. Cette course est très importante. Mais à la fois, je me sens très serein car je sais que j’ai beaucoup travaillé, et bien. Ce que j’ai pu mettre en place et ressentir au campo que cela soit devant des vaches ou des toros m’a donné beaucoup de confiance. J’arrive donc confiant. Je sais qu’il viendra le moment où je toucherais un  toro qui me permettra de m’exprimer, d’exploser et de montrer ce dont je suis capable. Je me sens prêt à cela.

(Riscle, 31 juillet 2021, toro de Camino de Santiago)

SyS : Mis à part cette corrida d’Alès, comment se profile la suite de la temporada ?

TG : Justement, la pression dont je parlais tout à l’heure c’est de savoir que cette course d’Alès me permettrai en cas de triomphe de me gagner d’autres courses. Si cela se passe bien, j’aurais plus de facilité a me faire valoir auprès des empresarios. En tout cas, j’arrive sur de moi, de mon toreo et de ce que je souhaite faire ressentir aux aficionados. J’espère que cette corrida d’Alès me permettra d’ouvrir d’autres portes. Pour le moment mon apoderado (Didier Cabanis) et moi avons quelques touches, mais rien de confirmé tant qu’Alès n’est pas passé.

SyS : Quest-ce que tu as envie de faire ressentir aux aficionados ?

TG : J’ai envie tout simplement de démontrer ma personnalité, mon envie, le toreo que je ressens. J’ai beaucoup travaillé sur ma personnalité, essayé de travailler sur certains détails qui me permettront de me démarquer. Je ne veux pas être un torero de plus. J’ai beaucoup d’envie et je suis impatient de pouvoir extérioriser, comme tout artiste, ce que j’ai à l’intérieur de moi. Ce qui est très difficile à faire en ayant un toro en face de soi. C’est à moi de me relâcher. Et je sais que c’est en me relâchant que je pourrais exprimer le mieux ma tauromachie.

SyS : Dirais tu que tu es un torero différent aujourd’hui ?

TG : Complètement différent non ! C’est juste la façon dont je vais pouvoir m’exprimer qui a évoluée. Forcément techniquement, mentalement j’ai évolué, mûri comme torero mais aussi en tant qu’homme, je vois certaines choses différemment. Ma plus grande évolution, comme je disais, c’est de savoir me relâcher davantage, et faire ressentir ma personnalité. Parfois il faut savoir comme perdre le contrôle de soi-même pour s’exprimer, se relâcher complètement devant les toros et transmettre de l’émotion au public. Je suis prêt, c’est mon moment et je ne laisserai pas de place aux doutes.

SyS : Comment juges-tu la temporada passée ?

TG : Ça n’a pas été une grande temporada ! Nous étions dans une saison encore « anormale » du fait de la pandémie, l’osmose et l’ambiance habituelle qu’il peut y avoir autour des corridas était différente de d’habitude, ce fut une saison un peu étrange. Personnellement, cette temporada 2021 ne m’a pas permis d’arriver dans les conditions optimales pour la présente temporada. Il m’a manqué des triomphes. Il y a eu de très bons moments, d’autres un peu moins bon. Ce n’est pas une excuse mais je sortais d’une année sans toréer, cela a été difficile de reprendre le rythme. Comme tout art, la tauromachie a besoin d’être pratiquée régulièrement pour être dans de bonnes conditions.

(Alès, 14 aout 2021, toro de Pagès-Mailhan)

SyS : Avec une alternative triomphale en 2019, pensais-tu avoir mérité davantage sinon de considération, mais de crédit auprès des empresas ?

TG : Je ne vais pas dire que je le pensais. Mais je l’espérais oui. Je pense avoir réalisé quelque chose d’important le jour de mon alternative, en coupant deux oreilles à mon premier toro, aux côtés de deux figuras que sont Sebastien Castella et Emilio de Justo. Forcément, j’espérais par ce triomphe avoir davantage gagné la confiance des organisateurs. Malheureusement l’année qui a suivi mon alternative, est arrivée la pandémie, le confinement. Peut-être que cela n’aurait rien changé, mais je me dis que passer une année sans toréer, rend lointain ce triomphe et que j’ai peut-être été un peu oublié. J’ai eu une alternative rêvée c’est une certitude, mais je ne m’arrête pas à cela en me disant que ce triomphe aurait dû m’apporter trois, quatre ou cinq corridas de plus. J’avance, je progresse, sans me reposer sur mes acquis. Alès sera une belle opportunité de démontrer ce que j’ai en moi et relancer la machine. Après bien sûr, comme tous, j’espère pouvoir toréer le maximum de corridas. Toréer à Arles, confirmer à Nîmes où je suis né. Il faudra convaincre à Alès et je suis prêt à cela.

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Samedi 28 mai à 17h30, 6 toros de Cuillé pour Alberto Lamelas, Esau Fernandez et Tibo Garcia.

Pour réserver => 06.27.60.77.70 // www.ales.fr // temperasalescevennes@gmail.com

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