La Feria des Vendanges édition 2022 s’est ouverte ce vendredi soir devant une chambrée garnissant les travées du vaisseau romain d’un bon tiers, sous un ciel changeant, nuageux à ensoleillé en alternance, fraicheur tombante à partir du quatrième toro.

Une corrida au résultat mi-figue mi-raisin, de par l’opposition proposée par les toros de Margé, bien présentés, armés sans excès, plus imposante en gabarit la première partie. La majorité déploya peu de caractère lors de l’épreuve des piques, le premier étant le plus investi bien que poussant par à-coups et avec plus de mansedumbre que de bravoure. Brusques et dissuasifs les 1, 4 et 5, âpre et très exigeant le 6, meilleurs pour le toreo les 2 et 3, primés tous deux de vueltas posthume allant de généreuse à excessive. Présidence à la nîmoise.

Cette corrida d’ouverture a été celle des toreros nîmois Adrien Salenc et surtout El Rafi qui est sorti en triomphe par la Porte des Cuadrillas pour avoir coupé les deux oreilles de son premier adversaire. Un plaisir de voir un Rafi dans cette forme-là, après une temporada (pour moi) poussive. Car lorsqu’il croit en lui et qu’il se fait pleinement confiance, le torero local est capable de composer, comme aujourd’hui avec un plaisir non dissimulé, en se relâchant, toréant avec profondeur, un style très affirmé et pas mal de sentiments, comme ce fut le cas ce vendredi devant son premier. Son compatriote, Adrien Salenc m’impressionne par la qualité qui est la sienne de « savoir faire » avec tous types de toros, en faisant preuve d’un bagage technique très au-dessus de la norme si l’on tient compte que le garçon boucle à peine sa quatrième année d’alternative. Faire charger le très défensif quinto par exemple été un véritable aboutissement de pundonor. Au « bal des vilaines », Léo Valadez avait hérité du gros lot, tant ses deux adversaires ne lui ont pas permis de s’exprimer…

Le mexicain Léo Valadez ouvrait cette Feria de Pentecôte devant « Celtis » un colorado chorreado bien roulé qui s’employa par alternance dans le matelas en deux rencontres bien captées par Jesus Garcia. Quite par chicuelinas et tafalleras avant réponse d’Adrien Salenc, la cape en tablier. Face à un toro flojo, évoluant en mode stoppeur et avisé du chef, le torero d’Aguascalientes fut un effort méritoire sans parvenir à lier. Épée en place au deuxième voyage.

L’hidrocalido ne fut guère mieux servi par son second « Longanié », cinq ans révolus, décomposé sous le fer puis dans le dernier tiers, s’y révélant tardo et violent. Devant le peu d’options, Valadez abrégea sans que le conclave ne le boude. Entière puis trois coups de descabello.

Adrien Salenc revenait à Nîmes après son triomphe de l’an passé devant « Fragon », un sardo bien roulé salué d’un impeccable maniement de la percale. Deux piques, sans véritable style. Le nîmois dédia aux travées une faena bien débutée de la droite en conduisant le fauve mufle en bas vers le centre. Un toro brave, aux charges vibrantes, admirablement conduit par Adrien Salenc qui permit au toro des Monteilles de se grandir au fil du combat et de s’y exprimer avec beaucoup de classe, notamment sur l’aile droite. Labeur tout en maitrise conclu comme il se devait d’une lame en place. Oreille pour le garçon et vuelta, généreuse pour le Margé.

Son second « Ebeine » été fait d’un autre bois. Salué par deux largas afaroladas de rodillas, le Margé fut conduit vers le groupe équestre pour deux rencontres de peu d’impact. Entame par doblones avant alternance de mouvements inégaux sur les deux ailes face à un toro tardo et au parcours limité. Avec son panache et sa détermination, Adrien Salenc parvint tout de même a extirper plusieurs échanges valant la mention notamment à gauche. Conclusion délicate par mete y saca, pinchazo puis entière.

El Rafi, secrètement, jouait gros lorsque déboula sur le ruedo nîmois « Caprié », cinq ans passés et bien roulé que le nîmois salua d’un capoteo inégal. Inédit aux piques avec deux rencontres furtives dont le bicho sortit seul. Quite ajusté de Léo Valadez par chicuelinas et tafalleras puis réplique du local sur le terrain du mexicain par zapopinas bien exécutées. Excellent Rafael Viotti aux banderilles qui aurait mérité, selon moi, de saluer. El Rafi, après avoir brindé son combat aux siens, démontra toute son envie sur une entame vibrante par rodillazos au centre. Malgré un toro manso con casta mais spectaculaire dans ses arrancadas, le torero nîmois dessina plusieurs séquences de très bonne note sur la rive droite, se mettant le public dans la cañasta. Dès lors, El Rafi relâcha les épaules et laissa couler la main pour plusieurs séquences bien léchées, sublimées par le tracé d’une poignée de naturelles très marquées. Émotions et sentiments pour un trasteo intense, conclu d’une lame d’à peine deux doigts en arrière. Deux oreilles, méritées et vuelta al ruedo lunaire au toro.

Son deuxième adversaire « Caroubié », astifino, âgé lui aussi de cinq ans, passa l’épreuve des piques sans peine ni gloire. Brindis à Gilles et Mathieu Vangelisti précédant une faena rendue abrupte par un manso exigeant et aux charges sournoises. Le nîmois tenta de se justifier malgré les difficultés très palpable et liquida l’impétrant d’une lame en place.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes de Nîmes. Feria de Pentecôte. Ciel voilé, brise légère . 1/3 d’arène. 6 Toros de Robert et Olivier Margé.

Présidence : Mr Valade assisté de MM Pouillard et Viallet

Poids des toros : 540, 527, 545, 530, 515, 525.

Cavalerie Heyral. 12 rencontres

Le torero Léo Valadez a confirmé l’alternative devant le toro “Celtis”, chorreado n°156 né en Mars 2017 de 540 kilos.

Vuelta al ruedo posthume au 2eme “Fragon” n°26, sardo, né en mars 2018 de 527 kilos et au 3eme “Caprié” n°14, negro bragado castaño, né en février 2017 de 545 kilos.

LEO VALADEZ (bleu canard et or) : salut et silence

ADRIEN SALENC (brume azur et or) : oreille et salut

EL RAFI (flamant rose et or) : deux oreilles après avis et silence

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