Transformée en un mano a mano après le retrait du novillero Lalo de Maria, cette novillada de la Chaquetilla d’or n’en avait pas pour autant perdue de son intérêt, bien au contraire. Car à l’heure du paseo, sous une chaleur frôlant « l’anormale de saison » et devant une arène garnie de moitié, ce sont deux des novilleros les plus en forme du moment qui allait se mesurer pour une affiche inédite.

Dans ce duel nimo-biterrois, c’est Christian Parejo qui se taille la part du lion et remporte pour la deuxième année de file le trophée saint-gillois, avec trois oreilles en poche. Un succès qu’il faut savoir nuancer à l’heure des comptes, le résultat numérique ne reflétant guère le véritable contenu de la course.

Pour l’occasion le duo Callet-Miletto (auquel Solalito brinda son premier combat) avait choisi de mettre en compétition six exemplaires de six ganaderias « locales ». Tous, disons correctement présentés, inégaux de comportement et de jeux, la grande majorité discrète sous le fer. D’un tamaño des plus imposants les représentants de Rolland Durand et La Paluna, plus modestes les Gallon et Pagès-Mailhan. Tous maniables à divers degrès. Un exercice dans lequel se sont distingués les Pagès-Mailhan de plus de classe, le Vieux Sulauze et le Gallon, nobles mais sans vibrations et justes de forces, de peu de fond le San Sebastian, exigeant et encasté pour l’exemplaire de La Paluna, inabordable ou presque le diabolique Rolland Durand.

Solal Calmet «  Solalito » débuta devant un pensionnairede la famille Fano nommé « Atento », bas, bien roulé et commode d’armures. Salut capotera par quelques véroniques notables avant que l’astado ne fonce seul vers le groupe équestre où il s’employa peu. Deux autres rencontres sans style véritable avant trasteo de menos a mas au crédit du nîmois devant un animal mobile et noble, mais de peu de fond et de forces. Labeur majoritairement droitier accompagné tardivement par la bande avant passage moins évident à babord. L’ensemble qui manqua d’un poil d’alegria fut conclu par manoletinas ajustées puis échecs répétés à l’épée et atravesada.

Solalito salua par un capoeto inégal la venue de « Moro », un Gallon au gabarit modeste piqué en une seule rencontre en mode économie. Bon deuxième tiers à charge du nîmois qui brilla avec les pallitroques. Belle entame par cambio au centre et subtil changement de main donnant le ton d’une faena qui connu quelques trous d’airs en milieu de parcours. Solal remonta ensuite le cours des choses, échafaudant un labeur volontaire et appliqué, culminant sur la rive gauche avec plusieurs naturelles bien tracées. Entière au deuxième voyage. Oreille.

Le quinto, est un animal très charpenté, armé astifino de La Paluna répondant au nom de « Poeta ». Poète qu’il ne fut que peu d’ailleurs, vendant chèrement sa peau avec une certaine dose de caste notamment dans le dernier tiers. L’utrero à la devise azur et blanche mis les reins lors d’une unique rencontre avant que Solalito ne brille à nouveau avec les bâtonnets. Le nîmois n’eut pas la partie facile ensuite face à un novillo doté d’un bon fond de bravoure, très exigeant, assez agréable (de mon poste…) dans ses embestidas malgré un coup de tête avisé au sortir des muletazos. Un « défaut » que Solalito est parvenu à dompter sur plusieurs séquences vibrantes sur la corne droite notamment. Un ajustement technique significatif de l’évolution du garçon. Triple échec à l’épée avant entière tombée et mort en brave du bicho.

Christian Parejo vit en premier lieu lui être confié par le sort « Codicioso » de San Sebastian, qui s’employa peu dans le matelas en une seule rencontre. Brindis au public d’une faena sans vibrations, malgré une belle entame dans un mouchoir de poche près des tablas. Novillo de peu de fond, doté d’un coup de revers désagréable se laissant faire sur quelques séquences gauchères de bon ton dans un ensemble monotone. Entière au deuxième envoi. Pétition d’oreille non suivie à juste titre.

En quatrième position déboula « Arcos », un Rolland Durand très charpenté, haut et long, abanto de salida. Tiers de piques lamentable à charge d’un Tito Sandoval, souvent génial mais cette fois exécrable, s’offrant le luxe de poursuivre un animal certes manso, jusqu’au centre du ruedo pour quatre piques et plusieurs refilón. Pour en venir à la conclusion que l’animal n’a finalement pas été châtié. Sifflets pour le lancier, chanceux de ne pas avoir été réprimandé par le balcon présidentiel… Suite presque logique avec un animal arrêté, sans aucun fond, violent en vrai manso. En face, Parejo fut volontaire face à un animal qui lui sautait à la gorge, et manqua d’en paya le prix fort avec quelques accrochages sans conséquences. Quelques muletazos valeureux arrachés à babord avant entière portée en toute sincérité. Oreille généreuse.

L’ultime « Hurtador », de Pagès-Mailhan plus modeste de gabarit et d’armures s’employa les deux fois sous le fer, mal piqué les deux fois. Un novillo très mobile, bravito et noble qui mis le garçon à l’épreuve dans un trasteo bien débuté, mais rapidement imprécis et heurté, le chiclanero perdant peu à peu du terrain face au pensionnaire des Jasses de Bouchaud. Christian Parejo, souvent à la merci des cornes du Pagès-Mailhan, tenta de reprendre la main avec un enchainement de luquecinas au fil des tablas avant un spectaculaire accrochage. Taleguilla HS, final par le haut et nouvel accrochage avant lame perpendiculaire. Deux oreilles très généreuse, le palco cédant, pourtant sur le tard, aux réclamations du conclave…

FICHE TECHNIQUE DE LA NOVILLADA

Arènes Emile Bilhau, Saint-Gilles. Feria de la Peche et de l’Abricot. Demi arène. 6 novillos de Vieux Sulauze, San Sebastian, Gallon, Rolland Durand, La Paluna et Pagès-Mailhan.

Présidence : Mr Jezouin

Cavalerie Heyral. 12 rencontres

Christian Parejo remporte le trophée de la Chaquetilla d’or. Le prix au meilleur novillo revient à “Hurtador” n°39 né en mai 2019 de Pagès-Mailhan, sixième.

Salut de Mehdi Savalli au sixième.

SOLALITO (lilas et or) : silence après avis, oreille après avis et saluts

CHRISTIAN PAREJO (blanc soutaché de noir et argent) : saluts, oreille et deux oreilles

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