Oui à la corrida !

Oui Monsieur Caron, je dis oui à la corrida. Oui car j’aime la corrida. Vous expliquer pourquoi ? Je n’ai pas d’arguments tellement précis, sinon des dizaines de raisons, à mes yeux bien valables. Parmi laquelle, l’histoire bien banale d’un jeune homme de trente-trois printemps qui près de trois décennies plus tôt a été happé par ce virus.

J’ai découvert la tauromachie à l’âge de quatre ans, dans les arènes toutes proches de mon village natal. J’y ai vu la mort, bien entendu, mais aussi la gloire, la beauté, une vérité et une grandeur que bien plus tard je comprendrais. J’y ai vu l’immensité, l’ode à un animal qui allait rapidement devenir mon roi. Le toro bravo ne pouvait plus quitter mon esprit. Comme beaucoup de gamins de mon âge, j’ai joué au toro, mimé le torero, même sans un brin de courage. Je ne suis pas « dérangé », je ne porte pas plus l’étiquette de psychopathe que l’on colle aux aficionados, ni cruel, ni tortionnaire et ma seule déviance mentale à ce jour est de supporter le Nîmes Olympique.

Dans mon parcours de vie, la corrida a été un socle des plus solides. Elle m’a permis de multiplier par mille le sens des mots « valeur » et « respect ». Grâce à la corrida, je me suis émancipé, j’ai donné du sens à ma vie. J’y ai fait des rencontres, certains sont devenus des amis et bien plus encore. Avec la corrida, je me suis bâti, humainement, socialement, j’ai emmagasiné confiance et savoir, grâce à sa richesse. La corrida j’y pense chaque jour, et je n’imagine pas un futur sans elle. Sans la corrida Monsieur Caron, qui ne me fait pourtant pas manger, je ne serais pas l’homme que je suis aujourd’hui. Sans la corrida Monsieur Caron, je n’aurais probablement jamais croisé la route de celle qui est aujourd’hui la mère de mon enfant. Un enfant Monsieur Caron, pour lequel vous souhaitez décider du chemin à emprunter. Un enfant auquel vous tentez d’imposer par la force une société de laquelle les mots « différence », « tolérance » et « liberté » sont bannis. En interdisant la corrida Monsieur Caron, ce sont des milliers de parcours comme le mien et de vies que vous foutrez en l’air.

En interdisant la corrida Monsieur Caron, vous menez à disparition une race millénaire, sans pareil et sans aucune autre forme de procès. Entrainant avec elle, ceux qui les élèvent, 365 jours par an, rendant cet animal unique au monde, car préservé de la domestication. Ces hommes et ces femmes qui consacrent chaque minute de leur vie au toro de combat, sous le vent, la pluie, la neige, les pieds dans la boue, et les mains dans la merde. Ces hommes et ces femmes, dont l’avenir ne semble pas un instant frôler votre esprit étriqué, sont les garants de la biodiversité, d’un écosystème unique au monde. Que vont devenir ces gens, que vont devenir ces milliers d’hectares dédiés à l’élevage du roi toro lorsque la corrida sera sous les verrous ? Vous n’imaginez pas Monsieur Caron, combien de familles pourraient être clouées au pilori par votre loi liberticide et la catastrophe écologique que celle-ci entrainerait dans sa chute. Sans oublier, des dizaines de milliers de commerçants grandement dépendants des retombées économiques de la corrida, et ce dans 56 villes françaises.  

La corrida vous ennuie Monsieur Caron. Elle vous dérange parce qu’elle est belle. Parce qu’elle rassemble un nombre incalculable de valeurs, qui ne trouvent pas son pareil dans notre société et qui vous sont inconnues. Elle vous dérange, car elle est véritable, sociétale et tragique. Lorsque nous nous rendons aux arènes, peuple du toro, nous n’allons pas y chercher la mort. Nous allons y voir la vie. Car dans l’arène, on ne triche pas. Peut-on en dire autant du domaine politique ? La corrida c’est le respect, la tolérance, le partage, la transmission, la socialisation au travers de toutes différences sociétales. Un rite, au cœur du seul spectacle vivant à ne pas rendre invisible la mort. Que peut-il y avoir de plus vrai ? Le peuple du toro ne se soumet pas, car il est la résilience même. Ce peuple du toro Monsieur Caron, que vous haïssez, ne renoncera jamais à son identité. Il ne vous demande pas d’être compris, mais d’être respecté. Minoritaires sommes-nous ? Mais notre beau pays n’est-il pas le berceau de la protection des minorités ? Nous ne sommes pas des sous-citoyens !

La corrida vous importune Monsieur Caron, car elle vous échappe. Et, guidé par votre immoralité, vous en avez fait le cheval de bataille d’une carrière politique déjà proche des trois avis… Dans une France multiculturelle, vouloir interdire la corrida, c’est vouloir priver ces territoires de leur identité et des traditions qui en font leur richesse. Interdire la corrida serait anticonstitutionnel. Ce serait uniformiser nos modes de vies, balayant d’un revers de main les coutumes ancestrales de notre beau pays, et envoyer ad patres les valeurs religieusement transmises par nos aïeux.

Aujourd’hui en France, nos concitoyens s’entretuent à la station essence, chaque jour une femme meurt sous les coups de son mari, des familles entières n’auront pas de toit pour l’hiver, dorment dans leur voiture, sous des ponts, des milliers d’enfants n’ont pas accès à l’éducation. Aujourd’hui en France, on coupe le chauffage pour avoir de quoi se remplir le ventre encore le 15 du mois. A nos portes, les bombes pleuvent et des familles entières périssent en mer dans l’espoir d’une vie meilleure. Mais, dans un pays qui a besoin d’apaisement c’est la corrida qui dérange …

Interdire la corrida serait céder au cynisme, à la discrimination, c’est valoriser l’antispecisme au détriment de notre héritage culturel. Ce serait comme morceler une société en proie à la léthargie, gavée de bienséance, sans identité, sans valeur autre que celles de la centralisation et de la pensée unique. Interdire la corrida en France, pays des libertés et des droits de l’homme, serait justement bafouer sans aucun scrupule l’un des étendards de notre drapeau : LA LIBERTÉ.

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