Entré dans la peau de l’outsider, tête découverte au paséo de cette deuxième corrida de la Feria, Carlos Olsina en est sorti 2h30 plus tard en matador de toros, et triomphateur d’une intéressante corrida de Jandilla dont le torricantano a coupé les deux oreilles de l’ultime, marqué du fer de Vegahermosa.
Un lot de toros bien présenté, haut pour la plupart, correctement armé et sans excès de kilos, astifino le 6eme. Tous furent discrètement investis lors de l’épreuve des piques, recevant le plus souvent une maigre ration de ferraille, seul le premier fut piqué à deux reprises. L’ensemble offrit ensuite de nombreuses possibilités de triomphe, avec de la noblesse pour la majorité, de la bravoure pour les 4 et 6 et de la classe pour les 3, 4 et 5eme. Mais c’était sans compter sur la malchance, ou la maladresse chronique des trois toreros du jour épées en mains et qui y laissèrent un voyage d’oreilles. Une corrida qui s’est déroulée sous le soleil et une chaleur cette fois supportable et soutenue par quelques « rafalettes » bienvenues, sous les yeux d’un public remplissant quasiment en plein l’enceinte provençale.
Carlos Olsina fut donc sacré matador de toros, 71eme français de l’histoire, à 18h22 devant le toro “Guerrero” venu remplacer au pied levé le titulaire qui un peu plus tôt fut renvoyé aux corrales pour s’être brisé le pitón droit. Le torero de Béziers brinda par des paroles très touchantes, le toro de la cérémonie a sa famille. Le néo matador signa ensuite une agréable faena, débutée par de suaves doblones et poursuivie de la droite pour plusieurs tandas de belle note. Carlos Olsina profita des charges idoines du bon Jandilla, noble et mobile dans un trasteo régulier, supérieur en tracé à droite. Passage gaucher moins probant avant final par manoletinas. Conclusion par lame entière, très en arrière puis trois coups de descabello venant priver le garçon d’un trophée qui lui tendait les bras. Ovation.
Bien décidé à faire sienne cette journée, le néo matador de toros mis la plaza debout sur une réception bouillante par trois largas afaroladas de rodillas, puis capoteo à l’énergie et conclusion par une nouvelle larga. Piqué une seule fois, l’astado arriva très mobile dans la muleta du protégé de Swan Soto, qui embarqua le fauve dans une faena intense, marquée par l’entrega et l’envie du biterrois qui distilla plusieurs séquences bien ficelées. Trasteo supérieur en tracé sur la rive gauche précédant un final par circulaires, terrains raccourcis avant qu’une lame portée en toute sincérité et légèrement tombée ne fasse vaciller le Vegahermosa. Deux oreilles.

José María Manzanares, délivra face à son premier de superbes véroniques de réception très coulées avant de confier l’astado à Paco María pour une seule rencontre en mode économie. Après quelques séquences qui invitèrent l’orchestre à s’exercer, notamment droite, le Jandilla se dégonfla devant la muleta un peu trop autoritaire de l’alicantin qui sécha une première fois avec la rapière avant espadazo.
L’affaire fut nettement plus brillante devant le porteur du dossard numéro 4 qui dans un premier temps faussa compagnie à l’ensemble des piétons pour foncer vers le groupe équestre pour une pique minimaliste. Un animal qui se révéla ensuite exigeant, demandant une lidia a mi-hauteur, dans la muleta poderosa de Manzanares qui dès lors qu’il prit la mesure de l’astado, proposa une faena précieuse, marquée par la classe naturelle du torero d’Alicante. Avec patience, l’alicantin fit basculer son œuvre du bon côté, embarquant avec lui un public tout acquis et prêt lui offrir un triomphe. Hélas, médiocre avec les aciers en trois tentative et une demi-lame, Jose Maria Manzanares vit le Jandilla être applaudit et évacué avec ses oreilles.

Paco Ureña salua la venue du troisième, un jabonero sucio, par quelques bonnes véroniques avant que le Jandilla ne reçoive une ration bien maigre de ferraille sur l’unique rencontre. Un toro qui se montra en revanche particulièrement noble face à la muleta du murciano qui instrumenta une faena brindée à Bernard Marsella, bien débutée en se ployant puis poursuivie par plusieurs séquences allurées sur la droite notamment, la meilleure corne d’un bicho pourvu d’une dose de classe notable. Passage gaucher moins impactant à avant retour droitier bien plus en adéquation avec les qualités du quadrupède. Hélas le torero de Lorca fut trahi par un maniement défectueux des instruments et perdit tout espoir de trophée.
Face au bon quinto, Paco Ureña proposa une nouvelle faena importante, notamment dans le tracé de plusieurs naturelle en mode superclasse. A ma grande surprise, le public istréen resta étrangement frileux face à la sincérité des muletazos distillés par le murciano qui une nouvelle fois vit s’envoler les esgourdes du Jandilla, la faute à une épée de nouveau balbutiante.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA
Arènes du Palio, Istres. Feria 2022. Quasi plein. Chaleur caniculaire et brise légère. 6 toros de Jandilla et 1 de Vegahermosa (6)
Président : Mr Kehiha
Poids des toros : 478, 499 (1bis), 496, 496, 486, 501, 493.
Cavalerie Bonijol. 7 rencontres
Carlos Olsina a pris l’alternative devant le toro « Guerrero », n°11 né en 12/2017 de 499 kg de Jandilla.
JOSE MARIA MANZANARES (bleu nuit et or) : silence et ovation après avis
PACO UREÑA (rose et or) : saluts et silence après avis
CARLOS OLSINA (bleu ciel et or) : saluts après avis et deux oreilles
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