La fête fut belle ce dimanche, autour du maestro Manolo Vanegas. Un temps automnal des plus cléments, une affluence conséquente et un festival taurin très entretenu. Une juste récompense pour un garçon dont on ne vente plus l’immense gentillesse, la pudeur, autant que son courage et son abnégation. Cet esprit de lutte et de dépassement de soi qui l’avait conduit de sa province natale de Tachira jusqu’aux terres de Camargue et dans toutes plazas de France et de Navarre. Cette soif de vaincre, cette envie de vivre, de gagner bataille après bataille et déjouer les pronostics médicaux les plus pessimistes. Manolo Vanegas est un exemple pour nous tous. Une leçon de vie ! Cet hommage, Manolo le méritait, et il fut à la hauteur de nos espérances et de tous ceux sans qui cette journée n’aurait pu voir le jour !

Le paseo, débuté avec quelques minutes de retard vit Manolito débouler, sur un blanc cheval de Camargue, sa seconde terre, lui-même vêtu de « gardian ». Quelques mots prononcés dans la langue de Molière avec comme conclusion un « Oui à la corrida » collectif puis La Marseillaise reprise à l’unisson. Un bel hommage rendu à son pays d’adoption que celui de voir Manolito réaliser en piste, un numéro de tri aux côtés de Renaud Vinuesa.

Sebastian Ritter ouvrit la séance devant un Pagès-Mailhan qui fonça à quatre reprises vers la pièce montée, deux fois en traversant la piste dans la longueur et rentrant fort sous le fer d’un Ney Zambrano applaudi pour son office. Un toro brave et encasté qui posa pas mal de problème au diestro colombien qui eut toutes les peines du monde à résoudre l’équation. Les meilleurs échanges se feront sur la rive gauche avant que le torero de Medellin ne parachève sa prestation d’un estoconazo. Deux oreilles, généreuses malgré le contexte et vuelta au toro.

Avec le dossard numéro 2, entra en piste un San Sebastian très bien présenté, qui aurait pu être le meilleur toro de la course … Hélas, après avoir réservé de très noble charges, empreintes de classe dans la muleta d’un David de Miranda particulièrement convaincant lui aussi, l’animal se déboita le boulet de l’antérieur droit. Le torero de Trigueros dut se résoudre à abréger d’une lame en place.

Un plaisir de revoir en piste Andy Younes, qui venait combler la place laissée vacante par Curro Diaz. Plaisir visiblement partagé par le torero arlésien qui a fraichement repris les trastos après une année « galère » car handicapé par de nombreuses blessures. Le torero d’Arles pour son retour tomba sur le toro rêvé. Un pensionnaire de Robert Margé, qui fut d’abord “écarté” par le champion de la discipline Baptiste Bordes. Un cornu à la noblesse infinie bien embarqué dans la muleta de l’arlésien qui s’en donna à cœur joie sur les deux ailes, dans un toreo décomplexé et à la fois plus posé qui trouva un écho très favorable sur les travées. L’immense noblesse du bicho en osmose avec son torero, déclencha depuis la contre-piste (une fois n’est pas coutume) une pétition d’indulto qui fut finalement demandée par Robert Margé himself, souhaitant ramener son toro aux Monteilles. Grâce accordée non sans quelques réprimandes somme toutes logiques descendue des travées. Mouchoir orange contesté donc pour le Margé et deux mouchoirs blanc pour Andy Younes, ceux-ci largement mérités.

Difficile de passer derrière pour Tibo Garcia qui salua élégamment son adversaire de Gallon par véroniques templées. Pique préservée puis entame par le haut, le Gallon s’avérant peu commode en début de parcours. Le torero nîmois trouva rapidement la bonne carburation sur la meilleure corne, la gauche, pour y dessiner plusieurs séquences allurées dans un trasteo de menos à mas. Effort méritoire du garçon, qui lui aussi démontra de par son envie et son abnégation que l’on pourrait compter avec lui en 2023. Final de faena dans un terrain plus réduit avant estoconazo au deuxième voyage. Deux oreilles.

Dernier matador de la soirée à entrer en lice, El Rafi salua par un bon maniement de la cape un toro de Cuillé aux cornes très abîmées qui se révéla être un remarquable adversaire. Capoteo fleuri du nîmois pour guider le fauve vers le lancier puis sur un quite par chicuelinas et tafalleras. Faena rondement menée, El Rafi parvenant très vite à trouver la bonne distance devant un toro loin d’être facile à consentir, qui répétait avec hardiesse dans l’etoffe. Les séquences les plus abouties sur la droite, avant final par le bas de bon ton. Lame perpendiculaire au deuxième essai. Deux oreilles.

Jose Antonio Valencia, pris un premier eral de Jalabert au gabarit léger, piqué une fois pour la forme avant que le vénézuelien ne partage la pose des banderilles avec Andy Younes. Faena plaisante et variée au-devant d’un animal noble, comprenant plusieurs séquences de bon ton notamment à droite dans un ensemble généreux, récompensé après une épée en place d’une oreille.

Nino Julian clôturait la séance devant un autre eral de Jalabert handicapé par un manque de forces avéré qui plomba quelque peu le final. Pose des bâtonnets partagée avec El Rafi puis faena parsemée de plusieurs mouvements de bonne figure, en dépit des forces limitées de l’animal. Nino se signala, notamment à droite par un toreo engagé et au tracé agréable confirmant sa récente sortie triomphale des arènes d’Istres. Conclusion par lame maladroite limitant la récompense à une oreille.

Tous les toreros ont bien entendu dédié leur combat à Manolo Vanegas qui fut ensuite sortit en triomphe des arènes Jean Brunel par ceux qui furent tour à tour compagnons de cartel mais avant tout amis, venu rendre un hommage sincère et poignant à l’un des leurs ! Pour le plaisir, pour Manolo.

FICHE TECHNIQUE DU FESTIVAL

Arènes Jean Brunel, Vauvert. Festival taurin caritatif organisé par la Peña Manolo Vanegas. Demi-arène. 5 toros de Pagès-Mailhan, San Sebastian, Margé, Gallon, Cuillé et deux erales de Jalabert.

Président : Mr Martinion

Cavalerie Bonijol. 12 rencontres.

Vuelta al ruedo au 1er toro de Pagès-Mailhan et indulto du 3eme toro N°60 né en 02/2017 de Robert Margé.

SEBASTIAN RITTER : deux oreilles

DAVID DE MIRANDA : salut

ANDY YOUNES : deux oreilles symboliques

TIBO GARCIA : deux oreilles

EL RAFI : deux oreilles

JOSE ANTONIO VALENCIA : oreille

NINO JULIAN : oreille

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