Après une présentation remarquée à Las Ventas le 16 juillet dernier, puis une grande corrida lidiée à Béziers le 14 aout, la ganaderia de Robert Margé a de nouveau fait combattre une corrida très importante dans les arènes de Nîmes en ouverture de la Feria des Vendanges. Le public gardois ne s’y est pas trompé en invitant à saluer d’une ovation l’éleveur de Fleury d’Aude qui a vu deux de ses pupilles, « Albe » et « Levant », sortis en 2eme et 6eme position, être honorés d’une vuelta al ruedo posthume.

Un lot bien présenté et correctement armé, qui aura généré de l’intêret de bout en bout, faisant preuve de tempérament et de présence. D’abord sous le fer où s’y illustrèrent les 2, 3, 5 et 6, plus intensément les 2 et 6. Puis dans le dernier tiers, développant bravoure, caste et mobilité notamment chez les 2, 3 d’un tranco particulièrement bon, 5 et 6. Avec deux grands toros : « Albe », le second de l’envoi. Brave sous le fer comme dans la muleta, encasté, d’une charge intense, allègre et avec de la classe, puis « Levant », sixième et dernier, lui aussi brave au cheval puis doté d’une charge admirable, car vibrante, avec du coffre et de la fixité.

Passons rapidement sur la double prestation du mexicain Arturo Saldivar, qui il est vrai hérita du lot offrant le moins d’options, mais qui n’a pas vraiment fait en sorte que le vent tourne dans le bon sens. Le torero d’Aguascalientes, qui confirmait son alternative, n’a justement pas confirmé les espoirs qu’une programmation à Nîmes laissait espérer. Son premier, harmonieux, juste de forces fut lourdement châtié, puis embarqué sans grand écho dans une faena régulière, juste relevée par quelques naturelles notables. L’aztèque n’a clairement pas voulu voir son second. Absent de la lidia, il fit piqué à l’excès le Margé. Un toro qui malgré tout en avait gardé sous les sabots, Arturo Saldivar, ne s’aventura jamais à essayer quoi que ce soit et laissa partir un toro sans en avoir exploité le potentiel éventuel. Il y a fort à parier (et cela n’engage que moi) que bon nombre de torero « locaux », ce seraient arrimer comme des lions, eux…

Adrien Salenc « Adriano » est d’emblée décroché la timbale avec « Albe », qui par deux fois s’est investi sous le fer de Carlos Perez. Brindis, plein d’émotions à Alain Montcouquiol précédant une faena intense, le nîmois exploitant à l’envi la très vibrante charge du Margé, supérieure à droite. Faena autoritaire et bien menée, à l’intensité croissante face aux embestidas soutenues du cornu, plongeant avec autant de ferveur que d’appétit dans la muleta de gardois. Souverain dans l’allégresse et sa connexion avec les travées, Adriano paracheva ce deuxième acte par une lame entière un poil tombée. La bravoure dans sa plus pure expression pour le Margé, admirable de résistance jusqu’à son dernier souffle. Deux oreilles et vuelta al ruedo pour le toro des Monteilles.

Le quinto était, lui aussi brave mais plus exigeant, et poussa deux fois sous le fer avec un investissement toutefois irrégulier. Belle entame, par capeinas au fil des tablas et un bouquet de molinetes. Face aux assauts intempestifs du Margé, Adriano opta pour une tauromachie plus variée et singulière dans sa première partie avant seconde partie plus posée et appliquée. Une délicatesse avec les aciers le priva de tranché un troisième pavillon qui lui aurait ouvert la Porte des Consuls.

El Rafi fut, des trois, celui qui mania la percale avec le plus de goût. D’abord face au 3eme, bien capté par véroniques. Après deux piques, s’employant davantage à la première, le Margé réserva au torero local beaucoup de promptitude dans ses embestidas, franches et cadencées. Doté d’un bon galop, El Rafi lui donna de la distance, et le bicho s’employa à charger avec alegria. Faena au tracé supérieur sur la rive gauche, rythmée et bien soutenue par l’assistance. Plusieurs mouvements de grand son à mettre au crédit du nîmois qui termina son œuvre par une lame basse. Oreille.

El Rafi fut de nouveau admirable cape en main, d’abord par larga cambiada de rodillas puis par véroniques et enfin -après deux piques bien prises par le Margé- sur un quite par chicuelinas bien exécuté. Brindis à Christian Lesur puis entame arodillada donnant le ton d’une faena au tracé irrégulier, à l’intensité décroissante relevée par de belles séquences sur les deux mains, le torero de Nîmes donnant la distance, pour faire admirer la charge vibrante du bicho, prompt et incisif que le Rafi accompagna avec bon goût notamment sur quelques remates bien sentis et une trincherilla de cartel. Pinchazo puis lame tombée. Alors qu’une oreille, aurait assez justement récompensé la prestation du nîmois, le président de course sortit immédiatement deux mouchoirs ! Décision incompréhensible et fort logiquement vivement chahutée d’un président dépassé, une fois n’est pas coutume, et dont la légitimité a présider une course sérieuse, est loin de faire l’unanimité. Avec éducation et discernement, El Rafi déposa une oreille au pied du palco et sortit quelques minutes plus tard en compagnie d’Adriano, par la Porte des Cuadrillas. Vuelta al ruedo malgré tout fêtée pour « Levant ».

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes de Nîmes. Feria des Vendanges. 1/3 d’arène. 6 toros de Robert Margé

Présidence : Mr Valade assisté de Mrs Portes et Buttet

Poids des toros : 526, 524, 515, 545, 534, 520.

Cavalerie Heyral. 12 rencontres.

Salut du ganadero Robert Margé à l’issue de la course.

Adriano a brindé son premier combat à Alain Montcouquiol, El Rafi son deuxième combat à Christian Lesur.

Arturo Saldivar a confirmé son alternative devant le toro « Aigolas » n°60, castaño, né en mars 2018 de 526 kg.

Vuelta al ruedo au toro “Albe” n°178, negro listón né en février 2018 de 524 kg (2eme) et au toro “Levant” n°22, castaño, né en mars 2018 de 520 kg (6eme)

ARTURO SALDIVAR (tabac et or) : saluts et sifflets

ADRIANO (rouge corail et or) : deux oreilles après avis et saluts après deux avis

EL RAFI (lie de vin et or) : oreille et deux oreilles

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