A quelques jours de sa présentation dans le sud-est de la France, pour la novillada de la Romeria à Mauguio, le novillero français Tristan Barroso a eu la gentillesse de m’accorder un entretien dans lequel il évoque justement cette présentation en terre melgorienne, son quotidien, son excellent début de temporada avec des prestations remarquées à Madrid et Séville et son alternative XXl du 16 aout prochain à Dax…

(En bas de page, retrouvez la présentation en vidéos des novillos de la novillada de la Romeria)

D’abord, peux-tu nous dire qui es-tu ? On entend de tout sur tes origines ! Français, Espagnol, Franco-Espagnol ! Peux-tu nous éclairer ?

Je suis né à Madrid, mais j’ai vécu toute mon enfance et le début de mon adolescence en France, jusqu’à l’âge de 13 ans. Ma grand-mère est française et aujourd’hui même si je ne vis plus en France je me sens autant français qu’espagnol !

Quel a été ton cheminement ? Ce qui t’as poussé à te lancer dans une carrière de torero ?

J’allais aux toros avec ma grand-mère, qui est française. C’est elle qui m’y a initié. Mais je crois qu’être torero était quelque chose d’inévitable, j’ai toujours eu cela en moi depuis tout petit. Dès l’âge de 5 ou 6 ans, je savais déjà que je voulais être torero. Puis j’ai commencé à l’âge de 8 ans à l’école du maestro Richard Millian pendant 5 ans puis je suis parti à 13 ans rejoindre l’école taurine de Badajoz. J’ai connu une belle trajectoire en novillada sans picadors puis, pour mon passage en piquée j’ai pris pour apoderado Carlos Zuñiga padre. Aujourd’hui je vis à Palencia, près de mon apoderado et de ma cuadrilla qui est majoritairement basée là-bas.

Tu es aujourd’hui novillero avec picadors. As-tu poursuivi tes études ou t’es-tu pleinement dédié à la tauromachie ?

 Non, aujourd’hui je vis à 100% en torero. Je me dédie pleinement au toreo. C’est une profession à part entière, très dure, exigeante qui nécessite d’avoir les idées claires. Je ne vis que pour la tauromachie !

Tu sors de deux grosses prestations à Séville et Madrid. Comment tu te sens en ce début de temporada ?

C’est un début de temporada très important ! Madrid, çà été une après-midi très jolie. J’ai eu une préparation hivernale très intense après une première temporada avec picadors de plus d’une vingtaine de novilladas. J’avais hâte de découvrir cette arène et je m’y suis senti très a gusto. J’ai pu faire une vuelta après forte pétition devant mon premier novillo puis couper une grosse oreille au deuxième. A Séville, malgré une pétition unanime, le président m’a refusé l’oreille mais je ne tire évidemment que du positif de ces deux belles après-midis qui constituent un très gros début de saison.

Tu vas te présenter à Mauguio dimanche, une première dans le sud-est. Comment expliques-tu que cela ne se soit pas produit avant ?

J’ai très hâte d’y être. D’abord parce que je me sens super bien et surtout parce que c’est une partie de mon pays que je ne connais pas. Je ne saurais pas t’expliquer pourquoi cette présentation arrive aussi tard. Evidemment j’aurais bien aimé que cela se produise avant mais je suis quelqu’un qui pense que chaque chose arrive en son moment. Le sud-est est une zone très importante car il y a beaucoup d’arènes et beaucoup de bons toreros. Je vais tout faire pour mettre tout le monde d’accord.

Il y aura des élevages que tu as peu combattu jusqu’alors. Toi qui t’es majoritairement formé du côté espagnol, quel regard portes-tu sur le ganado français ?

