La France taurine qui regorge de talents … Une bonne nouvelle qui n’en ai finalement pas une, pour certains en tout cas, et qui une fois de plus s’est vérifiée ce samedi soir dans les arènes du Palio à Istres. Dans le rang des piétons d’abord où tous ont prouvés, avec plus ou moins de réussite qu’il faudrait compter sur eux et avec eux dans un futur que l’on imagine très proche. Du côté ganadero aussi, où la qualité des toros élevés sur le sol français n’est plus a démontrer mais seulement à laisser éclater aux yeux de tous et dans panorama plus étoffé. Côté empresarial également, car il faut féliciter les arènes d’Istres d’avoir offert une place de choix aux professionnels tricolores.

Cette tarde a débuté par une minute de silence en l’honneur de l’épouse du maestro “Jerezano” décédée récemment. Le torero de Jerez fut ensuite honoré en piste alors que Juan Jose Padilla, lui aussi membre du jury fut excusé pour quelques minutes de retard.

Thomas Dufau salua l’arrivée du premier, de Cuillé, par une larga cambiada de rodillas puis capoteo contrarié. Une seule rencontre avec le groupe équestre sans style particulier. Après avoir brindé au public, Thomas Dufau proposa une partition méritant la mention conclue par entière efficace au premier envoi. Le torero landais torea bien sur la rive d’où provinrent les meilleurs passages en toréant à  mi-hauteur un animal noblon mais juste de forces. Après un essai à gauche au résultat inégal, Thomas vint parachever son acte par manoletinas avant de mettre fin à la vie publique du pensionnaire du Grand Badon. 

Andy Younes distilla face au Pages-Mailhan quelques lances de bon goût avant que l’astado à la devise azur et blanche ne pousse avec entrain le groupe équestre. L’arlésien proposa ensuite un bon quite qui mis les travées dans de bonnes dispositions. Le torero d’Arles qui brinda au public ,eut le bonheur de croiser la route d’un adversaire idoine. Noble, brave et vibrant dans ses charges, le toro des Jasses de Bouchaud permis au jeune maestro de proposer un trasteo de très bonne facture débuté depuis le centre par cambio por la espalda. Absent des ruedos depuis de longs mois, comme beaucoup de ses compagnons de cartel, Andy est apparu avec une rage de vaincre saisissante qui toucha les travées tout au long de la faena. Le protégé de Fernandez Meca s’est affairé sur les deux rives dans un trasteo sérieux, varié et adapté à l’excellente condition du cornu avec une préférence personnelle pour les passages droitiers de meilleur ton. Un labeur qui enchanta le public local qui réclama avec force les deux oreilles synonyme de Puerta Grande ainsi que la vuelta al ruedo pour l’excellent et bien nommé “Idylle”. Accordées, les deux car méritées. 

Leo Valadez eut à en découdre avec un Fernay offensif et armé, bien salué à la cape. Une seule rencontre lors de laquelle l’astado s’est employé avant quite spectaculaire de l’aztèque par zapopinas ajustées. Leo Valadez partagea ensuite la pose des bâtonnets avec Jesus Enrique Colombo pour un tiers enjoué. Le mexicain dédia son combat au novillero Manuel Perera puis tenta de prendre la mesure d’un client sérieux, qui tourner court dans l’étoffe et jouait du chef avec virulence. Léo Valadez arracha quelques muletazos valables dans un ensemble morne et pauvre en émotions. Final par manoletinas de rodillas puis estoconazo au deuxième envoi. Vuelta 

Jesus Enrique Colombo salua par quelques harmonieuses véroniques l’arrivée du Jalabert sorti avec le dossard numéro 4, astifino, peu piqué lors de la seule rencontre. Le vénézuélien se distingua ensuite lors d’une pose enjouée des banderilles avec une dernière paire spectaculaire, au violon dans le berceau des cornes. Ce fut à peu près tout tant la faena, brindée Manolo Vanegas, s’avéra brouillonne et dépourvue d’émotions face à un animal manquant de vibrations et qui par moments chassait l’homme de ses cornes. Le vénézuélien se démarqua par quelques scories et desplantes racoleurs. Colombo coupa toutefois une oreille après un coup de canon d’effet rapide. Chiche. 

Adrien Salenc déclencha d’élégantes véroniques à réception du quinto, de Marge qui par la suite fut piqué à une seule reprise sans excès de style. Le nîmois proposa ensuite une faena solide et consistante, brindée à Antonio Ferrera face à un astado intéressant mais aux forces déclinantes, meilleur sur la rive droite d’où provinrent les meilleurs séquences. Face à un animal qui sortait tête haute de chaque muletazos, Adrien Salenc se montra habile et poderoso et tira son épingle du jeu sans trop de difficultés. Le nîmois sécha ensuite avec les instruments et eut à se contenter d’une chaleureuse ovation.

Tibo Garcia, qui clôturait la séance n’eut pas le bonheur de partager la danse avec la plus élégante. Un astado de Rolland Durand, harmonieux de gabarit, exigeant et qui ne rendit pas la partie facile au nîmois. Après un brindis au respectable, Tibo Garcia s’évertua à soumettre un adversaire à la mansedumbre avérée laissant le protégé du duo Cabanis-Almeras sans guère d’options de brio. Soutenu en musique, le natif de Nîmes distilla une poignée de muletazos au fin tracé dans un ensemble de peu d’émotions faute de matière première. Final dans un terrain réduit avant entière légèrement plate et un grand coup de descabello.

Sans surprise et à l’unanimité le jury a décerné le premier à Andy Younes qui aura donc l’honneur de confirmer son alternative dans la Monumental de Mexico et fin d’année. Thomas Dufau et Leo Valadez pour les 2eme et 3eme récompenses gagnent quant à eux leur billet pour la corrida du 1er aout au Palio lors de laquelle ils partageront l’affiche avec Adrien Salenc face à 2 Concha y Sierra et 3 Margé.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes du Palio, Istres. Samedi 19 juin 2021. Corrida de Los Tres Caminos. 1500 spectateurs environ (jauge limitée). 6 toros des ganaderias françaises du Grand Badon (Cuillé), Pagès-Mailhan, Fernay y sus hijas, Jalabert, Margé et Rolland Durand.

Présidence:

Cavalerie Bonijol.

Poids des toros: 470, 460, 500, 502, 460 et 460.

Les matadors de toros Thomas Dufau, Andy Younes, Leo Valadez, Jesus Enrique Colombo et Tibo Garcia effectuaient leur présentation au Palio en qualité de matador de toros.

Vuelta al ruedo posthume accordée au toro “Idylle” numéro 60, né en mars 2017 de 460 kilos de Pagès-Mailhan.

THOMAS DUFAU (bleu nuit et or): oreille

ANDY YOUNES (crème et or): deux oreilles

LEO VALADEZ (turquoise et or): vuelta

JESUS ENRIQUE COLOMBO (ciel et or): oreille

ADRIEN SALENC (rouge feu et or): ovation

TIBO GARCIA (blanc sur blanc): ovation

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