Un ciel limpide et la chaleur estivale accompagnaient l’ouverture de la Feria d’Istres ce vendredi, sur les rives de l’Etang de Berre. L’organisation, menée par Bernard Marsella, eut la judicieuse idée d’ajuster l’horaire de la corrida de 30 minutes, facilitant l’arrivée d’un public nombreux qui garnit en pleoin les travées du Palio.
Initialement attendus, les toros du Curé de Valverde durent être remplacés, conséquence des aléas du campo. Ce changement amena un lot mixte, composé de trois toros des Héritiers de Yonnet et de trois autres de Montealto. L’ensemble, bien présenté dans son ensemble, offrait une variété morphologique et de comportement méritant la mention. Massif et spectaculaire le 1er Yonnet, harmonieux le 4e Montealto, plus modestes de gabarit les 3e et 5e, sans pour autant déparer.
Au cheval, si l’ensemble n’engendra que peu d’émotions, le 4e exemplaire de Montealto marqua les esprits, en livrant trois assauts successifs, dont un – en partant du centre – conclut par une poussée appuyée démontrant bravoure et transmission. Dans le troisième tiers, tous à l’exception du 1er — compliqué et sans fond —, offrirent des options notables. Le 5e, particulièrement fixe, noble et profond, fut le plus complet du lot dans l’exercice. Le 4e, quant à lui, montra de la classe et de belles qualités de répétition malgré une nette propension à fuir vers les tablas. Les Yonnet, en 2e et 3e positions, furent maniables, et nobles malgré un leger manque de classe, ce que les toreros surent compenser par l’engagement ou l’habileté. L’ultime, sérieux et encasté demandait à être dominé avec métier.
Manuel Escribano debute devant un véritable torazo, haut et armé, bravito sous la morsure du fer pour un tiers écourté du fait du manque de forces du Yonnet. Faena écourtée en deux temps trois mouvements, l’andalou ne cherchant guère à rentrer dans le terrain de ce Yonnet. Lame habile, suivie d’une véritable débâcle au descabello.
Son second, un Montealto magnifique s’engouffre d’emblée dans de bonnes veroniques de réception avant un bon tercio de piques en trois actes. La seconde sans être piqué et une troisième en partant de loin. Après s’être chargé, seul, du tercio de banderilles, le sevillan va profiter de l’excellente condition de “Cisquero”, noble a souhait et d’une charge vibrante, pondérée cependant par une fâcheuse tendance à chercher la sortie vers les tablas. Faena d’un meilleur effet sur la rive gauche, parfois un poil raccoleuse mais d’une bonne impression d’ensemble. Entière trasera et tombée, longue d’effet suivie d’un coup de verdugillo. Oreille et vuelta généreuse au toro…
Jesús Enrique Colombo salua d’un capoteo soigné l’arrivée de son premier de Christophe Yonnet, bien fait et harmonieux, brave au cheval en deux assauts, à chaque fois en s’élançant depuis le centre, et en s’employant davantage à la seconde ration. Nouveau tercio de banderilles partagé débouchant sur une ovation. Muleta en main, le toreo souvent périphérique du vénézuélien ne m’a que peu touché. Toutefois, Colombo a su profiter d’un Yonnet maniable et mobile et au profil plus agréable sur la corne gauche, laquelle n’a pas, à mon gout, été pleinement exploitée. Final par manoletinas puis espadazo. Oreille et applaudissements nourris au Yonnet.
Son second est une véritable bondieuserie de noblesse et d’une mobilité à toute épreuve. Préservé au cheval, le Montealto va se livrer sans retenue et avec beaucoup de classe dans la muleta d’un Colombo qui s’est évertué à livrer un toreo populaire et souvent profilé, restant bien en deçà des grandes qualités du bicho. Épée portée avec engagement, résultant tombée et débouchant sur un violent accrochage. Épée habilement retirée dans la panique, pour n’y voir que du feu, ou presque. Deux oreilles, contestable la deuxième et grande ovation au toro.
Solal lidia por fuera le troisième, du fer de Yonnet, qui s’élança sans sourciller lors d’une unique rencontre avec le groupe, et sans guère s’y employer. Nouveau partage des bâtonnets et nouvelle ovation pour la terna. Le torero nîmois livre ensuite une faena essentiellement droitière mais fort bien menée au devant un animal mobile et encasté, avec une certaine transmission. À gauche le Yonnet et plus retors et décoche plusieurs mouvements de têtes intempestifs réduisant à néant les intentions du nîmois. Bonne épée et oreille glanée au mérite.
Face au dernier toro de l’après-midi, bien présenté et haut, Solal affirma ses intentions, puis, après un tiers de banderilles animé, il engagea une entame arrodillada qui donna le ton. La faena prit son rythme sur la rive droite, où le torero nîmois sut extraire le meilleur de son adversaire. À gauche, le toro révéla ses exigences, et Solal fit alors preuve de décision, construisant une faena allant a más, avec, sur le retour de bons passages droitiers qui portèrent sur les travées. Adornos de bonne note puis final par manoletinas bien ajustées qui précéda une estocade entière, fulminante. Le président accorda les deux oreilles d’un triomphe précieux pour le moral du jeune torero de Nîmes.
Sortie à hombros finale de Jesus Enrique Colombo, Solal et le mayoral de Montealto
FICHE TECHNIQUE
Arènes du Palio. Plein. Grand soleil, chaleur caniculaire. Toros de Yonnet (1,2,3) et Montealto.
Présidence : Mr. Dagnan assisté de Mr. Abid et Mr. Raoux
Poids des toros : 585, 490, 480, 520, 490, 540.
Cavalerie Bonijol. 9 rencontres.
Vuelta al ruedo au quatrième toro “Cisquero” né en février 2020, colorado de 520 kgs.
MANUEL ESCRIBANO (rouge et or) : sifflets après avis et oreille après avis
JESUS ENRIQUE COLOMBO (vert et or) : oreille et deux oreilles
SOLAL (blanc et azabache) : oreille et deux oreilles
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