Avril le doux, quand il se fâche est le pire de tous, dit le proverbe. Et les aficionados craulens ont pu en faire l’amère vérification ce samedi sur les travées des arènes Louis-Thiers. Et l’on se demande bien pourquoi, année après année, Dame Nature vient littéralement “pourrir” le travail acharné du Club Taurin La Unica qui ficelle chaque temporada avec le plus grand soin et qui une fois de plus sont récompensés bien en deçà de leurs justes espérances. Un véritable temps de chien, a ne pas se découvrir d’un fil qui aura certainement, une fois n’est hélas pas coutume, découragé certains de venir admirer l’impeccable présentation des six exemplaires fournies pas six fers locaux, en tout cas français, témoignage du soin apporté à l’unique corrida de l’édition 2022 par Alexandre Guglielmet et son équipe qu’il convient, bien entendu de féliciter et surtout d’encourager !
Un petit millier d’aficionados littéralement “congelés” sur les travées, sous un vent de tous les diables et un froid tel que l’on se serait volontiers pensé en Sibérie. Comme l’a fort justement dit ma voisine “on s’est pelé, mais on reviendra”. Et il le faudra, revenir et revenir encore aux arènes de Saint-Martin-de-Crau pour que tout ce travail, cette abnégation fournie par le Club Taurin local pour qu’existe cette Feria, mérite d’être récompensé. Dores et déjà, rendez vous en 2023 !
Dans les chiqueros, six véritables estampes. Tous admirablement bien présentés, lourds pour certains, très armés pour d’autre et parfois les deux. Tous firent le job face à la cavalerie Bonijol avec plusieurs degrés d’investissement et de bravoure. Le plus spectaculaire fut le Curé de Valverde, sortit en seconde position, le plus lourd de l’envoi et doté de cornes en lyre dirigées vers les cieux. Le plus brave dans l’exercice fut selon moi le quinto, de Christophe Yonnet et à un degré moindre les 3 et 4 de Hubert Yonnet et Jalabert. Prompts mais s’y employant avec moins d’impact les 1er et 6eme de Concha y Sierra et San Sebastian, de dernier armé de deux lames de rasoir. Dans le dernier tiers, les plus complet furent le Jalabert, noble et répondant à tous les cites sans sourciller, le Christophe Yonnet plus brut et brave et le burraco marqué du fer d’Hubert Yonnet , piqué quatre fois par un très bon Jean-Loup Aillet et ensuite doux dans la muleta de Maxime Solera.
Paco Ramos ouvrait les débats devant le jabonero de Concha Y Sierra, qu’il fit passer dans sa cape avant de le confier au lancier pour trois rencontres lors de laquelle l’astado ne s’employa que peu. Muleta en main, le torero de Castellon fut constamment sous la menace et garda ses distances avec l’animal. Une lame en place mettant fin aux débats.
Le matador de Castellon fut légèrement plus à son aise avec le cuarto de Jalabert, bien capté par Tito Sandoval sur l’équidé. Dans le dernier tiers, le toro de La Chassagne se révéla noble et Paco Ramos édita une faenita comprenant quelques passages de bon ton, notamment sur la rive droite sans que l’affaire ne prenne la tournure que la condition du cornu laissait espérer, le torero restant très en dessous des possibilités de l’animal pas complètement exploité à son avantage.

Alberto Lamelas, honoré en piste à l’issue du paseo pour son triomphe dans ses mêmes arènes en 2021 fut le grand gagnant de cette tarde ventée. Le torero de Cortijos Nuevos se montra d’abord héroïque face au toro du Curé de Valverde, particulièrement âpre et agressif face au leurre. Mis à l’épreuve, Lamelas fit front avec le caractère et le courage qui le caractérise puis liquida le fauve de deux lames, l’une tombée, l’autre contraire.
Face au quinto, de Christophe Yonnet, l’animal le plus harmonieux de l’envoi, Alberto Lamelas obtint un pavillon au terme d’une faena correctement menée. Au devant d’un animal brave et aux charges limpides notamment à droite, Alberto Lamelas trouva à plusieurs reprises l’ouverture et accompagna les embestidas de l’animal avec autant d’aplomb que de métier, le tout accompagné de quelques accords musicaux. Une lame en place libéra l’unique pavillon de la soirée.

Le local de l’étape Maxime Solera se frotta en premier lieu au toro d’Hubert Yonnet. Piqué à quatre reprises l’astado arriva un soupçon diminué dans le dernier tiers. Maxime Solera lui proposa une faena plutôt correcte mais qui peina a prendre la tournure espérée, celle qui aurait pu inviter les travées à un peu de chaleur. Trasteo méritoire, valant la mention mais qui hélas fut terni par un maniement médiocre de l’épée. Dommage.
Face à l’ultime, de San Sebastian, le protégé de Denis Loré se retrouva sous la menace d’un animal armé, et à la charge courte, les terribles conditions climatiques n’aidant en rien trouver l’accord idoine. Nouvel échec avec les aciers.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA
Arènes Louis-Thiers, Saint-Martin-de-Crau. Feria de la Crau 2022. Demi arène. Corrida de Compétencia des ganaderias Concha y Sierra, Curé de Valverde, Hubert Yonnet, Jalabert, Christophe Yonnet et San Sebastian.
Présidence : Mr Albert Lescot
Cavalerie Bonijol. 21 rencontres
Les matadors de toros Paco Ramos et Maxime Solera se présentaient à Saint-Martin-de-Crau.
PACO RAMOS(violet et azabache) : silence et silence après avis
ALBERTO LAMELAS (lilas et or) : ovation après avis et oreille
MAXIME SOLERA (vert et or) : silence après deux avis et silence après avis
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