Pour son retour à Las Ventas après quasiment quatre temporadas d’absence, Alejandro Talavante fut invité a saluer sous l’ovation à l’issue du paseo dans une arène comble pour ce mano a mano tant attendu dont l’autre protagoniste, Juan Ortega fut également honoré par le public venteño. Plus inédit mais témoignage de l’aficion et de la reconnaissance du public madrilène qui invita le sobresaliente Alvaro de la Calle à recevoir une chaleureuse ovation après avoir assuré avec héroïsme et pundonor son rôle lors du solo avorté d’Emilio de Justo pour la corrida du Dimanche des Rameaux.

Un mano a mano plombé par un envoi de Jandilla, très bien présenté et harmonieux mais qui manqua cruellement de punch, de noblesse et de caste dans tous les tiers. Discrets dans la globalité face aux équidés, tous furent mal piqués à l’exception du quatrième admirablement capté par Oscar Bernal.

Alejandro Talavante a coupé un trophée face au troisième, de Vegahermosa. Une oreille de poids glanée à un animal véloce, animé d’une charge vive, piquante et doté d’un certain fond de caste. Faena intense, en se croisant, majoritairement gauchère dès son entame comprenant plusieurs passages à la fois allurés et puissants. Une poignée de trincherazos de bonne note, puis une grande série droitière avec changement de main qui fit s’émouvoir le cirque. Conclusion par lame entière en rentrant droit dans le berceau des cornes. Oreille de grande valeur.

Face au toro de son retour à Las Ventas, Alejandro Talavante édita un labeur sérieux face à un animal dépourvu de caste, auteur de quelques derrotes intempestifs, gênant l’extremeño qui parvint toutefois à signer quelques derechazos de valeur. Le quinto fut le pire animal que le lot confia au protégé de Joselito. Un toro violent, bas de race et qui tournait court. Après quelques approches infructueuses, le torero de Badajoz s’en alla chercher l’épée avec laquelle il liquida le fauve d’une lame fulminante.

Lorsque l’opposition s’y prête, Juan Ortega manie cape et muleta comme les anges trianeros, et nul sur le circuit ne peut se targuer de toréer avec autant de sentiments. Sauf que l’opposition ne s’y prête pas toujours, et dans ce cas le sevillan accuse une certaine propension à ne pas savoir prendre le toro par les cornes. Ce soir, certes Juan Ortega ne dansa pas avec les plus belles, mais la fragilité de son toreo comme de son mental fut visible, et palpable de tous. Son premier qui n’était pas un foudre de guerre aurait au moins mérité davantage d’abnegation. Le trianero pegua bien quelques passages isolés dans un océan de discrétion. Même sanction ou presque devant le quatrième. L’ultime n’avait rien dans le ventre, et Ortega dont le crédit paraît s’étioler tarde après tarde s’en défit rapidement d’une lame habile.

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Plaza de Toros de Las Ventas. Feria de San Isidro. Corrida de la Cultura. No hay billetes. 5 toros de Jandilla et 1 de Vegahermosa (3).

ALEJANDRO TALAVANTE: silence, oreille et silence

JUAN ORTEGA: silence, silence et silence.

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