Au terme d’une après-midi balayée par la fraicheur craulene et un vent violent, Alberto Lamelas est sorti des arènes Louis Thiers avec la seule récompense octroyée d’une course de Saltillo qui sans avoir accomplie toute ses promesses a toutefois réservé un intérêt soutenu notamment dans une première partie de course d’où provinrent les meilleurs moments.

De sa finca « La Vega » de Peñaflor, Joaquin Moreno de Silva avait envoyé vers la plaine de la Crau un lot de toros bien dans le type morphologique de la maison, charpenté, rond et parfois haut, bien armé mais sans véritable excès de bois. Braves au cheval les 1 (à la seconde prise), 2 et 4, plus violent que brave le 5 et plus anodins dans leurs engagements sous le peto les 3 et 6. L’ensemble résulta mobile avec divers degrés de maniabilité et parfois de noblesse notamment chez les 1, 2 et 3 qui furent les meilleurs pour le toreo, avec davantage de sentido le 4, diabolique et difficilement maniable le 5, fuyant le 6 malgré une bonne corne droite.

Véritable baroudeur de ses après-midi de lutte, Alberto Lamelas hérita d’un premier Saltillo, lourd, qui malmena le picador de service sur deux prises de fer, rentrant fort mais ne s’employant véritablement qu’à la seconde ration. Moment de susto lorsque de Fernando Lopez fut accroché au moment de clouer une paire de banderilles puis début de faena conditionné par la soseria et la charge, dans un premier temps, désordonnée du Saltillo. A la troisième série, l’astado montra la qualité de sa charge droitière dont Alberto Lamelas profita sur plusieurs tandas bien liées en se relâchant. Passage gaucher de bon ton avant double échec à l’épée puis lame tombée faisant s’envoler un potentiel trophée.

Son second rentra fort dans le matelas mais s’employa peu sous le fer en trois rencontres. Un animal mirón et court de parcours, décochant des coups de casques intempestifs dans la muleta d’un Lamelas comme à son habitude vaillant et d’un pundonor remarquable pour ne pas céder de terrain à un adversaire violent en parvenant à extraire plusieurs muletazos droitiers de valeur sous le regard d’un public qui n’a pas toujours valoriser l’engagement de la terna. Une lame légèrement tombée résultant fulminante permit au torero de Jaen de promener un appendice.

Véritable révélation de la temporada passée, Damian Castaño a vécu une après-midi difficile pour sa présentation dans la Crau, notamment avec les armes. Le torero salmantin hérita en premier lieu d’un opposant qui s’employa bien dans les plis de cape, puis face au groupe équestre en deux rations. Au devant d’un adversaire maniable et à la charge vibrante, Damian Castaéno dessina une faena de bon ton, à mon sens un poil marginale par moments mais qui trouva un écho favorable sur les tendidos. Faena ambidextre conclue par une bonne tanda gauchère avant échec répété à l’épée.

Le quinto, lidié por fuera fut d’abord anodin sous le fer de Jean-Loup Aillet puis se révéla véritablement diabolique, coupant le terrain des banderilleros puis opposant une véritable violence dans la muleta du salmantin poussé dans ses retranchements mais qui montra une certaine volonté malgré un danger sourd dans une faena “a la antigua’. Nouvelle débâcle au moment de conclure avec une kyrielle de pinchazos, bajonazo traversant puis plusieurs coups de “cruceta”, les minutes s’égrainant jusqu’à la sonnerie fatidique des trois avis…

Triomphateur de l’édition précédente, le nîmois Tibo Garcia revenait avec de légitimes ambitions. Son premier, bas et lourd fut bien salué à la cape avant d’être confié à Felix Majada pour deux rencontres sans véritables histoires. Salut de Thomas Ubeda pour deux bonnes paires de banderilles. Brindis au public et bonne entame au fil des planches, le Saltillo répondant favorablement aux sollicitations du nîmois qui profita de la bonne corne droite de son opposant pour probablement dessiner les derechazos les plus profonds de l’après-midi. Une entame qui permit à la bande musicale de se mettre en action avant que le Saltillo ne baisse de ton. Final ambidextre de bonne composition avec une dernière tanda gauchère bien exécutée. Hélas un maniement défectueux de l’acier fit perdre tout espoir de récompense au nîmois.

L’ultime, piqué trois fois sans grande démonstration de bravoure, s’avéra fade et de peu de fond. Le torero de Nîmes qui n’a jamais baissé pavillon et qui avec décision s’est évertué a extraire le peu de suc du Saltillo notamment sur plusieurs mouvements droitiers isolés mais bien ciselés. Nouvel échec avec les armes.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes Louis Thiers, Saint-Martin-de-Crau. Feria de la Crau 2024. Plus de 3/4 d’arène. 6 toros de Saltillo.

Poids des toros : 540, 535, 560, 565, 530, 535.

Cavalerie Bonijol. 14 rencontres.

Salut du banderillero Thomas Ubeda au 3eme.

ALBERTO LAMELAS (lilas et or) : salut après deux avis et oreille

DAMIAN CASTAÑO (crème catalane et or soutaché de noir) : silence après avis et silence après 3 avis

TIBO GARCIA (violet et or) : silence après avis et palmas

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