Borja Jiménez fait partie de ces toreros qui sont aux portes de la gloire. Il est de ces toreros qui aspirent à devenir figura. Sur le papier, le défi qu’il s’est lancé à Nîmes a tout d’un véritable évènement. Pour l’occasion il confirmait l’alternative dans une arène de première catégorie en affrontant seul six toros du mythique fer de Victorino Martin. Le genre de paris qui peuvent faire basculer une carrière. Malheureusement, le pari se transformera, tout au long de l’après-midi, en un véritable fiasco. On a l’habitude de dire et de lire que pour que la corrida soit bonne il faut la rencontre de trois éléments indispensables : le toro, le torero et le public. Cet après-midi, aucun des trois n’a véritablement été à la hauteur.

Les toros premièrement. La corrida de Victorino Martin n’a pas respecté les attentes que peuvent avoir les aficionados lorsqu’ils se déplacent voir un lot de cet élevage si reconnu. A presque aucun moment nous avons ressenti l’émotion que peuvent procurer les Victorino. Quatre des six exemplaires sont sortis fades, faibles, sans aucune saveur. Faisant s’installer l’ennui dans les gradins. Le deuxième était un toro dangereux, à la charge courte et se défendant dans la muleta. Difficile, mais avec un petit goût piquant. C’est le moins que l’on puisse attendre d’un toro de Victorino. Le troisième quant à lui a été le meilleur toro de la course. Il a offert au seul matador du jour une bonne quantité d’embestidas agréables et profondes à un rythme qui permit à Borja d’effectuer une faena de qualité.

Le torero d’Espartinas aura été digne tout l’après-midi. Muleta en main il a fait l’effort à chaque toro pour essayer d’en tirer le maximum. Le moment le plus émouvant de l’après-midi arrivera dés le premier toro avec la très jolie cérémonie de confirmation d’alternative donnée par le maestro Espartaco et le frère de Borja, Javier Jiménez, habillés tous les deux en civils. Pour ce qui est du reste…Borja donna une faena très intéressante à son troisième adversaire, il tint tête avec dignité et fermeté à son deuxième…mais malheureusement il souffrit cruellement d’un manque de répertoire tout au long de la tarde. Impossible d’espérer rentrer dans les mémoires des encerronas sans faire aucun quite de toute l’après-midi, sans tenter de relever et renverser la corrida alors que le fiasco pointait le bout de son nez. Au sixième il fit un dernier effort, dans un élan de désespoir alors qu’il avait déjà l’épée de mort en main et que le public vociférait dans les gradins de façon irrespectueuse.

Car en effet, le public n’a pas vraiment joué son rôle jusqu’au bout cet après-midi et lui aussi a raté son rendez-vous avec Borja Jiménez. Les moqueries, cris ou autres chants de générique d’Intervilles ne sont pas les bienvenus lorsqu’un homme se joue la peau au milieu de la piste face à six toros de Victorino. Il y a plein de façons de montrer son mécontentement dans des arènes, le manque de respect et la moquerie n’en font pas partie.

Vous l’aurez donc compris, comme lors d’un rendez-vous galant manqué, nous avions vite compris, cet après-midi, qu’il n’y aurait pas d’alchimie.

FICHE TECHNIQUE


Arènes de Nîmes. Feria de Pentecôte 2025. 2/3 d’arène. Temps ensoleillé et chaud. Corrida de toros. Toros de Victorino Martin, bien présentés, fades et faibles dans l’ensemble, noble et avec de la classe et un bon rythme le 3e
Présidence : M.Laurent Burgoa, assisté de Mme.Idoux et M.Crudo
Poids des toros : 517, 536, 540, 526, 512 et 512 kg
Cavalerie Heyral. 12 rencontres.
Borja Jiménez a confirmé son alternative des mains du maestro Espartaco et de son frère Javier Jiménez.

BORJA JIMENEZ (lilas et or) : Silence, silence, applaudissements, silence, silence et silence.

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