La corrida hommage à Victorino Martin s’est soldée par la sortie en triomphe des matadors de toros Clémente et El Rafi à l’issue d’une course qui sans être exceptionnelle d’intensité n’a jamais manqué un instant d’intérêt.

Avec pour première et grande satisfaction que de voir une arène affichant le plein apparent au moment du paseo, sous un soleil de plomb, et d’y voir défiler têtes découvertes trois toreros estampillés bleu blanc rouge pour la première fois face aux fauves du sorcier de Galapagar. Preuve que la tauromachie fait encore se déplacer les foules lorsqu’une affiche mêle ambition, jeunesse et sérieux. A l’issue du paséo et après la traditionnelle Marseillaise un hommage fut rendu en piste à Victorino Martin dont on rappela le pédigrée au combien légendaire de la ganaderia à la devise rouge et bleue.

Du sérieux il y en a eu de bout en bout avec les toros de Victorino Martin qui avait conduit en Camargue un lot digne d’une arène de catégorie supérieure, très bien présenté, armé malgré quelques pointes s’abimant plus tard en piste, charpenté, affichant des poids de 505 à 620 kilos sur la romaine. Un ensemble au comportement globalement en deçà des attentes, discret face au groupe équestre, exception faite au 6eme et maniables à divers degrés dans le dernier tiers. Meilleurs pour le toreo l’excellent 6eme, les 4, 2 et 1. Anodin car sous exploité le 3eme, impossible ou presque l’infâme quinto.

Chez les piétons, pour sa présentation dans le sud-est en qualité de matador de toros, Clemente a marqué beaucoup de points. Le bordelais semble avoir mûri et gagné en assurance et cela s’est vu lors de ses deux combats. D’abord face à un toro qui humiliait peu puis face au noble et doux quatrième, toréé superbement de la droite. Le protégé de Roman Perez coupe deux pavillons mérités et s’offre ainsi un succès qui va compter. El Rafi qui l’a accompagné « por volandas » a soufflé le chaud et le froid. Le froid d’abord en se montrant pour le moins timide devant son premier toro qui n’était pas un foudre de guerre certes mais qui resta inédit face à un torero qui aurait tort à l’avenir de ne pas croire en qu’il fait et sait pourtant bien faire. Le nîmois le prouva par la suite en toréant superbement l’ultime, composant ainsi une œuvre de bon son, que l’on aurait souhaité plus retentissante encore avec un Rafi en pleine confiance. Au bout il y a toutefois le succès, arrivé au bon moment et qui fera certainement un bien fou au torero de Nîmes. L’autre croco de l’affiche, Adrien Salenc, ne partagea pas la piste avec les plus belles. Capable de tirer son épingle du jeu avec tous types de toros, Adrien Salenc s’imposa d’abord devant son premier adversaire, toréé avec poder et intelligence avant de tomber sur un os avec le quinto malo.

Clémente ouvrit les débats devant « Mosquero », un animal de presque 6 ans de 620 kilos, andarin et humiliant peu dès les capotazos de réception. Deux piques sans véritable style avant que le girondin ne propose une faena bien construite à l’effort et patiente devant un animal à la charge courte, cherchant souvent les chevilles. Clemente construisit le meilleur de son labeur sur la rive droite avant de loger une lame entière au deuxième voyage. Oreille.

Son second « Veradero » fut salué par plusieurs bon capotazos avant d’être confié au groupe équestre pour deux rencontres sans histoires. Le garçon confirma ses bonnes dispositions devant un Victorino Martin noble mais péchant par manque d’allant et qui transmis peu. Plusieurs séquences enlevées sur la rive droite majoritairement avec quelques derechazos de belle facture, naturelles main droite coulées. Une belle gestuelle jusque dans l’exécution du final « de frente » avant entière au deuxième essai. Oreille

Adrien Salenc vit son premier « Colombino » sauter dans le callejon dès son entrée en piste. Une escapade suivie de deux nouvelles tentatives veines dans lesquelles le bicho laissa incontestablement des plumes. Anodin au cheval en deux assauts contraints, le Victorino arriva avec peu de forces dans l’étoffe du nîmois qui proposa une faena très technique et sûre en exploitant au maximum le léger fond de classe de l’animal. Lame entière et grand coup de descabello. Oreille au mérite.

Le quinto « Veneno », armé de deux poignards fut salué par un capoteo énergique avant d’être confié au lancier de service pour deux rencontres, anodine la première, avec d’avantage d’investissement à la seconde. Adrien Salenc montra beaucoup de cran et de mérite devant un animal sans options, au parcours très limité et aux coups de casque criminels. Mete y saca et entière. Ovation.

El Rafi honora l’arrivée de « Hecatombe » par une lidia par fuera avant que ce dernier ne soit confié au picador pour deux rations de fer sans style particulier. Deux bonnes paires signées Morenito d’Arles invité à saluer. Face à un animal noble mais de peu de fond et forces, le nîmois eu du mal à croire en lui et ses possibilités. Faena atone conclue par pinchazo et demi-lame. Silence.

La donne fut nettement différente devant l’ultime « Estudioso », de presque six ans et de 620 kilos. Bon tercio de piques en deux rencontres, l’animal s’employant bravement sous la morsure du fer les deux fois bien capté par Gabin Rehabi qui fut ovationné. Deux bonnes paires de banderilles posées par Mathieu Guillon avant que le Rafi ne mette enfin le bleu de chauffe. Il faut dire que le protégé de Patrick Varin avait avec cet « Estudioso » là l’occasion de se relâcher et de toréé avec le bon gout que l’on lui connait. Ce qu’il fit au cours d’une faena supérieure en tracé sur la rive gauche d’où émanèrent plusieurs naturelles au cachet relevé face à un toro noble, brillant et qui transmettait dans chacune de ses vibrantes embestidas. Si l’ensemble manqua parfois d’un poil de structure la faena du garçon, brindée à Victorino Martin culmina dans un final par naturelles de face emportant l’adhésion du conclave. Pinchazo hondo et grand coup de descabello. Deux oreilles, généreuse à mon gout la seconde sans pour autant vouloir mégoter le triomphe du garçon qui a su finalement inverser la tendance. Vuelta plus que méritée pour le toro. Excessive autant qu’inattendue fut la sortie à hombros du ganadero ensuite…

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes des Saintes Maries de la Mer. Plein apparent. Soleil et brise légère. 6 toros de Victorino Martin.

Présidence : Mr Maragnon assisté de MM Soler et Montiel

Poids des toros : 620, 520, 580, 515, 600 et 620.

Cavalerie Bonijol. 12 rencontres.

Salut du banderillero Morenito de Arles au 3eme.

Vuelta al ruedo posthume au toro “Estudioso”, 6eme, numéro 58 né en décembre 2016 de 620 kilos.

CLEMENTE (vert bouteille et or) : oreille et oreille

ADRIEN SALENC (bleu maya et or) : oreille après avis et ovation

EL RAFI (bleu de Prusse et or) : silence et deux oreilles

REPORTAGE PHOTOGRAPHIQUE

Share This