On a craint le pire, longtemps, compte-tenu des annonces météo exécrables sur tout l’arc Méditerranéen dès le début de matinée. Finalement, la novillada piquée du traditionnel Trophée du Tastevin d’argent a bien eu lieu, avec un paseo retardé de 20 minutes et sous un ciel clément passant de voilé à orageux jusqu’à ensoleillé, cagnard inclus.
De cette novillada matinale sont sortis triomphant le « local » Christian Parejo désigné vainqueur du 32eme Tastevin d’Argent, et Lalo de Maria avec deux oreilles chacun dans l’esporton.
Pour l’occasion avait été sélectionné six exemplaires portants les fers de ganaderias françaises, pour un résultat irrégulier, tant dans la présentation que dans le comportement global des six utreros, tous discrets à l’épreuve des piques à l’exception du 3eme, de Margé qui poussa sur une unique rencontre, anormal me semble-t-il dans une arène dite de première catégorie. Hors type habituel de la maison le 1er de Yonnet, brocho et haut, noble mais juste de forces et de fond. Bien roulé, bravito et d’un bon fond de noblesse le Roland Durand (2), plus modestes les exemplaires de Pagès-Mailhan, querenciado malgré une légère noblesse, et du Camino de Santiago, manso et violent. Bien fait et armé l’ultime de San Sebastian qui a manqué de forces pour pouvoir s’exprimer. Plus complet et de loin le Margé (3e), haut, charpenté et armé, qui s’employa sur une unique rencontre avant de se montrer bravito et noble face au leurre.
Jorge Martinez donna le coup d’envoi de la matinée devant un Yonnet, salué par larga cambiada de rodillas, vuelta de campana et la demie. Deux piques sans rien à signaler avant que le murciano ne brinde à Sebastien Castella une faena de peu de ton, relevée par quelques derechazos notables au-devant d’un animal noble mais de peu de forces. Trasteo qui transmit peu, frôlant l’ennui. ¾ de lame tombée.
Son second, de Pagès-Mailhan fut honoré de quelques bons capotazos rodillas en terre avant de pousser brièvement sur une unique rencontre. Brindis aux travées d’une faena d’altibajos face à un animal exploitable sur quelques séries d’entame mais qui faussa rapidement compagnie au murciano pour gagner le terrain des tablas. Au fil des planches, Jorge Martinez exploita la pointe de noblesse du novillo à la devise azur et blanche sur les deux ailes. Musique tardive et inappropriée pour un labeur atone, qui ne passa jamais la rampe et conclu par luquecinas, désarmé et entière tombée. Oreille toute chiche après pétition majoritaire.

En quasi local de l’étape, Christian Parejo était attendu par le public de sa ville d’adoption. Devant un Rolland Durand bien fait et mobile, le chiclanero signa une reception par chicuelinas, lidia por fuera puis demie de cartel. L’astado s’employa brièvement à la première rencontre avant second assaut pour faire le nombre. Quite avorté de Lalo de Maria auquel répondit brillamment Parejo par tafalleras. Accroché après un début par statuaires, le protégé de Thomas Cerqueira édita un trasteo sérieux et important se montrant très entreprenant devant un animal loin d’être commode, brave et noble. Plusieurs séquences allurées sur les deux bords captant les travées puis culminant sur la gauche avec trois séries de naturelles ciselées avec autant de pouvoir que de bon goût. Final droitier en baissant la main puis estocanazo porté avec sincérité au centre du ruedo. Deux oreilles réclamées avec force et ô combien méritées.
Face au quinto, Christian Parejo n’eut que peu le loisir de s’exprimer devant le peu de caste déployé par un Camino de Santiago au gabarit modeste. Belle entame par statuaires et passe cambiada après un brindis à Sebastien Castella. Face à un utrero mirón, violent et à la charge courte le chiclanero fut souvent accroché, sans gravité par un utrero qui ne voulait rien savoir. Circulaires inversées pour le final puis estoconazo.

Lalo de Maria salua l’arrivée de son premier adversaire de Margé par larga cambiada de rodillas puis véroniques bien ciselées. 1 seule pique prise avec bravoure et en mettant les reins. Le protégé de Jose Antonio Campuzano signa une entame muletera par de bons doblones et profita ensuite de la noblesse et de la mobilité du Margé pour échafauder un trasteo de bon ton sur les deux mains, montrant abnégation et volonté couplé à un gestuelle admirable sur plusieurs séquences. Accompagné par la bande, Lalo de Maria se distingua par le tracé de ses naturelles avant de conclure d’une lame en place. Deux oreilles réclamées avec force, la deuxième un soupçon généreuse.
L’ultime, de San Sebastian fut salué par de bonnes véroniques avant d’être confié au groupe équestre pour une unique rencontre à l’économie. Début par rodillazos, puis faena d’inégale intensité, volontaire mais de peu d’échos devant un novillo noble mais juste de forces, perdant parfois les mains ce qui ne permit pas au garçon de lier. Pinchazo puis atravesada.

FICHE TECHNIQUE DE LA NOVILLADA
Arènes de Béziers. Feria 2022. Novillada du Tastevin d’Argent. 1/4 d’arène. 6 novillos de Yonnet, Roland Durand, Margé, Pages-Mailhan, Camino de Santiago et San Sebastian.
Cavalerie Bonijol. 8 rencontres.
JORGE MARTINEZ : saluts et oreille
CHRISTIAN PAREJO : deux oreilles et ovation
LALO DE MARIA : deux oreilles et silence après avis.
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