Avec deux oreilles chacun dans les bagages, Nino Julian et Victor sont sortis en triomphe des arènes Joseph-Durand au terme de 2h45 d’un après-midi des plus entretenus et dignes d’intérêt. Un succès auquel il faut attribuer une grande partie des mérites au très bon lot de la famille Blohorn, qui fut raccompagné soit par des applaudissements nourris, soit sous l’ovation. Le cinquième, « Toumodi », excellent et brave à quatre reprises sous le fer, fut salué par une vuelta al ruedo posthume. Un lot très bien présenté, pour la plupart charpenté et correctement armé, plus commode de tête le 4, ne rechignant jamais face aux équins de la cavalerie Heyral. Des tercios de piques mal menés, notamment devant les 1 et 4, mais lors desquels plusieurs novillos purent se signaler, notamment les braves 2 et 5. Encasté et incisif dans la muleta, le 2 ; excellent et doté d’une charge longue, quoiqu’allant un poil à menos en fin de parcours, le 5 ; noble et généreux, le 3 ; nobles, le 4 puis le 6 lui aussi, vibrant et avec de la classe, l’ultime également allant quelque peu a menos. Maniable mais juste de forces, car handicapé du train arrière, le 1.

35°C sous les platanes. Le prix Nimeño II est revenu au novillero Victor. Un salut du mayoral n’aurait dérangé personne…

Originaire de Dax, Juan Molas ouvrait la marche devant un premier abanto de salida, victime d’une vuelta de campana qui conditionna la suite de sa vie publique. Le novillero dacquois mit un certain temps à trouver le sitio, puis se distingua sur quelques séquences isolées, faisant admirer son bon goût dans un ensemble toutefois inégal.

Son second, bien roulé, fut fort mal piqué en deux assauts assez mal contenus. Dans le dernier tiers, le Blohorn réserva sa noblesse pour une faena ambidextre d’intensité inégale, mais relevée par des passages droitiers d’un meilleur son, suivis de quelques naturelles bien exécutées mais ciselées au compte-gouttes. Entière au second voyage.

À quelques jours de sa présentation à Madrid, Nino Julian composa d’abord avec un Blohorn qui se révéla brave sous le fer en trois rencontres. Animé d’une charge vibrante et incisive, ce Blohorn encasté proposa une sacrée opposition, sans jamais se défiler. Les passages gauchers furent explosifs, et Nino Julian dut jouer d’autorité afin de canaliser les charges de son opposant, qui se montra beaucoup plus maniable sur la rive droite, pour des séquences d’un son supérieur. Quasi entière tombée. Oreille et applaudissements au novillo.

Son second se montra d’emblée impressionnant sous le fer de Mathias Forestier en quatre rencontres particulièrement investies. Après un tercio de banderilles spectaculaire à la charge du Nîmois, qui salua sous l’ovation, « Toumodi » confirma ensuite sa grande bravoure dans le dernier tiers. Faena débutée tambour battant par rodillazos, avant poursuite sur les deux rives de grand intérêt, notamment grâce aux longues et profondes charges du Blohorn. Le passage gaucher coûta quelque peu au pensionnaire du Mas de Carrelet, qui baissa légèrement de ton. Retour droitier avec une excellente tanda main basse, puis final dans un terrain réduit. Épée tombée au deuxième essai. Oreille et vuelta au brave « Toumodi ».

Le Saintois Victor a démontré beaucoup de personnalité tout au long de son après-midi. D’abord devant le 3e, bien salué à la cape, puis confié au lancier de service pour deux piques sans histoire. Sûr de son toreo et d’un calme olympien, le natif de Nîmes offrit une partition tout d’aguante et de verticalité face à la charge généreuse du cornu, dans un ensemble parfois inégal tant en intensité qu’en tracé, mais relevé par quelques fulgurances, notamment sur un cambio por la espalda sur le fil du rasoir. Épée en place. Oreille.

L’ultime, superbement dessiné, était doté d’une belle dose de classe, mais surtout d’une charge vibrante et profonde qui permit au Saintois de se distinguer. Entame vibrante depuis le centre, sans bouger d’un pouce, avant une poursuite par enchaînement droitier générant pas mal de transmission et recueillant un écho des plus favorables dans les travées. Ensemble de belle musique, avec un travail muleteril appliqué sur les deux bords, notamment à gauche, avec plusieurs séquences très allurées. Hélas, le Blohorn finit par lorgner vers les planches, et le final en fut un peu plus décousu. Conclusion par bernardinas ajustées, puis par un maniement des armes plus compliqué. Quasi entière à la deuxième tentative. Oreille et applaudissements au novillo.

FICHE TECHNIQUE DE LA NOVILLADA

Arènes Joseph-Durand, Tarascon. Feria de la Jouvenço. Chaleur et ciel bleu. 3/4 d’arène. 6 novillos de Blohorn.

Président : Mr Cedric Rey

Cavalerie Heyral. 14 rencontres.

Les novilleros Juan Molas et Victor se présentaient à Tarascon.

Le novillero Victor a été récompensé du Trophée Nimeño II.

Nino Julian a brindé son deuxième combat à Arnaud Agnel.

JUAN MOLAS (noisette et azabache) : saluts et vuelta

NINO JULIAN (groseille et argent) : oreille et oreille

VICTOR (rouge ponceau et azabache) : oreille et oreille après un avis

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