Enfin prophète en son pays, pourrait-on dire après le succès dans les arènes d’Arles de l’enfant du pays Juan Leal. Le torero local, qui jouit d’une grande côte de popularité de l’autre côté du Rhône, à Nîmes, revenait pour la première fois devant les siens après presque 4 ans d’absence. Face à une corrida de Jandilla d’un bon niveau global, le diestro français n’a pas laissé passer sa chance et s’offre, avec deux oreilles dans l’esporton, une légitime sortie triomphale.

Auréolée de la distinction de la meilleure corrida dans le sud-est en 2021, la ganaderia à l’étoile a proposé un envoi correctement présenté, aux armures plus ou moins commodes, supérieurs en tamaño la deuxième partie de course. L’ensemble majoritairement discret sous le fer à l’exception du brave cinquième, offrit un bon jeu global avec mention aux 2, 3, 5. De moindre classe les 1er et 4eme. Tous furent raccompagnés par les applaudissements à l’arrastre sauf le livide 1er et le brave quinto fort justement ovationné après que le palco présidentiel n’ait reçu par la négative la demande vuelta d’une partie du public.

Joselito Adame sonna le coup d’envoi de cette corrida de clôture devant un animal brusque dans tous les tiers, inégalement piqué et qui résulta protestón dans la muleta du mexicain. Faena dans un corte très classique, de peu de fond et de son dont les meilleures séquences furent quelques tandas droitières à l’isolement. Final par manoletinas avant demi-lame puis entière. Le cuarto, un animal charpenté de presque 6 ans s’employa peu sous le fer en deux brèves rencontres. Un astado qui s’avèra par la suite plutôt exigeant face à la muleta expérimentée du torero d’Aguascalientes qui se signala par quelques mouvements corrects sur la rive gauche. Plus monotone à droite l’affaire ne pris jamais une tourne particulièrement notable. Estoconazo d’effet rapide et oreille pour la bonne volonté du garçon.

Juan Leal afficha très vite sa volonté de plaire au public de sa ville par une bonne réception capotera par véroniques et chicuelinas. Belle mise en suerte pour deux piques sans véritable style. Joli quite par saltilleras puis intervention du Rafi par belles chicuelinas et demie de cartel. Entame tonitruante par passe changée au centre et à genoux, l’arlesien proposant en suivant un trasteo allègre, majoritairement droitier face à un toro à la charge vibrante et noble. En toréant plus posément, Juan Leal rappelle qu’il n’est pas qu’un torero au courage sans bornes, et qu’il peut lorsque l’opposition s’y prête toréer avec cadence et profondeur. Final dans un terrain plus intime avant estoconazo libérant le premier pavillon de la tarde.

Véroniques et tafalleras pour saluer l’arrivée du quinto bueno. Bonne poussée, sur une corne lors de la première rencontre bien administrée par Tito Sandoval avant deuxième voyage, celui-ci d’un peu plus loin. Superbe quite d’El Rafi avant que Juan Carlos Garcia ne soit invité à saluer pour deux bonnes paires de banderilles. Nouvelle entame par rodillazos donnant le ton d’une faena frappée du sceau de la détermination à toute épreuve de l’arlésien, qui s’exposa au cours d’un labeur intense durant lequel les muletazos droitiers furent les plus aboutis. Un toreo enjoué et dominateur peut-être pesant un peu trop sur l’animal, très brave et vibrant dans ses claires embestidas qui aurait mérité d’être grandi davantage. Conclusion par entière basse, trop pour la concession d’un deuxième trophée non attribué à juste titre. Pétition de vuelta al ruedo pour le porteur de la devise bleue de Jandilla, non concédée. Une décision plus ou moins discutable qui entraina une bronca monumentale envers le balcon présidentiel qui eut le mérite de ne pas se laisser influencer ! Double vuelta al ruedo en revanche pour Juan Leal chaleureusement fêté par les siens.

Après son alternative en 2021, le nîmois El Rafi revenait à Arles pour la première corrida de sa temporada. Joli salut capotero devant le troisième de l’envoi, Rafi maniant la cape avec beaucoup de finesse par véroniques, chicuelinas et la demie. Belle mise en suerte pour deux rencontres bien captées mais sans style particulier. Joselito Adame fut désarmé au sortir d’un quite par chicuelinas avant que Rafi ne vienne lui donner la réplique, par zapopinas brillamment exécutées. Le torero nîmois est a crédité d’un labeur volontaire et parfois bien léché, notamment à gauche pour de fins muletazos dans un ensemble d’intensité inégale. Le benjamin de l’affiche soigna le geste avec pas mal d’élégance et tira le meilleur d’un Jandilla à la charge vibrante, surtout à bâbord. Conclusion par lame entière.

En dernière position, le protégé de Patrick Varin hérita d’un animal encasté et exigeant qui mis le jeune torero à l’épreuve au cours d’une faena brindée à Camille Hotteman, Reine d’Arles. Un animal à la charge piquante, peu évident à faire humilier. El Rafi s’en tira avec les honneurs, donnant de puissants muletazos droitiers dans un ensemble d’intensité décroissante. Entière en place. Petition minoritaire non suivie d’effet et vuelta au nîmois.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes d’Arles. Feria de Pâques 2022. 5000 spectateurs environ. Grand soleil, temperature agréable et vent léger. 6 toros de Jandilla.

Organisation : LUDI Arles Organisation

Présidence : Mme Paola Melani assistée de Mme Para et Mr Hebrard.

Poids des toros : 510, 505, 495, 540, 525 et 530 kilos.

Cavalerie Bonijol. 13 piques

Salut du banderillero Juan Carlos Garcia au 5eme.

JOSELITO ADAME (bleu nuit et or) : salut au tiers et oreille

JUAN LEAL (rouge et or) : oreille et oreille avec deux vueltas

EL RAFI (gris et or) : oreille et vuelta après avis

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