Une après-midi de toros a oublier, où quand ce qui se passe sur les travées vous transmet plus d’alégria que les charges molles et sans vie des six toros réunis…
Au cinquième toro il y a eu la « Goffa Lolita », puis le traditionnel « Se Canto » pour ramener un peu de vie à une arène escagassée par un soleil de plomb. Avant il n’y eu rien ou presque, et après guère plus à vrai dire…
La faute principalement aux toros porteurs du fer de Luis Algarra. Correctement présentés, armés sans excès, d’une présence quasi nulle dans tous les tiers, absents des débats sous les fers des picadors. Anodins, les Algarra avaient laissé leurs peps à la Capitana et se sont avérés affligeants de faiblesse. Un pétard ganadero dans son expression la plus pure.
Dans ce marasme ambiant, seul Pablo Aguado exista, un peu, sur les quelques fulgurances que sa ceinture de soie voulue bien exprimer, notamment devant le troisième dépossédé d’une oreille de bien maigre résonnance. Aguado semble, après une première partie de temporada famélique, avoir retrouvé de l’appétit. Le garçon a du talent, le force peu, torer essentiellement en ligne droite, coulant la main, galbant les reins et la posture. Aujourd’hui devant un conclave peu regardant, ça marche. Mais demain ?

Un pour qui les affaires ne marchent pas franchement fort, c’est Juan Ortega. Ce garçon est une énigme. Vendu comme un esthète du toreo, le sois disant interprète absolu du toreo andalou… Il ne s’est rien passé aujourd’hui à Béziers, pas beaucoup plus qu’ailleurs en fait. Le sort l’aida peu, c’est une évidence qu’il ne faut pas nier. Mais que le garçon est mièvre… Tout effort digne de ce nom semble lui peser. Bâtie sur quelques fulgurances néanmoins succulentes, la réputation du sévillan semble s’effilocher au fil des tardes. Quelques détails, mais les détails à Béziers comme ailleurs ça ne fait pas une faena…

Magistral à Madrid, prince de Séville, on attendait beaucoup de la venue du madrilène El Juli sur le Plateau de Valras après huit années d’absence. Les retrouvailles ne furent pas celle espérées. A vrai dire ce Juli là n’avait que peu en commun avec le Juli vu, avec bonheur dans la Maestranza ou à Las Ventas. Non ce Juli là, n’a jamais forcé ni son talent ni le destin. Il toréa avec le métier et la maitrise que l’on lui connait son premier Algarra, sans aucun fond mais doté d’un léger fond de noblesse. Une faena de peu de relief, seulement sublimée par quelques muletazos main basse dont lui seul à le secret. En bref El Juli a fait le job jusqu’à la conclusion maison… Pétition d’oreille, non suivie à juste titre. L’insipide quatrième ne déclencha jamais l’envie chez le maestro de Velilla de mettre le bleu de chauffe. On passera sur la conclusion…

Nul besoin de plonger dans plus de détails d’une après-midi abrutissante, pliée en moins de deux heures de course. On en espérait pas tant… Heureusement la Goffa Lolita… Faute de grives.
FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA
Arènes de Béziers. Feria 2022. 3/4 d’arène. 6 toros de Luis Algarra.
Président: Mr Daudé
Cavalerie Bonijol. 12 rencontres.
EL JULI: silence et silence
JUAN ORTEGA: silence et silence
PABLO AGUADO : oreille et silence après deux avis
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