Le Pesqué aura vécu hier un des grands moments de son histoire. Les vaillants s’y sont distingués une fois encore et les murs de la vieille enceinte ont tremblé de passion et pleuré d’émotion. Peut-être le glorieux Gaston Phebus de sa tour Moncade ou du pont vieux a-t-il vu le spectacle unique et sublime du courage des coletudos, mais aussi de la caste indomptable des quadrupèdes. Et nous aurons un mot aussi pour les chevaux Cyrus et Excalibur de l’écurie Bonijol qui ont su calmer cette violence avec habileté et efficacité. Ce fut une tarde qui dura trois heures, mouillée par les averses mais personne ne s’en est plaint et aucune mâchoire ne s’ouvrit pour un bâillement intempestif et pas une montre ne fut consultée malgré les repas de fêtes : devant tant d’exploits, les cuisinières pouvaient attendre !
Présentation superbe avec deux lignes bien différentes, les Dolores Aguirre immenses et armés jusqu’aux dents -le cinquième, un camion- et les Veiga Texeira redoutables aussi mais plus « raisonnables ». Chez Dolores le premier s’est vite arrêté et s’est dégonflé à la pique, le cinquième a donné du jeu après deux bonnes piques, il est mort au centre bouche fermée, le sixième a été le grand toro du jour, sensationnel à la pique envoyant bouler la pièce montée une première fois et y revenant quatre fois. Il rompit par la suite avec beaucoup de vibration dans de belles séries où on le vit humilier. Chez Veiga Texeira, le premier (lidié en second) se montra noble avec de l’émotion, le troisième dans le même ton mais avec moins de brio, tous les deux firent le job au cheval. Le quatrième (dernier Veiga) sans transmission.
Luis Gerpe toucha le mauvais lot 1er de Dolores et 4ème troisième de Vega Teixeira. Il ne put briller face à ses deux opposants qui donnaient peu d’émotion. On le vit cependant à la cape qu’il manie de manière classique, par véroniques, avec élégance. Il tenta tout mais ne put s’imposer après un sévère avertissement (voltereta sans conséquences). Il tua rapidement le premier d’une entière, le second d’un mete y saca suivi d’un estoconazo et d’un descabello – il y eut quelques mouchoirs.
Sensationnel le bouillant De Castilla qui se paya le luxe de débuter sa première faena à genou au centre de la piste. Le Vega Texeira ne s’en laissait pas conter, mais le Bogotano à l’aise dans ces oppositions brutales sut dompter la fougue de l’opposant et l’embarqua dans de belles séries à mi-hauteur. Il termina par des manoletinas qui firent monter le thermomètre et tua d’une entière récompensée justement. Il ne s’est pas dégonflé non plus face au quatrième, un monstre de Dolores aux intentions peu claires. Le jeune colombien a du courage, mais aussi un vrai sens de la lidia et comme il tua en deux fois, un pinchazo suivi d’une entière, il partit pour un tour de piste fêté sans arrière- pensées.
Enfin Montero, c’est un cas, un torero atypique qui a entamé une véritable histoire d’amour avec Orthez où il prit l’alternative. Son entrega compense son manque d’expérience et il a sur les bords du gave la côte d’amour. Il sembla assagi face au premier qu’il reçut par une porta gayola puis combattra de manière tempérée sans vraiment convaincre qu’il avait changé. Les manoletinas finales, données de manière originale plurent. Il tua d’une entière et il y eut quelques mouchoirs. Mais au final il s’imposa par son charisme et aussi par son respect des canons de la tauromachie : il plaça parfaitement le toro pour les cinq piques successives, géra avec autorité le tiers de banderilles et effectua une faena sans esbrouffe mais émouvante. Un pinchazo et l’estoconazo du jour. Montero n’a pas manqué son rendez-vous avec Orthez.
Mais le héros du jour c’est bien ce sixième toro « Yuegüizo » de Dolorés Aguirre à la caste débordante. A lui les honneurs du combattant !
CHRONIQUE DE PIERRE VIDAL // PHOTOS PHILIPPE GIL MIR
FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA
Arènes du Pesqué, Orthez. Corrida des Fêtes. Casi Lleno. Toros de Veiga Teixera (2,3,4) et Dolores Aguirre Ybarra (1,5,6).
Président : Mr Maillard
Cavalerie Bonijol. 18 rencontres.
Vuelta al ruedo au toro “Yeguizo” n°40 né en décembre 2020, negro de Dolores Aguirre Ybarra
Gabin Rehabi a reçu le prix du geste taurin de l’après-midi et celui du meilleur tercios de varas.
Francisco Montera a reçu le prix de la meilleure épée
LUIS GERPE (blanc et or) : silence et salut
JUAN DE CASTILLA (nuit et argent) : oreille et vuelta
FRANCISCO MONTERO (rouge et or) : silence après avis et oreille après avis
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