Cette deuxième journée de la Feria de Béziers 2021 se déroulait sous une chaleur écrasante. Température ressentie 38°C à l’ombre. Du feu qui tombait du ciel ce qui a peut-être refroidit certains aficionados à faire le déplacement puisque seulement 4000 spectateurs (environ et généreusement) avaient pris place sur les travées. Pourtant, sur le papier, l’affiche du jour était des plus alléchantes car celle-ci rassemblait deux des toreros les plus en vue du moment que sont Daniel Luque et Emilio de Justo qui entouraient l’arlésien Juan Leal que beaucoup s’accordent a positionner comme le numéro 1 français actuel.

Pour ce deuxième rendez-vous, le trio empresarial local avait misé sur du bétail de Torrealta dont l’origine Torrestrella laissaient espérer de l’émotion engendrée par des toros qui habituellement bougent et transmettent … Il n’en fut rien ou presque. L’envoi s’avéra majoritairement décasté, juste de forces, et n’occasionnèrent aucune gêne notable au groupe équestre de la maison Heyral. Meilleur le 1er, aux nobles charges, classe et « repetidor » face au leurre. Chez les piétons, Daniel Luque coupa l’oreille de la plénitude et de la maitrise, Juan Leal celle du courage. Emilio de Justo fit un effort notable et global face à ses deux opposants qui n’étaient pas les partenaires idoines.

Daniel Luque ouvrait la séance devant « Raposo », un castaño claro  qui poussa peu lors des deux rencontres avec la cavalerie. Emilio de Justo se signala sur un quite par chicuelinas ajustées avant réplique dans le même registre de Daniel Luque qui fit admirer sa maitrise de la cape. De maitrise il fut question tout au long de la faena de l’andalou qui l’initia brillamment par statuaires sans se mouvoir d’un pouce. Noble, le Torrealta chargeait de loin et démontrait pas mal de classe dans l’etoffe d’un Luque dans sa plénitude et qui toréa avec une facilité déconcertante, notamment à droite. A gauche l’affaire fut plus décousue, sur une corne moins propice au succès. Retour à droite pour quelques échanges de belle note avant final par le bas tout en maitrise. Le torero de Gerena logea une entière trasera qui tarda à faire son effet et qui obligea le garçon à user du descabello par deux fois. Oreille et applaudissements à l’arrastre pour le Torrealta dont on ne se doutait pas qu’il serait le meilleur de l’envoi …

Le cuarto « Lebrero », armé et astifino, abanto de salida, fut amené à deux reprises vers le lancier de service pour une première dose prise sans s’employer avant picotazo pour le règlement. Dans le dernier tiers l’astado se montra violent lors du peu de charges qu’il conceda. Un manso, tardito auquel Daniel Luque opposa une technique sure avant d’aller chercher les instruments létaux pour une flopée de pinchazos. Idem avec le descabello.

Emilio de Justo déplia sa cape pour quelques capotazos notables donnés genou ployé face au second « Sereno », puis véroniques pieds joints avant de guider le fauve vers la pièce montée. Deux piques sans style et une mise en suerte bâclée avant le second voyage. Après cette épreuve succinte, Juan Leal s’invita au quite, par tafalleras puis saltilleras. Entame muletera suave, en se ployant avant de signer une superbe tanda droitière avec changement de main poderoso. L’ensemble baissa rapidement de ton, l’animal déclinant et rendant la partie plus hachée car coupant subitement ses charges. Le torero de Caceres est à créditer d’un effort notable pour tenter de convaincre mais l’ensemble manqua cruellement d’émotions fortes. Conclusion par entière basse. Pétition d’oreille non suivie d’effet et à juste titre.

Le quinto « Trajenuevo », au format plus modeste que ses frères, passa sans peine mais surtout sans gloire l’épreuve des piques pour deux rencontres anecdotiques. Après un quite par chicuelinas ajustées du cacereño, l’arlésien Juan Leal s’y invita lui aussi pour quelques gaoneras très serrées. Emilio de Justo brinda à Sebastien Castella une faena bien débutée en gagnant le centre et poursuivie par deux tandas droitières de bon ton. Le Torrealta dépourvu de caste, se montra compliqué et court de charge. De ce fait comment le président de course a-t-il pu se laisser aller à octroyer la musique ?Le passage gaucher ne fut pas des plus reluisants, De Justo se passant assez loin l’astado, chose inhabituelle chez le garçon. Preuve s’il en fallait une du peu de confiance placée en ce toro dont la flamme s’éteignait rapidement. Une lame entière, trasera et légèrement tombée mis fin à la vie publique du fade bicho.

Juan Leal qui a connu dans ces arènes quelques-uns de ses plus beaux succès revenait gonfler à bloc sur le Plateau de Valras. Le français resta inédit cape en main face au troisième « Aragones », bien piqué lors de la première rencontre avant deuxième ration pour faire le nombre. Entame tonitruante muleta en main, par cambio por la espalda de rodillas avant bonne tanda sur la diestra. Face à un toro noblon, juste de forces et de classe, le torero arlésien signa quelques notables échanges à droite avant de promptement raccourcir les distances. Dans ce registre-là, Juan Leal excelle et même si cela n’est pas ma tasse de thé, force est de constater que le public biterrois répondit favorablement aux avances du garçon. L’ensemble résulta toutefois pauvre en émotions. Conclusion par un spectaculaire volapié, pour une lame logée jusqu’à la garde et d’effet rapide qui justifiait l’octroi d’un pavillon.

L’ultime « Gordillo », certainement le toro le plus harmonieux de l’envoi poussa longuement face à un Tito Sandoval adroit, lors de la première rencontre avant une deuxième dose sans véritable style. Brindis au public et entame de bon ton en tentant de gagner le centre. Ce que ne voulait pas l’astado qui fut lidier dans le terrain des tablas. Un animal peu animé par la caste et manquant de moteur. Juan Leal dessina sur les deux rives quelques échanges valeureux. L’orchestre fut invité à s’exercer, à contre-courant d’une faena manquant d’émotions vives. De nouveau l’arlésien opta rapidement pour un combat quasiment au corps à corps avec adornos, dosentinas et redondos. Avec un public acquis à sa cause, le garçon aurait pu prétendre à un glaner un nouveau trophée sans un maniement délicat de l’estoc. Une kyrielle de pinchazos avant entière létale.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes du Plateau de Valras, Béziers. Vendredi 13 aout 2021. Environ 3500 spectateurs ( Jauge à 8500). Chaleur caniculaire. 6 toros de Torrealta.

Organisation: Société Bettara

Présidence : Mr Daudet

Poids des toros : 510, 500, 505, 530, 490 et 535.

Cavalerie Heyral. 12 rencontres.

DANIEL LUQUE (vert et or) : oreille et silence

EMILIO DE JUSTO (rouge et or) : vuelta et silence

JUAN LEAL (sang de toro et or) : oreille et silence

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