Que cette date du 12 juin 2021 était attendue par les aficionados nîmois désireux de voir l’enfant du pays recevoir l’alternative dans les arènes de sa ville. Les batailles d’officines ont fait que El Rafi a reçu dimanche dernier son doctorat dans les arènes d’Arles pour un succès d’estime notable. Celui de ce soir rappelle que parfois les choses peuvent être bien faites puisque le torero nîmois qui confirmait son sacre devant les siens à triomphé, comme il en rêvait. Comme beaucoup en rêvaient, parfois avec déraison mais toujours avec passion. Après une oreille du toro de la cérémonie, le nîmois a renversé la vapeur d’une terne corrida en coupant les deux oreilles de l’ultime, au demeurant le meilleur de l’envoi.
Antonio Ferrera aura laissé sur le sable nîmois quelques mouvements soyeux et égrainés au plaisir devant son premier. Face au second, fade comme ses frères l’extremeño ne put rien… Juan Ortega n’aura quant à lui pas laissé un souvenir impérissable au respectable public de la cité romaine. Bien que très mal servi par le tirage, le trianero n’a pas semblé totalement à l’aise tout au long de l’après-midi.
Côté bétail, Victoriano del Rio avait soigné l’envoi avec six toros très bien présentés, certains armés et forts mais complètement vides de caste et de race. Fade dans l’ensemble, le lot a déçu à l’exception du sixième et dernier plus mobile et noble.
Petit bémol quant à l’ordre de la course n’ayant pas respecté la coutume… En théorie, Juan Ortega qui comme Rafi venait confirmer son alternative (prise en 2014) aurait du ouvrir l’après midi et ainsi rendre les trastos à Antonio Ferrera au second toro qui ensuite aurait conféré le sacrement au torero nîmois en troisième position.
Le second resta inédit dans les plis de cape d’Antonio Ferrera puis s’en alla renversé le cheval de réserve après une longue poussée sur une corne. Deuxième ration pour une histoire sans lendemain. Après que le Rafi lui est rendu les instruments le maestro de Bunyola inventa une faena majoritairement gauchère qui mis un certain temps à éclore et qui finalement laissa s’échapper quelques instantanées savoureuses. Miraculeuse et incompréhensible mise en route de l’orchestre pendant que Ferrera continuait de s’inspirer sans que l’affaire ne tutoie les sommets tant l’opposition à la devise jaune et noire fut fade. Une inspiration dont manqua terriblement le président de course au moment d’octroyer un pavillon à la suite d’une vilaine lame placée sans exagération au milieu du dos après certes un spectaculaire recibir maison sur plusieurs mètres.
Face au cuarto, Ferrera resta discret à la cape avant de faire charger le fauve depuis l’extrémité du ruedo (dans la largeur) pour une rencontre trasera et en mode carioca. Une seconde sans grandes émotions. Devant un animal décasté, fade et qui opta rapidement pour le clan des vaincus, le matador extremeño tenta de trouver l’ouverture sur quelques mouvements isolés. Ferrera ne put toréer que par demi passes, le plus souvent à mi-hauteur au devant d’un toro dépourvu de toutes velléités digne de ce nom. Trasteo atone, voir ennuyeux par moments faute d’opposition valable.

Le troisième dévolu à Juan Ortega, bas et armé, sortit avec le pied non pas au plancher mais vissé la pédale de frein. Ortega resta inédit à la cape avant que l’animal ne soit lourdement châtié lors de la première rencontre avec le lancier de service. Deux autres rencontres insignifiantes dont une prise de son propre chef. Après le cérémonial de confirmation d’alternative, l’affaire tourna vira au vinaigre, Juan Ortega ne trouvant pas la formule magique pour faire charger un fauve sans race, aplomado et violent. Mort en trois tentatives, trois pinchazos, le bicho se couchant seul.
Le quinto ne permit pas de s’animer ni lors de la réception ni lors d’un tiers de piques qui n’était là que pour le règlement. Pour les émotions on repassera. Bis repetita dans le derniers tiers. Juan Ortega se retrouva vite à cogiter devant un adversaire qui n’avait rien de brillant mais qui n’était pas un diable non plus. Le sevillan signa quelques muletazos que l’on qualifiera volontiers de valables, dans le corte qui est le sien et dans un ensemble pauvre en émotions. Pas vraiment bien dans ses zapatillas, le garçon abrégea les débats d’une entière après pinchazo.
El Rafi, qui avait revêtu pour l’occasion le même costume pétale de rose et or, qu’il portait pour son alternative arlésienne n’eut que peu l’occasion de briller à la cape face au premier de l’envoi. Deux piques pour le règlement avant que Ferrera ne se signale cape en main à la sortie de la seconde rencontre. Le nîmois lui donna la réplique lors d’un joli quite par chicuelinas. Après échange des trastos et un émouvant brindis à son grand-père, le torero local afficha pas mal de décision face à un animal aux charges insipides et doté d’un coup de revers brutal. El Rafi dessina une entame d’un bon niveau conclu par le bas de belle manière. La suite s’avéra plus inégale, face il est vrai à un bicho peu propice au bon toreo et qu’il fallait convaincre d’humilier. Le nîmois égraina sur la gauche quelques mouvements au bon tracé. Même sanction sur la droite, en musique avant retour sur la rive opposé. Conclusion par entière tendida. Oreille généreuse et vuelta chaleureusement fêtée.
Le nîmois salua avec beaucoup d’envie et de brio l’arrivée du sixième par un enchaînement de véroniques et chicuelinas qui réveilla l’assemblée. Après une première pique lors de laquelle l’astado poussa plus que ses frères, El Rafi remporta l’adhésion du conclave lors d’un sublime quite par zapopinas. Rafael Viotti particulièrement brillant banderilles en main fut logiquement invité à salué. Le torero nîmois avait envie de marquer les esprits et réussir son entrée dans l’escalafon supérieur. Face au meilleur toro de l’après-midi midi, et de loin, le local de l’étape débuta tambours battant depuis le centre en donnant trois séries de la droite au joli tracé. Ce qui fit rugir le respectable tout acquis à la cause du garçon. Le Victoriano Del Río, prompt et noble se laissa volontiers embarquer dans l’étoffe sans trop de vices mais sans être non plus l’un de ces toros docile à souhait. Porté par son public , le protégé de Patrick Varin soigna les mouvements gauchers, moins coulés qu’à tribord mais toujours avec une sincérité palpable. Retour à droite pour de nouveaux échanges convaincants avant final par manoletinas puis entière trasera. Une lame efficace qui fit tomber deux oreilles du balcon présidentiel et réclamées à l’unanimité
.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA
Arènes de Nîmes. Samedi 12 Juin 2021. 6 toros de Victoriano del Rio.
Organisation: Simon Casas France
Présidence: Mr Frédéric Pastor assisté de Mrs Quittard et Sola (Peña Ordoñez).
Cavalerie Heyral. 13 rencontres avec la cavalerie.
Poids des toros: 532, 552, 533, 540, 550 et 554.
Juan Ortega a confirmé l’alternative devant le toro « Enamorado » numero 38 né en octobre 2015 de 533 kilos.
El Rafi a confirmé l’alternative devant le toro « Impuesto » numero 2 né en mars 2016 de 532 kilos.
Salut du banderillero Rafael Viotti au sixième.
ANTONIO FERRERA (bleu de France et or): oreille et silence
JUAN ORTEGA (groseille et azabache): silence et division d’opinions
EL RAFI (pétale de rose et or): oreille après avis et deux oreilles
Commentaires récents