Le valencian Nek Romero, qui se présentait en France et Tristan Barroso qui reprenait l’épée après plusieurs semaines de convalescence sont sortis en triomphe du Plumaçon, pour avoir coupé les trophées nécessaires, et généreux, au terme d’une novillada de Cuillé entretenue dans son ensemble et qui a réservé de bons moments.

Le meilleur fut certainement, et de loin la sortie du second de l’envoi « Bandolero », un excellent novillo, brave sous fer, vibrant dans ses charges et qui poussait dans la muleta inexpérimentée de Nek Romero, nouvelle promesse du toreo valencian qui, il faut le dire est resté en dessous de l’excellente condition du Cuillé. Un animal prompt dans ses assauts à la pique, où il fut somme toute mal capté, puis face aux banderilleros et enfin dès les premiers cites au dernier tiers. Hélas, par manque de recours, Nek Romero a trop vite raccourci les distances alors que le cornu demandait au contraire de respirer d’avantage et de s’élancer de plus loin. Un final par manoletinas vint apporter un peu plus de crédit à la partition du garçon. Pinchazo puis entière, une oreille généreuse en récompense et un tour de piste légitime au Cuillé, qui aurait peut-être mérité meilleur sort…

J’ai davantage préféré le second passage de valencian, devant un animal de moindre note, noble mais qui transmettait peu et qui se décomposa à mi faena cherchant, comme beaucoup de ses frères la sortie vers les tablas. Faena de menos a mas au tracé gaucher supérieur avant lame entière précédée d’un pinchazo.

La matinée ensoleillée du Moun avait débutée avec Solalito. Le futur matador nîmois s’attira les premiers applaudissements matinaux avec une bonne reception capotera. Préservé à la pique, le Cuillé fut ensuite banderillé avec allégresse et précision, dans le berceau des cornes, Solalito se voyant justement ovationné pour son office. Muleta en main, le nîmois signe une faena bien débutée de la droite, le noble Cuillé répondant bien aux sollicitations, malgré quelques derrotes intempestifs. Bien réglé à droite « Guitarista » fut ensuite admirablement embarqué dans plusieurs naturelles finement tracées, trouvant un écho des plus favorables sur les travées. Final par naturelles de face. Lame tendida tardant à faire son œuvre limita la récompense en une vuelta, qui compte tenu des trophées attribués ensuite aurait peut-être méritée de l’être avec une oreille en main.

Le manso de gala sorti quatrième, salué par larga arodilladas puis correctement piqué en deux rations, banderillé avec brio s’est ensuite complètement fermé devant la muleta de nîmois en filant fissa aux planches, brisant en mille morceaux les illusions de Solalito.

Dans les arènes de sa ville, et avec un public tout acquis à sa cause, Tristan Barroso s’est d’abord signalé par quelques véroniques notables devant le commode troisième, piqué deux fois sans style. Un manso, noble mais en manque de poder qui passa sans véritables ambitions dans la muleta du garçon qui s’évertua à chercher l’ouverture. Quelques bons échanges sur les deux mains et des remates de bon gout à mettre au crédit de Tristan qui liquida le bicho d’une lame en place. Pétition d’oreille non suivie d’effet a juste titre.

L’ultime fut salué d’une larga cambiada de rodillas puis capoteo dynamique par véroniques et chicuelinas. RAS à la pique, avant que Solalito n’intervienne pour quite del perdon « de oro » superbement exécuté. Entame par rodillazos suivie de deux belles séries droitières, le torero montrant son élégance muletera face à un Cuillé se décomposant peu à peu. Faena supérieure aux velléités du bicho, terminant par séquences gauchères calibrées dans le terrain des tablas. Bonne prestation d’ensemble du garçon qui connecta sans peine avec les étagères. Final par bernardinas avant entière caida. Deux oreilles, généreuse la seconde…

Six novillos de Cuillé bien présentés, lourds et sérieux de tête à l’exception des 3 et 4 plus commodes. D’une bonne présence sous le fer en général, bravitos puis maniables, nobles bien que mansos. Meilleur, de très loin le grand second primé d’un tour de piste posthume.

FICHE TECHNIQUE DE LA NOVILLADA

Arènes du Plumaçon, Mont-de-Marsan. Fêtes de la Madeleine. ¾ d’arène. 6 novillos de Cuillé.

Président : Jean-Christian Dabadie

Cavalerie Bonijol. 12 piques.

Vuelta al ruedo posthume au 2eme « Bandolero » n°7 né en avril 2020.

SOLALITO (nuit et or) : vuelta et saluts

NEK ROMERO (noir et or) : oreille et oreille

TRISTAN BARROSO (azur et azabache) : vuelta et deux oreilles

Compte rendu Pierrick Charmasson / Photos Philippe Gil Mir

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