L’arlesien Andy Younes coupe l’unique oreille de la corrida face au premier toro de la tarde, tandis que le nîmois Tibo García a distillé les meilleures séquences face au lot le moins propice. Le gersois El Adoureño est passé à côté de son sujet.
Pour son traditionnel rendez-vous annuel, le Tendido Risclois guidé par le matador de toros Fernandez Meca avait décidé de changer quelque peu les habitudes du lieu en proposant une corrida de toros, la première de l’histoire des arènes Jean-Pierre Longépée.
Un pari osé auquel est venu se greffer une météo, il faut le dire pourrie, digne d’un 11 novembre… Une pluie quasi incessante tout au long de la journée jusqu’à quelques minutes avant le paseo et reprenant à la sortie de l’ultime. En temps londonien qui priva les aficionados risclois et practicos du premier rendez-vous de la journée, en matinée, afin de préserver la piste débâchée en dernière minute.
Sur les travées, un petit millier de spectateurs, ce qui n’est pas si mal compte-tenu du ciel menaçant, transis de froid de bout en bout. Dans les chiqueros, six pensionnaires du fer de Camino de Santiago de la Ferme Cantaou, propriété du ganadero gersois Jean-Louis Darré. Ce qui représentait la aussi un pari dans le pari puisqu’après un échec cuisant du côté d’Eauze, l’éleveur de Bars présentait un lot d’une nouvelle sélection axée sur les origines Albarreal. Un envoi très bien présentés, supérieur pour certains à la catégorie de l’arène. Armés, lourds, nobles dans la grande majorité, manquant de forces et de race pour certains. Encasté le 4eme, inédits ou presque les 2 et 5. Tous offrirent certaines options de succès à l’exception du troisième qui alla promptement se réfugié aux tablas.
L’histoire retiendra que l’arlésien Andy Younes fut le premier torero a couper une oreille en corrida de toros dans ces arènes. Le protégé de Fernandez Meca hérita en premier lieu de « Campuzano », salué par d’agréables mouvements de cape, quatre véroniques soignées et quelques gaoneras qui donnaient le ton. L’astado poussa légèrement sous le fer de Jean-Loup Aillet lors d’une unique rencontre. Entame muletera par passes changées, puis deux bonnes séries droitières face à un animal noble et un poil juste de forces. Andy connecta rapidement avec les travées, et poursuivit son labeur par derechazos, dans un rythme soutenu et sous les accompagnements musicaux. L’arlésien tenta la douceur à bâbord face à un toro moins propice à lui offrir ses charges sur cette rive. Trasteo appliqué mais péchant légèrement par manque de transmission, le Camino déclinant. Retour et final à tribord avant demi-lame efficace qui libéra le seul et unique trophée de la soirée.
Son second, « Rehiletero » est une véritable peinture de toro, digne d’une arène de première catégorie voisine à l’accent toriste, suivez mon regard. Andy Younes le salua par quelques bons lances de cape avant de confier l’imposant bicho au groupe équestre. Une seule rencontre prise avec une certaine dose de bravoure et qui provoqua un batacazo. Susto pour le banderillero Merenciano salement secoué au moment de clouer une deuxième paire et qui du son salut à un quite salvateur de Tibo Garcia. Sans mal heureusement, le subalterne nîmois fut logiquement invité à saluer. Andy brinda à Marcelle Duvignau un trasteo de mas a menos bien débuté depuis le centre. En confiance, le torero d’Arles faisait face à un animal encasté et à la charge vive, plutôt correctement consenti notamment sur la rive droite. L’affaire sembla porter sur les travées, Andy écourtant peu à peu les distances au-devant d’un animal de plus en plus menaçant. A tel point que le garçon fut cueillit spectaculairement. Un accrochage qui sembla durer une éternité venu davantage glacer le sang de l’assistance. Le garçon se tira miraculeusement de cette paliza mais groggy et visiblement à bout de forces traduit par un échec logique avec les instruments. Blême, l’arlésien fut logiquement invité à saluer.

