Julian Lopez “El Juli” a ouvert ce mercredi soir, et pour la septième fois de sa carrière, la Porte du Prince de la Real Maestranza de Séville. Plus que tout autre torero. Loin d’être la plus méritée de toute, cette grande porte, le diestro madrilène la doit à une présidence particulièrement généreuse dans l’octroi du second pavillon au premier et de la troisième oreille accordée à la façon peu orthodoxe de porter l’estocade, de surcroit après un premier pinchazo. Mais ce succès, le torero de Velilla le doit surtout à lui même car si Séville semble avoir perdu le Nord et sa rigueur, El Juli lui, en immense figura de son rang n’est pas passé à côté de son après-midi, la preuve que le madrilène peut encore quand il le veut, mettre le bleu de chauffe.

Le diestro madrilène, à l’occasion de son 49eme paseo sur le sable ocre de la Maestranza à d’abord proposé une faena de grand son, face au noble premier de Domingo Hernandez, de tout juste quatre ans. Un animal qui chargea sans véracité aucune dans la muleta poderosa d’un Juli sublime “al natural” sur la rive gauche pour le point culminant de sa faena. El Juli s’est parfaitement et très rapidement fait maitre de la situation devant un animal dont le fer, et sur plusieurs générations, n’a plus aucun secret pour lui. Étonnamment doux, et avec une ceinture huilée rappelant ses plus grandes années, le madrilène donnait donc le coup d’envoi de la tarde par une œuvre majeure. Estocade d’exécution maison et portée en arrière, qui aurait du limiter la récompense en un pavillon ô combien mérité… Mais à Séville, comme ailleurs, on marche sur la tête…

Boosté par cette double récompense, El Juli entreprit le quatrième avec autant d’ambitions. Un animal qui fit illusion lors de la première pique mais qui rapidement rendit les armes ensuite. Devant un toro aussi noble que noir fut son pelage, juste de force à la limite de la “babosa” El Juli proposa une nouvelle faena tout en dominio, compensant par son entrega retrouvée, le manque de chispa de son opposant. Faena majoritairement droitière conclue par un pinchazo puis estocodon en mode “Julipié”. Oreille réclamée, mais ô combien généreuse et contestable.

Jose Maria Manzanares, n’est pas vraiment parvenu à s’exprimer devant son premier de Domingo Hernandez, noble et doté d’une classe non négligeable que l’alicantin eut du mal à mettre à son bénéfice. Faena de hauts et de bas, majoritaire à droite et mal conclue avec les aciers.

La conclusion fut toute autre devant le quinto. Un estoconazo d’école valant à lui seule l’oreille fortement réclamée et assez justement octroyée, compte-tenu du reste, après une faena diversement accueillie et marquée par la volonté de l’alicantin, qui trouva la formule idoine à mi-parcours face à un toro de bon fond de caste que Manzanares toréa avec décision et empaque sur la rive droite.

Pablo Aguado eut toute les peines du monde à faire charger le manso troisième, freinant des quatre fers à chaque tentative de ligazon. Quelques muletazos isolés de bonne note. Sans guère plus.

Magistral et délicat salut capotera, par véroniques subtilement templées, pieds rivés sur le sable devant l’ultime toro de la soirée. Ce fut à peu près tout ce qu’il y eut de notable dans le dernier chapitre de cette huitième corrida de la Feria. La faute à un Garcigrande, manso et décasté comme la majorité de ses frères et avec la fâcheuse tendance à lorgner vers le terrain des tablas. Aguado distilla quelques mouvements allurés sur le voyage, sans que la mayonnaise ne prenne. Faute de grives…

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Plaza de Toros de la Real Maestranza de Séville. Feria de Abril. No Hay Billetes. 3 toros de Domingo Hernandez (1,2 et 6) et 3 de Garcigrande.

EL JULI: deux oreilles et oreille

JOSE MARIA MANZANARES: silence et oreille

PABLO AGUADO: silence et silence

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