Après les incertitudes météorologiques de la veille, c’est sous un grand soleil que s’est tenue la deuxième corrida de la Feria de Pâques aux Arènes d’Arles, qui enregistraient une entrée conséquente, pour une occupation quasi générale des travées. Le cartel, très attendu, a répondu aux attentes grâce à un lot « de note » de Jandilla (et un Vegahermosa), bien présentés, correctement armés et aux comportements variés mais dans l’ensemble exigeants et intéressants. Au moins cinq des six toros ont présenté de réelles qualités, sous divers degrés de caste et investissement avec une mention spéciale pour les 3e, 4e et 5e, et dans une moindre mesure le 1er, avisé à gauche et 6eme très éxigeant et parfois violent. Au cheval les plus braves furent les 1,3 et 4. L’ensemble a offert des combats denses et intenses, portés pour trois toreros en plénitude dans des registres différents.
Emilio de Justo a ouvert la course face à un toro bien roulé qui se montra mobile et exigeant, avec lequel le torero de Torrejoncillo a brillé à droite dans des séries profondes et cadencées. Pris violemment à deux reprises, il est revenu avec détermination pour conclure une faena intense par des manoletinas engagées et une estocade foudroyante qui lui ont valu de trancher les deux oreilles de « Sorpresivo ».
Son second adversaire, « Testurado » fonça par trois fois à l’assaut du groupe équestre puis développa beaucoup de classe et de fond dans la muleta. Emilio de Justo embarqua le fauve dans plusieurs séquences droitières très allurées. A gauche, le Jandilla demandait davantage de précision et d’être rectifié dans ses charges, ainsi les choses furent de moindre impact et plus académiques. L’intensité quelque peu retombée, Emilio de Justo remonta la pente dans un final par naturelles d’orfèvre données de la droite, le corps complètement relâché. Hélas un pinchazo avant entière fit s’envoler tout espoir de récompense.
Andrés Roca Rey, qui fut discret devant son premier – un toro sans fond ni force –, s’est pleinement exprimé face au cinquième, un adversaire sérieux et exigeant. Faena explosive, entamée au centre par des cambiadas qui ont immédiatement enflammé les gradins. Très à l’aise à droite, Roca Rey a imprimé son rythme dans une faena d’intensité croissante, et majoritairement droitière, conclue dans des terrains réduits et le plus souvent compromis où le péruvien se montra imparable. Le public, conquis, a réclamé deux oreilles après une lame quasi entière. Deux pavillons, le second généreux.
Tomas Rufo a marqué de son empreinte sa présentation à Arles et les esprits avec une prestation majeure face au troisième toro, noble et exigeant. Prompt, « Jarifa » va prendre deux piques, la première en y allant avec entrain. Dans un style très pur, profond et inspiré, le torero de Pepino a construit une faena parfaitement cadencée, sublimée par deux séries de naturelles exceptionnelles. Un récital de précision et de dominio parachevé par un final gaucher long et profond suivi d’une lame fulgurante qui vint sceller l’obtention de deux oreilles logiques.
Le sixième, plus retors est sorti avec beaucoup de cœur, déployant une présence de tous les instants. Face à un opposant exigeant et incisif, Rufo a livré un combat courageux -brindé à Juan Bautista-, arrachant des passages gauchers d’une grande vérité, comme d’authentiques exploits seulement entrevu par une partie des travées. Deux pinchazos avant une bonne lame ont réduit la récompense en une ovation.
FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA
Arènes d’Arles. Feria de Pâques 2025. 9/10eme d’arène. Ciel dégagé et grand soleil, vent léger. 5 toros de Jandilla et un Vegahermosa (2).
Présidence : Mme Paola Melani assisté de Mme Fernay et M. Boyer
Poids des toros : 515, 510, 520, 500, 530, 540
Cavalerie Bonijol. 13 rencontres.
Tomas Rufo se présentait aux Arènes d’Arles.
EMILIO DE JUSTO (Fuchsia et or) : deux oreilles et ovation après avis
ROCA REY (Brique et or) : silence et deux oreilles après deux avis
TOMAS RUFO (blanc et argent) : deux oreilles et ovation
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