Désormais solidement ancrée dans la programmation istréenne, la corrida charra mexicaine qui clôturait le cycle avait rassemblé la foule des grands jours puisqu’un nouveau « No hay billetes » pouvait être fièrement arboré sur les murs d’enceinte du Palio à l’heure où retentissait les premières notes à consonnance aztèque sur les bords de l’Etang de Berre. Un plein absolu, le deuxième en trois jours de feria qui fut la véritable satisfaction de l’après-midi puisqu’en piste tout ne s’est pas totalement passé comme espéré.
La faute, en grande partie aux toros de Victoriano del Rio, décevants tour à tour par manque de chispa, de race et de fond. Bien présentés, exception faite au 1er astifino mais plus chétif, la plupart s’en allèrent sans sourciller se mesurer à la cavalerie, notamment les 1 et 3 monopiqués et surtout l’ultime, agressif et violent qui envoya canaçon et cavalier au tapis à la première prise puis qui éjecta de nouveau Alberto Sandoval de son bolide. Meilleurs dans le dernier tiers le noble 1er, a un degré moindre le second, mobile mais fade. Compliqué le 3, désagreable le 4, manso perdido le 5 et violent le 6.
Sebastien Castella débuta face à un animal bien toréé par chicuelinas puis admirablement doublé sur l’entame genou ployé. Le torero de Béziers donna le ton de la soirée, sans outre-forcer son art, face à un opposant noble mais pêchant quelque peu par manque de transmission. Castella, particulièrement précis dans l’usage de la flanelle, débita sur les deux ailes une faena d’intensité soutenue de bout en bout et ponctuée d’une lame en place libérant la première oreille de la course.
Le cuarto, davantage coriace voir récalcitrant, chargeait sans classe en se montrant violent dans ses attaques, le biterrois se montra parfois impatient, irrité et parfois précipité, ne parvenant pas à faire rompre totalement le cornu. Au son de “Ciudad de Monterrey” le maestro français signa toutefois quelques bons échanges isolés avant de sécher à la conclusion.

Au son du “Concierto de Aranjuez”, Daniel Luque a distillé une première faena de « maitre torero », complétant le manque de vibrations palpable du cornu par un engagement de tous les instants, faisant office de son toreo puissant, en plénitude au point de faire oublier sur une immense série de luquecinas, le peu d’entrain de son opposant. Final au fil des cornes avant lame un poil contraire ouvrant la voie à un grand coup de descabello.
Le quinto montra d’emblée son côté manso, ne permettant rien à cape et son montrant très discret sous le fer. Avant même que le torero andalou ne l’invite à partager le bal, le bicho plia les gaules en se refugia le long des tablas sans jamais ne daigner en sortir. Ni una pase ! Estocade en deux temps puis descabello.

La première faena du torero mexicain Leo Valadez résulta sans réelles vibrations. Allègre à la cape sur la réception puis sur un joli quite par chicuelinas, le torero d’Aguascalientes proposa une œuvre majoritairement droitière, sans fulgurances ni émotions, parfois superficielle, au-devant d’un animal mobile, mais désagréable et aux coups de casque intempestifs. Un joli final par bernardinas fit remonter la note qui baissa de nouveau, la faute d’une lame contraire nécessitant l’usage du descabello.
Emotions enfin, bien que contrastées avec l’ultime. Un toro qui mit en déroute les piétons et qui envoya valser picador et monture à la première rencontre. A la deuxième il ejecta de nouveau le picador Alberto Sandoval qui fut ovationné à sa sortie. Le torero mexicain eut la bonne idée de surfer sur l’émotion ambiante signant d’abord un magistral quite par zapopinas avant d’instrumenter une faena de haute lutte, hâchée au fil des planches face à un animal retors, qui cherchait la fuite et particulièrement avare de bonnes intentions. Un coup de canon envoya dans l’au-delà le Victoriano del Rio et Léo Valadez par la Grande Porte pour avoir été récompensé de deux oreilles, généreuse la seconde.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA
Arènes d’Istres. No hay billetes. Ciel voilé puis gris et menaçant sur la fin. 1 toro de Toros de Cortes (1) et 5 de Victoriano del Rio.
Présidence : Mr Cervantes assisté de MM Raoux et Degioanni
Poids des toros : 505, 515, 530, 510, 510, 530.
Cavalerie Bonijol. 7 piques
Salut du banderillero Rafael Viotti au 4eme.
SEBASTIEN CASTELLA : oreille et silence
DANIEL LUQUE : oreille et silence
LEO VALADEZ : silence et deux oreilles
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