La tauromachie depuis qu’elle existe a toujours connu des après-midi agités, voire très agités. Celle de cette dernière corrida de la feria de Vic 2022 peut aisément entrer dans cette catégorie tant elle fut d’une confusion extrême. On pouvait pourtant espérer autre chose avec une personne comme Bernard Cisse au palco, les toros de Escolar Gil et trois toreros rompus à ce type de rencontre. Il n’a n’en a rien été et tout a fonctionné à l’envers.
Déjà le matin durant le sorteo, les choses avait duré plus longtemps que d’habitude et les discussions étaient allées bon train entre les cuadrillas, le mayoral et les membres de la commission.
L’après-midi, avec le premier toro les choses avaient plutôt bien commencé. Face à un magnifique exemplaire applaudi lors de son apparition en piste. Lopez Chaves dessina une faena très templée face à un très bon adversaire de grande noblesse. Profitant de la suavité du toro sur les deux cornes, le torero de Salamanca justifié totalement son engagement en remplacement de Gomez del Pilar. Son toro s’étant blessé à la patte avant gauche, le torero dut abréger en un pinchazo et une entière.
Son second opposant, magnifique aussi, enmorillado, paraissait avoir un problème à l’œil droit. Il sema la panique au capote. Tant les banderilleros que le torero ne trouvèrent pas de solution. Littéralement « assassiné », lors des deux premières piques, il reçut un troisième châtiment puis un quatrième après les clarines. Visiblement le picador avait un compte à régler. Avec qui ? Nous n’avons pas la réponse. Toujours est-il que des bouteilles arrivèrent des tendidos et que le picador se fit réprimander à fort juste titre par les alguazils et Alain Lartigue. Banderilles en mains, la cuadrilla multiplia les passages à faux. Bref la colère grondait fortement sur les tendidos. C’était la panique totale et de faena il n’y eut pas. Lopez Chaves se défit de son opposant d’un pinchazo, d’une demi et d’une entière. Division pour le torero, sifflets pour le toro.

Le second toro de la course tardant à sortir, il est remplaçé sans qu’aucune annonce n’en informe le public par le second du matador de turno, à savoir Octavio Chacon. L’animal est soso, le torero desconfiado et la faena ne parvient pas au plublic. Face au cinquième (premier sobrero) Chacon ne peut faire quoi que ce soit. Le toro n’a pas une passe et l’andalou s’en défait d’une entière atravesada et six descabellos.

Sergio Serrano complétait le cartel. Son premier adversaire ne s’emploie pas à la pique et le second tercio est catastrophique. Qu’a-t’il pris au torero de brinder sa faena au Fundi, présent dans le callejon ?? Le toro n’a aucune transmission et le torero aucune confiance. Il parviendra à tirer deux séries de naturelles et c’est tout. Deux tiers d’épée suivis d’un échec au descabello. En présence du dernier de la feria, Serrano est inédit au capote. Le toro est piqué très fort en deux occasions et banderillé comme le reste de ses congénères, c’est-à-dire mal et n’importe comment. Mais il se laisse toréer. Serrano essaie de s’appliquer et signe une faenita sans convaincre le conclave mais pourtant applaudie. Il achève son travail par une entière et écoute le silence.

Et ainsi s’est terminée une feria au cours de laquelle aucune oreille n’a été coupée. Heureusement qu’il y a eu la corrida de Baltasar Iban. Mais ça fait tout de même un bilan très, très maigre.
Texte Rolland Agnel // Photos Isabelle Dupin
FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA
Arènes Joseph-Fourniol, Vic-Fezensac. Feria de Pentecôte 2022. 2/3 d’arène, 6 toros de Don José Escolar Gil magnifiques de présentation mais de jeu très décevant.
Le n° 28, « Colegial » né en septembre 2016, Cárdeno bragado meano initialement prévu pour sortir en seconde position n’est pas sorti. Le 1er sobrero est sorti en cinquième position, le second sobrero est sorti en quatrième position.
Présidence: Bernard Cisse
Cavalerie Bonijol.
DOMINGO LOPEZ CHAVES (remplaçant Gomez del Pilar non remis de sa blessure de Madrid) : Lie de vin et or : Vuelta après légère pétition et division
OCTAVIO CHACÓN: Vert pomme et or : Silence et silence
SERGIO SERRANO: Moutarde et or soutaché de blanc : silence et silence.
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