Photo de couverture Melanie Huertas

Soir de première pour la société Bettara et le trio Simon Casas – Sebastien Castella – Olivier Margé à la tête des arènes du Plateau de Valras pour le retour d’une feria digne de ce nom dont le coup d’envoi était donné ce jeudi soir avec une corrida mixte qui n’a pas rencontré le succès escompté.

C’est donc une feria placée sous le signe du pass sanitaire qui a débutée avec un quart d’heure de retard, la faute au contrôle des fameux susnommés. Comme à l’accoutumée le paseo s’est déroulé au son du « Toréador » entonné par le baryton Frederic Cornille et sous une chaleur accablante devant une chambrée frôlant le plein de la jauge covid. A l’issue du paseo fut reprise en chœur, une poignante Marseillaise.

Des chiqueros déboulèrent deux toros de Fermin Bohorquez pour le rejon et quatre de Victoriano del Rio (le 3eme de Cortes même maison). L’ensemble s’avérant de présentation correcte, de format supérieur les deux Bohorquez, commodes d’armures les 2 et 3, armé astifino les 5 et 6. Pour le cheval, le 1er fut un très bon collaborateur, noble à l’opposé du distrait et manso cuarto. Pour les piétons la majorité manqua de forces à l’exception du très bon et brave troisième du fer de Cortes à la charge vibrante qui poussa face au groupe équestre, plus que ses frères.

C’est la nîmoise Lea Vicens, montée sur Guitarra, ouvrait les débats face à “Botellero”, un animal charpenté qui se révéla plutôt noble dans ses embestidas. Deux rejons de castigo en bienvenue avant que l’amazone ne fasse grimper la température avec la pose des pallitroques sur le sublime Diluvio, dont deux à la suite de remarquables recorte. La nîmoise posa ensuite à l’étrier les banderilles courtes sur l’élégant Greco avant de connaitre plus de difficultés avec les instruments létaux sur la jument Cleopatra. Deux tentatives avant entière et un coup de verdugillo.

La nîmoise coupa ensuite l’unique pavillon de la soirée face au manso et distrait quatrième “Habitador”, qu’il fallut capter avec beaucoup de métier et de fermeté. Léa Vicens anima la partie montée sur Bach pour deux farpas avant de s’imposer peu à peu banderilles en mains. D’abord sur Betico puis Jazmin pour les courtes avec quelques galop en arrière d’une grande maitrise. Conclusion par rejon de muerte enfoncé jusqu’à la garde.

Revenu aux affaires courantes de façon remarquée, le péruvien Andres Roca Rey était attendu pour sa première corrida de la saison en France. Face à son premier “Comunero”, au pelage burraco et à l’armure discrète, le limeño déploya sa cape pour quatre véroniques bien ciselées et la demie. Première rencontre prise en poussant légèrement avant seconde pour le règlement. Quite du Rafi par chicuelinas, le toro perdant les mains au deuxième voyage. Réponse de Roca Rey, par saltilleras engagées, recueillant l’ovation du respectable. Face à un animal noble mais dépourvu de gasolina, le péruvien signa un trasteo de correcte note mais globalement atone. Bon labeur gaucher et allongeant la distance. Final par ayudados, mete y saca, pinchazo et entière.

Face au noble quinto “Ebansita” , armé astifino le natif de Lima n’eut pas l’occasion de briller cape en main et confia l’astado au lancier de service pour deux piques placées en arrière. La première prise de son propre chef et en y mettant une bonne dose d’engagement avant une seconde rencontre plus anecdotique. El Rafi s’invita au quite et se fit applaudir avant un tercio de banderilles catastrophique. Brindis au public avant entame tonitruante par rodillazos et cambio por la espalda qui réveilla les travées. Le protégé de Roberto Dominguez embarqua l’astado pour trois tandas droitières de bon son, qui donnèrent l’occasion d’exercer à la bande musicale. Roca Rey marqua par son emprise et sa domination au-devant d’un animal noble, mais juste de forces et au parcours allant de mas a menos. Deux bonnes séries du la rive gauche avant retour droitier en se relâchant puis final par manoletinas à couteaux-tiré face à un toro ayant déployé le drapeau blanc. Double échec avant entière et un coup de descabello. Une défaillance privant le péruvien d’un possible trophée.

Pour sa présentation en terre biterroise en qualité de matador de toros, le nîmois El Rafi laissa une grande impression face au troisième “Malicioso”, et très bon toro de Cortes, voyant s’échapper le triomphe à cause d’un maniement défectueux des instruments. Le benjamin du cartel signa une belle réception capotera par véroniques pieds joints avant de guider le Cortes vers le groupe equestre pour deux piques sans véritable style, traseras. Andres Roca Rey ne laissa pas passer son tour et s’invita au quite, brillant par chicuelinas et saltilleras auquel répondit le Rafi avec panache et brio par zapopinas. Brindis au respectable avant grande entame par cambio au centre et deux grandes séries droitières. Le public se mit immédiatement au diapason du torero de Nîmes qui ficela une faena bien construite sur les deux rives, supérieurs les échanges sur la diestra. Face à un toro noblon et à la charge vibrante, le nîmois toréa admirablement par naturelles en deux tandas de grand son en baissant la main. Final allègre par le bas, genou à terre avant de sécher avec les aciers…

Face à l’ultime “Condor”, qui fit une vuelta de campana avant deux piques sans style, le protégé de Patrick Varin signa une bonne entame muletera depuis le centre, poursuivant plutôt bien sur la main droite face à un toro qui afficha de notables velléités avant de baisser rapidement de ton. Passage gaucher sans grandes émotions face à un toro moins commode sur cette corne. Trasteo de mas a menos, qui transmis peu avant final par bernardinas puis échec au moment de conclure. A noter le très bon office banderilles en mains des subalternes Jose Gomez et Morenito d’Arles.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes du Plateau de Valras, Béziers. Jeudi 12 aout 2021. Environ 7000 spectateurs. Chaleur écrasante. 2 toros de Fermin Bohorquez pour le rejon et 3 de Victoriano del Rio et 1 Toro de Cortes.

Organisation: Société Bettara (Simon Casas – Sebastien Castella – Olivier Margé)

Président : Mr Daudet

Poids des toros: 510, 530, 535, 515, 505, 515.

Cavalerie Heyral. 8 rencontres

Le torero Raphael Raucoule “El Rafi” se présentait en qualité de matador de toros.

LEA VICENS (en chaleco gris) : salut et oreille

ANDRES ROCA REY (bleu nuit et or) : silence et salut après deux avis

EL RAFI (gris souris et or) : salut après avis et silence après deux avis

Sobresaliente : JEREMI BANTI (vert bouteille et azabache)

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