L’aturin El Adoureño, gravement blessé le 14 juillet à Orthez est à saluer pour le pundonor qui fut le sien de réapparaitre seulement quelques jours après s’être fait retirer les points. Un retour qui à mon sens me parait prématuré tant le garçon passa l’après-midi sans peine ni gloire. Le sort lui avait pourtant confié le meilleur tirage, en tout cas le plus propice au succès dont il ne su pas tirer profit. Face à son premier « Rastorito », l’aturin resta inédit avec la percale avant d’abandonner la lidia à ses subalternes qui confièrent le fauve au groupe équestre pour deux rencontres. Une première en poussant succinctement avant une deuxième anecdotique. Muleta en main, le gersois chercha d’emblée a connecter avec le respectable, mais oublia quelque peu les fondamentaux de la lidia face à un animal qu’il fallait savoir intéresser et doté d’un fond de noblesse plus qu’exploitable. Quelques muletazos droitiers sur le voyage, sans peser sur l’astado et sans réelle idée directrice. Le balcon présidentiel jugea bon et à tort de faire jouer la musique… Conclusion par entière basse.
Le quinto « Dardano », acapachado d’armures est salué par quelques véroniques au tracé harmonieux et une media au centre. L’astado faussa compagnie aux piétons pour foncer seul dans le matelas pour un puyazo trop long, trop fort. Un tiers qui pesa sans contestation sur l’animal, qui résulta faible, tardo et qui pourtant pouvait être le ou l’un des meilleurs toro de l’après-midi ce qui pouvait expliquer, et à juste titre la déception du ganadero gersois à l’issue de la course. L’aturin laissa quelques mouvements corrects dans un ensemble sans saveur. Conclusion sans grande conviction par pinchazo puis ¾ de lame. Le torero d’Aire-sur-l’Adour tenta d’amorcer une inexplicable vuelta, tuée dans l’œuf et à raison. Le garçon reçu la sanction avec un sourire qui ne l’honore pas.

Tibo Garcia et c’est peu dire, ne dansa pas avec les plus belles… Le nîmois eu d’abord en partage « Tonadillero », un toro acapachado d’armure salué par une belle réception capotera par véroniques templées et chicuelinas. Une seule rencontre avec la cavalerie, sans pousser plus que de raison. Tibo brinda son trasteo au raseteur Joachim Cadenas venu en ami et initia sa partition de la droite en doublant son adversaire. Un animal manso qui se révéla en plus vite tardo et querenciado par manque de race et chercha l’abri des tablas. Tibo tenta avec décision d’intéresser l’impétrant et distilla une poignée de bons derechazos bien sentis. Hélas l’animal déclara forfait malgré l’aplomb du garçon et Tibo le liquida d’une demi-lame et d’un grand coup de verdugillo.
L’ultime « Poceto », imposant et armé déboula du toril sous une pluie fine, accueillit par un bon maniement de la cape avant d’être confié au lancier Ney Zambrano pour une bonne et unique ration de fer. Le toro ne s’y employa pas outre mesure par manque de race et de chispa. Brindis aux travées. Face à un quadrupède, noble mais juste de forces, le nîmois proposa un trasteo structuré dont émergèrent les meilleures séquences, en tout cas les plus abouties de la tarde et de loin, notamment sur la rive droite. Face aux forces déclinantes de son opposant, Tibo Garcia fit l’effort d’aller chercher un public congelé et impatient de regagner ses pénates. Conclusion par lame entière au deuxième voyage, grand coup de descabello et salut légitime pour le nimois.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA
Arènes Jean-Pierre Longepée, Riscle. Première corrida de l’histoire dans ces arènes. Environ 1000 personnes, temps pluvieux, ciel menaçant tout au long de la tarde. 6 toros de Camino de Santiago (Jean-Louis Darré).
Organisation : Tendido Risclois
Président: Mr Galtier
Cavalerie Bonijol. 7 rencontres
Les trois diestros se présentaient dans les arènes de Riscle en qualité de matador de toros.
ANDY YOUNES (pétale de rose et or) : oreille et salut au tiers
Yanis Djeniba “EL ADOUREÑO” (noir soutenu de rouge et chaleco or): silence et silence
TIBO GARCIA (aubergine et or) : silence et salut au tiers.
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