Daniel Luque et Borja Jimenez sont les premiers triomphateurs de la Feria d’Istres 2024 ! Les deux toreros andalous sont sortis en triomphe des arènes du Palio pour avoir respectivement coupé 3 et deux oreilles des toros de Jandilla et Vegahermosa (même maison).

Arène quasiment pleine à l’heure du paséo malgré un ciel menaçant, et qui allait se noircir encore bien plus quelques heures après la fin de cette première corrida du cycle avec l’annonce du décès du photographe et ami Jean-Claude Carbone. Discret autant que marquant par sa gentillesse et sa bonhomie, pointure parmi les pointures de la profession, son sourire manque et manquera à tous ceux qui l’on croisé un jour. Repose en paix, Jean-Claude.

Six toros de la maison Jandilla donc, trois du fer à l’étoile (1,2 et 6) et trois de Vegahermosa formant un lot équilibré, modeste de charpente et d’armures. Monopiqués, les 2 et à un degré moindre les 3 et 4 furent braves sous le fer, anodin dans l’exercice le 1, violent le 5 et sortant seul le 6. Dans le dernier tiers, tous et sous divers degrés de tempérament ont donné du jeu. Meilleurs les 1,2, 3 et 4, développant de la classe et une certaine transmission, plus retors le 5, exigeant et avec de la caste le 6.

Daniel Luque s’est affairé dès l’entame à salué avec une douceur infinie l’arrivée du premier, par un capoteo suave et profond, donné par véroniques coulées et un savoureux remate. Muleta en main, le début de faena est un modèle de lenteur et de temple. Conduisant la charge à la ceinture, et en y mettant les formes, le sévillan dessine sur la droite plusieurs séquences d’une très grande profondeur avant de se montrer beaucoup plus ferme et dominateur sur la rive opposée avec d’avantage de puissance. Une faena au presque parfait. Condesinas éxécutées avec justesse, l’œuvre culminant lors d’un final par luquecinas dans un mouchoir de poche. Lame tombée tardant à faire son œuvre. Oreille

Toréant dans un fauteuil, le torero de Gerena se montra une fois de plus parfaitement précis avec la percale, avant la prise de fer réglementaire. Muleta en main, le sevillan se montra particulièrement doux et précautionneux devant un Vegahermosa de grande classe mais légèrement handicapé de la patte arrière gauche. Faena moelleuse à droite, d’intensité croissante, le maestro de Gerena baissant davantage la main à bâbord pour y dessiner d’amples et profondes naturelles. Nouveau final par luquecinas avant lame portée au ¾ et un coup de descabello. Deux oreilles…

Thomas Joubert a brindé aux travées une première faena marquée par cette recherche si pure de la verticalité dont le garçon à le secret. Très exposé face à un toro de Jandilla avec beaucoup de fond, notamment dans l’exécution de grandes naturelles de face, l’arlésien fut pris très spectaculairement, heureusement sans mal. Retour droitier d’une grande sincérité avant échec répété à l’épée.

Son second, qui avait moins de qualité de noblesse et de fond opposa au torero d’Arles un combat étriqué, parfois violent dans la première partie de faena. Un toro soso et tournant court dans l’étoffe auquel Thomas Joubert offrit ses fémorales dans un souci de s’imposer de tous les instants. A base de patience, l’arlésien parvint a embarqué le Jandilla dans plusieurs tandas droitières de belle note puis une puissante série de naturelles. De l’engagement jusqu’aux manolotinas bien exécutées. Véritable espadazo sin puntilla en conclusion, pour une oreille de valeur octroyée après une belle pétition populaire.

Pour Borja Jimenez, l’objectif était de confirmer ses triomphes madrilènes à l’occasion de sa présentation en France en qualité de matador. Mission accomplie pour le torero d’Espartinas qui quitte les bords de l’Etang de Berre avec les deux oreilles de son premier Vegahermosa. Face au toro le plus fin de l’après-midi, le sévillan s’est abord distingué à la cape puis en s’accommodant parfaitement de la charge vive et de la classe de son opposant à la profondeur de charge idéale. Du temple et de la profondeur dans une faena bien calibrée, exécutée avec beaucoup de justesse et qui porta sur les travées jusqu’au final près des tablas en se ployant. Demi-lame hémorragique et deux oreilles. La deuxième contestée.

L’andalou s’est ensuite évertué à canaliser les charges encastées et parfois abruptes de l’exigeant sixième dans une faena de menos a mas, en prenant le meilleur sur le Jandilla dans une deuxième partie de faena maitrisée et dans un terrain réduit. Hélas un échec répété à l’épée ôta tout espoir de succès..

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes du Palio, Istres. Quasi plein. Ciel voilé. 3 toros de Jandilla (1,2 et 6) et 3 Vegahermosa.

Présidence : Mr Buttet assisté de MM. Raoux et Floret

Poids des toros : 530, 520, 490, 500, 505, 500.

Cavalerie Bonijol. 6 rencontres.

DANIEL LUQUE (de rouille et d’os) : oreille et deux oreilles après avis

THOMAS JOUBERT (bleu et or) : saluts après avis et oreille

BORJA JIMENEZ (vert empire et or) : deux oreilles après avis et silence après avis

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