La tauromachie n’intéresserait plus … Et la meilleure réponse à cette question que je ne me pose pas, c’est le public arlésien qui y a répondu en ce samedi de Semaine Sainte puisqu’à l’heure de paseo, l’amphithéâtre romain affichait le plein presque absolu, à une dizaine de billets d’entrée près. D’ailleurs la forte affluence aux portes du vaisseau força le report du paseo de quelques minutes. A Arles on fêta le retour des toros en fanfare, avec une Marseillaise qui de par son “entrega maxima” ferait pâlir le chœur républicain.  

“Maxima espectación en los tendidos”, en témoigne l’immense ovation réservé à Sébastien Castella pour son retour en France, pour la première fois depuis son retrait des pistes voilà deux ans. Un retour, en dépit du résultat final de cette après-midi, qu’il faut savoir qualifier de miraculeux quand après une grave blessure aux vertèbres, les médecins spécialisés recommandaient deux mois minima de repos. 20 jours plus tard, Sebastien Castella était là. Chapeau bas.  

L’effervescence également de retrouver en Provence, le numéro actuel de la discipline. Andres Roca Rey qui n’a pas failli à sa réputation et à la forme qui est la sienne depuis le coup d’envoi de la temporada. Un mastodonte de torero qui est passé à pas de géant sur cette après-midi de toros. Magistral de bout en bout, le péruvien à laissé bouche bée, même les aficionados les plus raides, par son intelligence et sa lenteur dans la construction de ses faenas. Une meltin pot de panache, de pouvoir, de décision. Un compositeur qui donne l’impression de ne jamais “subir” le toro, avec cette force, a contrario d’en extraire tout le suc et de transformer les ronces en tulipes.  

Pour arbriter la partie, six toros de La Quinta, correctement présentés, conforme au morphotype de leur encaste et sans excès de poids ni de cornes. Plus commode d’armures le 2, astifinos les 3 et 6. L’ensemble se montra discret à l’épreuve des piques, exception faite aux 4 et 5 davantage investis. Tous furent maniables dans les derniers tiers sous divers degrés de noblesse et de caste, meilleurs pour le toreo les 1, 2 et 4. Exigeant et enracé le 6, violent par moments le 5.  

Le diestro péruvien a coupé la première oreille de la tarde devant “Barquero” après une faena en deux temps, bien remontée dans la deuxième partie notamment dans un final prodigieux de décision par dosentinas et surtout luquecinas sur le fil du rasoir.  

Souverain dans le maniement de la percale, le péruvien trouva en “Castañero” un adversaire idoine pour échafauder une œuvre majuscule. En symbiose totale avec les travées, le limeño a offert une faena enivrante de lenteur sur la main gauche d’où émanèrent plusieurs naturelles au tracé sublime. Devant un animal particulièrement noble et fondant sur toutes les invitations du diestro, Roca Rey toréa jusqu’à l’ivresse sur une série de circulaire juste “monstrueuse”, toro littéralement enroulé autour de la ceinture. Vinrent les malheureusement traditionnelles demandes, insistantes, d’indulto à laquelle ne céda et à juste titre le balcon présidentiel. Ouvrage XXL du péruvien qui gâcha son labeur d’un vilain bajonazo limitant la récompense à une oreille. Vuelta au toro.  

L’ultime “Polluelo” fut le plus robuste et le plus brave de l’envoi, tant sous le fer en deux rencontres que face au leurre. Avec intelligence et le tempo adéquat, Roca Rey démontra toute la dimension qui est la sienne dans une faena d’abord très technique puis en laissant parler son inspiration dans le final, toujours plus puissant et impressionnant de maitrise. Coup de canon avec la lame et deux oreilles en récompense. La deuxième plus discutable.  

Dur, très dur de soutenir la comparaison et la cadence infernale imposée par le sud-américain même lorsque l’on s’appelle Sebastien Castella. Le biterrois n’est jamais vraiment rentré dans la partie, peu aidé il est vrai par un sorteo moins clément. Le torero de Béziers à souffert, physiquement d’abord et on ne peut pas le blâmer, mais aussi dans sa façon d’aborder ses adversaires. Froidement parfois et donnant l’étrange sensation de manquer d’idées. Le diestro s’est signalé, surtout de la droite devant son premier “Conejo” dans une faena longue, tardivement accompagné par la bande et parsemée de plusieurs mouvements de bon ton dans un ensemble poussif. Même topo ou presque devant le 3eme “Palillero”, un animal sans son qui n’aida pas le biterrois a remonter le fil de la tarde. Compliqué le quinto “Marselles”, brave au cheval mais exigeant voir violent face à la muleta, notamment à gauche. Faena atone conclue par trois quart de lame basse.  

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes d’Arles. Feria de Pâques 2023. Plein presque absolu. Soleil, 25°C et vent léger. 6 toros de La Quinta.

Organisation : LUDI ARLES ORGANISATION

Présidence : Mr Hebrard assisté de Mme Para et Mr Geyraud

Poids des toros : 500, 505, 510, 520, 525, 515.

Cavalerie Bonijol : 12 piques

Vuelta al ruedo posthume au 4eme “Castañero” n°39 né en octobre 2018 de 520 kilos.

Salut du banderillero Mehdi Savalli au 1er.

SEBASTIAN CASTELLA (framboise et or) : silence après avis, silence après deux avis et silence après avis.

ANDRES ROCA REY (malabar et blanc) : oreille après avis, oreille après avis et deux oreilles après avis.

Sobresaliente : JEREMI BANTI (vert et or)

RESEÑA DES TOROS

Conejo, n°35 né en octobre 2018 de 500 kgs, cardeño mulato. Applaudissements

Barquero, n°33 né en octobre 2017 de 505 kgs, cardeño coletero. Applaudissements

Palillero, n°14 né en novembre 2018 de 510 kgs, cardeño oscuro colzado coletero. Silence

Castañero, n°39 né en octobre 2018 de 520 kgs, cardeño oscuro coletero. Vuelta

Marselles, n°25 né en octobre 2018 de 525 kgs, cardeño coletero. Silence

Poluello, n°87 né en octobre 2018 de 515 kgs, cardeño oscuro coletero. Applaudissements.

REPORTAGE PHOTO

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