C’est avec respectivement trois et deux oreilles dans l’esporton que les matador de toros Miguel Angel Perera et Adrien Salenc ont traversé triomphant la grande porte des arènes Émile Bilhau, à l’occasion de la corrida de clôture de la Feria de la Pêche et de l’Abricot. La plaza gardoise affichait quasiment le plein au moment du paseo débuté sous un ciel voilé, un vent parfois gênant et une température des plus agréables.
Agréables furent les pensionnaires de Juan Manuel Criado, modestes de trapio comme d’armures, bas et légers. L’ensemble fut globalement absent des débats à l’épreuve des piques où seuls les 1, 6 et 7 mirent un semblant d’investissement. Tous furent maniables, nobles pour la majorité, mais de peu de forces et surtout de fond. Meilleurs pour le toreo les 1, 4, à un degré moindre le 7eme, fades les 2,3 et 5 et affligeant de faiblesse le 6. Spontanément, après que le deuxième adversaire d’Adrien Salenc ait déclaré forfait dès la première tanda, l’empresa locale à décidé d’offrir le sobrero, du même fer, au torero nîmois qui eut ainsi l’occasion de pleinement s’exprimer. Un geste louable, qui aurait pu être évité avec une présidence peut être un poil plus attentive et lucide lors des deux premiers tiers, l’astado de Juan Manuel Criado ayant déjà fait montre d’un défaut moteur avéré. Un temps incompris des uns (moi même) et largement validé par d’autres, l’acte eu le mérite de donner à un compatriote l’occasion de confirmer ses bonnes dispositions et de terminer cette après-midi sur une bonne note.
Fort de 18 années d’alternative, Miguel Angel Perera se déplaçait dans le Gard en véritable figura del toreo, sans plus rien a véritablement prouver, sinon justifier le rang qui est le sien. Comme prévu, ou presque, le torero de Badajoz s’est promené dans le jardin gardois face au lot le plus propice au toreo. Miguel Angel Perera s’est assuré le triomphe d’emblée devant son noble premier, donnant à la foule ce qu’elle était venue chercher : un torero puissant et dominateur. Une première faena allant crescendo, primée de deux oreilles, toréant trop souvent sans vraiment franchir la ligne de flottaison. Circulaires inversées, luquecinas et toreo de proximité avant lame logée jusqu’à la garde ont fait les affaires de l’extremeño, le public local y trouvant visiblement son compte. Son second, distrait mais noble à souhait permit à Perera de débuter en se doublant, accompagné à la voix depuis les tribunes. Un moment sympathique laissant place à une faena extralarge, le torero surnageant grâce à la collaboration docile du Criado dans un labeur consistant, bien que parfois heurté conclu dans des terrains très restreints avec une tauromachie racoleuse, mais diablement efficace. Rodillazos, circulaires, dans un pouce de terrain avant double échec à l’épée puis demi-lame concluante. Oreille tombée généreusement.

Dans son département natal, Adrien Salenc fraichement confirmé à Madrid venait avec la ferme et noble intention d’y signer un triomphe significatif. Il faut le dire, l’affaire était bien mal engagée. D’abord après la mort de son premier adversaire, un lourdo sans forces et à la charge mollassonne, devant lequel le nîmois fit un effort considérable mais vain. Pire avec son second, qui fit illusion en poussant sur une corne lors de l’unique rencontre puis lors d’un tercio de banderilles qu’ Adrien Salenc venait de prendre brillamment à sa charge. Hélas dès la première tanda, l’animal se coucha. Forfait le Criado fut estoqué fissa. Sortit en “regalo” l’ultime, plus charpenté que ses frères et qui s’employa brièvement sous le fer. Brindis à Miguel Angel Perera et Angel Tellez d’une faena de mas a manos admirablement débutée par plusieurs séquences droitières bien ficelées. Labeur marqué par la volonté inébranlable du garçon, son envie et son panache face à un animal chargeant presque bravement malgré un coup de revers assez désagréable. Estoconazo d’école, occasionnant une violente voltereta sans gravité visibles. Deux oreilles réclamées unanimement.

On écourtera volontiers ce qui concerne, Angel Tellez dont on attendait beaucoup après une San Isidro madrilène particulièrement faste. Le toledano, face à deux adversaires certes insipides, fut discret et parfois ennuyeux, s’employant avec parcimonie dans un toreo classique qui ne passa pas la rampe… Tellez essaya, longuement sans jamais convaincre. A en oublier presque, ô miracle, qu’il gratta une oreille poids plume pour une grande épée devant le quinto…

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA
Arènes Emile Bilhau, Saint-Gilles. Quasi plein. 7 toros de Juan Manuel Criado.
Président : Mr Vultaggio
Cavalerie Heyral. 8 rencontres.
Poids des toros : 517, 515, 513, 525, 510, 505 et 513.
Les trois matadors se présentaient dans les arènes de Saint-Gilles.
Salut du banderillero Rafael Viotti au troisième.
MIGUEL ANGEL PERERA (rouge et or) : deux oreilles et oreille après avis
ANGEL TELLEZ (azur et or) : silence après avis et oreille
ADRIEN SALENC (violet et or) : silence, silence et deux oreilles
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