Avec trois oreilles chacun dans les bagages, Adrien Salenc et El Rafi sont sortis à hombros des arènes du Palio. Mais il ne faut pas prendre pour argent comptant le résultat numérique, galvaudé par une présidence abondante dans l’octroi des trophées. Une corrida qui n’a pas tenu toutes ses promesses, loin s’en faut, la première déception venant de la fréquentation de la plaza provençale, seulement garnie de moitié malgré l’intérêt de l’affiche proposée. Déception également venant du lot de Fernay. Un envoi bien roulé, charpenté pour certains, fin pour d’autres (3 et 4) mais aux armures très inégales, allant de commodes à très limite dans une arène de cette catégorie, notamment les 1 et 6. L’ensemble s’avéra particulièrement fade à l’épreuve des piques puis manqua, dans l’ensemble de race dans le dernier tiers. Meilleurs pour le toreo les 1, 2 et 6.

Dans le duel qui l’opposait à son compatriote, Adrien Salenc s’est démarqué par une envie continuelle, son panache et son abnégation et quitte le Palio avec le titre de triomphateur, couvert de la cape de paseo œuvre de la Maestra Nati. Le nîmois fut celui qui afficha le plus l’esprit de competencia que devrait engendrer un mano a mano et poussa son compañero, à s’investir davantage au dernier après s’être montré étrangement timide lors de ses deux premiers combats.

Adrien Salenc avait ouvert son compteur devant le premier de l’envoi, lourd et cornicorto, salué dans la poussière par un bon maniement de la cape. Torero tout terrain, Adrien Salenc fait partie de ses rares matadors capables d’affronter tous types de toros et le démontra devant un animal noble, mais juste de forces, embarqué dans plusieurs séquences de bon ton avant une conclusion par lame entière. Son second, faiblard et sur la défensive dès son entrée en piste fut piqué à l’économie et manqua cruellement de poder face à la muleta du français, débordant d’envie mais qui ne trouva pas l’ouverture faute de matière première. Adrien Salenc réveilla ensuite l’assemblée, tombée quelque peu en léthargie, en se chargeant du tercio de banderilles puis s’engageant avec une totale implication devant un toro terne, chargeant à mi-hauteur, à la classe limitée. Une faena irrégulière mais à l’intensité finalement croissante conclue par une lame légèrement tombée faisant choir du balcon présidentiel deux mouchoirs, généreux le second.

El Rafi a eu toutes les peines du monde à rentrer dans le match. Le nîmois sembla bien peu en confiance malgré une première oreille, généreuse, glanée devant le premier de son lot que le nîmois salua par de bonnes véroniques. Brillant sur un quite par zapopinas, le torero nîmois échafauda une faena comprenant plusieurs séquences de bon ton accompagné musicalement par « Caridad del Guadalquivir », mais qui alla rapidement a menos, toro et torero pêchant à l’unisson par manque de transmission. Son second porteur du dossard numéro 4, distrait, brutal et peu piqué désarçonna quelque peu le garçon, peu en confiance et qui ne sut jamais remonter le cours des choses. Piqué au vif par le succès acquis de son compatriote, le torero nîmois sembla avoir un tardif sursaut d’orgueil devant l’ultime, peu armé, accueilli par plusieurs largas agenouillées. Banderilles en main, El Rafi se signala par trois paires correctes avant de signer devant le toro le plus agréable pour le toreo et noble, une faena bien ficelée allant de mas a menos, comme les facultés physiques et morale de l’astado. Pinchazo puis entière longue d’effet, qui n’empêcha pourtant pas le palco d’ordonner la coupe de deux pavillons très généreux.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes du Palio, Istres. Feria 2022. Corrida de la Maestra Nati. Grand soleil, vent léger. Demi-arène. 6 toros de Fernay y sus hijas.

Présidence : Mr Chaulier

Poids des toros : 502, 495, 505, 475, 485, 480.

Cavalerie Bonijol. 7 piques.

Le matador de toros El Rafi se présentait au Palio.

Sobresaliente : Jeremi Banti

ADRIEN SALENC (violet et or) : oreille, saluts après avis et deux oreilles

EL RAFI (bleu de l’etang de Berre et or) : oreille, silence et deux oreilles après avis.

Share This