NÎMES (26.05.2023) - DANIEL LUQUE surnage dans un océan de néant ...

Triste ouverture de la Feria de Pentecôte 2023, avec une corrida très décevante marquée par la fadeur abyssale des toros du fer andalou de El Parralejo, qui dans la lignée de leurs sorties à Madrid et Séville ont plombé une après-midi dans laquelle Daniel Luque s’est imposé, surnageant sans trop de difficultés, tel un torero de sa caste, parmi le néant ganadero qui espérons ne soit pas un mauvais présage pour le reste du cycle. Les absents, pour une fois, n’ont pas eu tort …

Les toros de la devise jaune et verte n’avaient pas le cœur à la fête, car vides de fond, de race et de forces, commodes d’armures et aux gabarits allant de corrects à juste, anovillado le dernier. Tous discrets sous le fer, attitude ô combien révélatrice des combats menés plus tard, exception faite aux 1 et 4 d’un poil plus d’entrain dans la bataille. Sans saveurs, soseria maximale, de peu de parcours et donc d’options dans les tiers ultimes où seul le quatrième, noble et qui dura un peu plus que ses frères, fit illusion.

Dans ce marasme ganadero qui aura, il faut le dire, bien ruiné l’ouverture du bal, Daniel Luque fut le seul a savoir/pouvoir danser, même avec des partenaires loin d’être des foudres de guerre. Après une réception prodigieuse à la cape, le torero de Gerena fut chirurgical de précision, captant avec précaution les quelques charges de son premier, sublimement toréé de la gauche en donnant de la profondeur. Faena d’orfèvre, témoignage du grand moment traversé par l’andalou qui paracheva son œuvre d’un espadazo. Devant le cuarto, animal le plus exploitable de la bande, le maestro sévillan fut une nouvelle fois irréprochable. Technique, sabiduria torera, temple et profondeur pour extraire tout le capital noblesse du cornu. Echanges soignés sur les deux mains avant final par luquecinas et nouvel espadazo faisant choir le premier et unique pavillon de la soirée.

J’avoue avoir beaucoup de mal a percevoir le véritable potentiel d’un Angel Tellez qui surfe sur la vague d’un succès madrilène sur laquelle le toledano semble avoir du mal a capitaliser. Certes blessé à l’épaule récemment, le natif de Mora de Toledo a signé ce vendredi deux faenas soporifiques, notamment la seconde, désemparé devant le penchant imprévisible du cornupède. Sa première sortie, parsemée de quelques éclats droitiers en début de parcours manqua de tout, l’opposition n’aidant guère.

De Francisco de Manuel nous pourrons retenir une entame splendide, genoux dans le sable devant le troisième, qui semblait donner le ton. Hélas après deux séries droitières appliquées, l’affaire sombra, le Parralejo emportant avec lui les ambitions du garçon. Bis répétita, pour faire court, devant l’ultime, navrant d’insipidité. L’usage des armes n’aidant pas a faire remonter la note.