Je n’ai jamais toréé de bétail des six ganaderias annoncées à Mauguio ! Mais je m’y suis intéressé de près, à travers ce que l’on a pu m’en dire ou des vidéos que j’ai pu voir. Je crois que ce sont six ganaderias importantes sur le plan français, des ganaderos qui travaillent très bien. Je suis très fier et très motivé d’être à Mauguio face à ces six élevages français et je pense que le public de cette belle arène peut-être un public qui me correspond. C’est très bien, et très important d’accorder beaucoup de confiance aux ganaderos français car on l’a vu par exemple à Madrid avec les Margé, nos élevages se portent bien !

Dans quelques semaines, tu vas prendre l’alternative dans un cartel XXL (avec Sebastien Castella et Andres Roca Rey). Comment te sens-tu ?

Ce serait mentir de te dire que je n’y pense pas beaucoup… Mais je suis d’une nature à faire les choses dans l’ordre et le prochain rendez-vous c’est Mauguio et je m’y prépare consciencieusement. J’ai toujours voulu que mon alternative se passe en France dans mon pays et j’ai la chance de pouvoir la prendre à Dax, la ville d’où est originaire ma grand-mère et une arène que j’adore. Et puis ce cartel ! Ce sont mes idoles. C’est de ce type d’affiche dont j’ai rêvé depuis gamin. Maintenant j’ai hâte de montrer que je pourrai partager beaucoup d’après-midi avec ces immenses figuras et je vais tout faire pour y parvenir.

Tu prends l’alternative relativement tôt compte tenu de ta trajectoire freinée en 2023 par une blessure importante. Est-ce que c’était un objectif de la prendre cette année ou bien une opportunité que tu as saisi ?

C’est vrai qu’il y a une certaine époque, les toreros prenaient l’alternative en ayant toréé 60,70 novilladas. La réalité c’est qu’à l’heure actuelle il y a moins de novilladas. Mais je crois que j’ai la chance aujourd’hui de voir clairement les choses et surtout j’ai la certitude d’avoir des choses à dire, alors autant les dire quand on se sent les moyens de pouvoir le faire. Il y a une citation taurine qui dit « pronto y en la mano ». En fin de temporada dernière, mon apoderado a reçu beaucoup de propositions pour prendre l’alternative. Nous les avons étudiées ensemble et rapidement, la prendre à Dax fut une évidence tant j’ai d’affection pour ses arènes. C’est un évènement. De prendre l’alternative à 19 ans dans un tel cartel, cela va être un joli moment.

Les toreros en général sont très critiques et très exigeants envers eux-mêmes. Y a-t-il un point sur lequel tu attaches une importance particulière ?

Je me répète mais je vois les choses très clairement ! Je m’entraine tous les jours, très dur, car j’aime ça. Dédier corps et âme au toreo. Tous les aspects de ma tauromachie sont importants, je ne néglige rien ! Dans cette profession, bien sûr tu peux t’améliorer chaque jour un peu plus, mais il y a une chose fondamentale : être né pour cela ! Que dieu t’ai donné cette bénédiction, ce don. Et moi je crois que je suis né torero ! Toréer c’est ce que j’aime le plus au monde, c’est ce qui me rend heureux et comme je le répète, j’ai beaucoup de choses à dire.

Qui sont tes modèles et pourquoi ?

En vérité, j’aime observer et apprendre de chaque matador, chaque novillero qui puisse m’apporter quelque chose en tant que torero même si je pense avoir un charisme déjà très marqué. Mais je dirais que je m’identifie beaucoup aux toreros du passé comme Manzanares padre, Joselito, Julio Robles. J’admire leur façon d’interpréter le toreo avec cette touche de romantisme qu’il ne faut surtout pas perdre !

En dehors des toros, qu’est-ce qui te permet de décompresser, de prendre du recul. As-tu d’autres passions ?

Le fait de vivre seul, loin des miens, d’être parti très jeune du cocon familial fait que j’aime énormément et que je privilégie beaucoup le temps que je vais pouvoir passer auprès de ma famille. Sinon j’aime bien être tranquille, solitaire, beaucoup penser. Mais sinon j’aime aussi beaucoup faire du sport, comme le vélo, et toujours me dépasser.

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