Cette corrida “charra” à la sauce mexicaine qui venait conclure le cycle 2021 de la Feria d’Istres qui commémore cette année les 20 ans du Palio, a connu un nouveau succès populaire notable dans une course atypique chère à l’aficion locale. Une plaza remplie au trois quart pour cette corrida accompagnée musicalement par les Mariachis del Sol et l’Orchestre Chicuelo dirigé comme toujours et de main de maître par Rudy Nazy.

Si cette corrida demeure sous cette formule atypique et exceptionnelle, gare toutefois a ne pas bafouer les canons. Sans jouer les ayatollahs de service, il m’a semblé peu opportun que Luis David Adame invite son compatriote Leo Valadez en tenue civile dans le callejon, à venir banderiller le dernier toro de la course. Une “incidencia” de course que l’on retrouve habituellement lors des festivals taurins de fin de saison, dans une ambiance bon enfant. Hors il s’agissait aujourd’hui d’une corrida de toros, formelle malgré la formule…

De Guadalix de la Sierra ont été débarqué six exemplaires porteurs du fer de Victoriano del Rio tous bien présentés, très armé le quinto, sans excès de poids soit conforme à l’affiche proposée. Plus complexes les 5 et 6, doux et noble le second, le reste de l’envoi offrant un bon jeu dans l’ensemble, plus éteint le premier.

Chez les pietons c’est le lorquiño Paco Ureña qui s’est taillé la part du lion et a traversé “por volandas” la Grande Porte du Palio avec trois oreilles en poche glanées au prix du sérieux et d’une tauromachie sincère et épurée. Antonio Ferrera qui remplaçait Enrique Ponce blessé, aurait pu accompagner son compagnon de cartel sur les épaules sans un maniement défectueux de la rapière à ses deux combat. Luis David Adame, porte drapeau mexicain de la partie coupe lui aussi une oreille, plutôt chiche après deux faenas dénuées de style, dans un ensemble plus populiste et racoleur.

Après quelques capotazos que l’on qualifiera de corrects et une pique qui l’était beaucoup moins, Antonio Ferrera brinda son premier adversaire à ses compagnons de cartel. Faena plaisante soutenue par la bande musicale et comprenant de sublimes passages isolés sur les deux mains dans un ensemble qui manqua de transmission, le Victoriano dépourvu de gasoil, s’avérant plutôt discret en terme de vibrations, noble mais ronronnant par manque d’étincelle. Quelques mouvements au tracé soyeux par le bas avant conclusion délicate en trois tentatives, la dernière entière hémorragique. Touché au niveau de l’aine au moment de porter l’épée le torero extremeño se rendit à l’infirmerie d’où il ressorti vêtu d’un blue jean.

Face au cuarto, le natif de Bunyola enflamma les travées dans un trasteo et un poil populiste lors duquel Antonio Ferrera laissa parler son inspiration dans un style baroque et excentrique comprenant quelques passages à la belle allure sur les deux mains. Trasteo donné sous les accords musicaux interprété par les mariachis après que le maestro ait fait stopper Rudy Nazy et son orchestre, et qui accentuèrent le côté festif et bon public de la partition. Auparavant Ferrera invita Luis David Adame a partager la pose des banderilles. Entière basse au moment de conclure et maniement brouillon du descabello limitant la récompense en une vuelta chaleureusement fêtée.


Paco Ureña demeura inédit à la cape face à un astado qui tournait court, ensuite rectifié lors d’une unique ration de fer bien administrée. Muleta en main le torero de Lorca commença par doubler son opposant le long des tablas puis gagna le centre où il laissa une bonne tanda droitière qui vint donner le ton. Le Victoriano Del Río réserva à Paco Ureña de douces et longues charges nobles en faisant l’avion dans le leurre. Le murciano de fit un plaisir d’embarquer ce bon collaborateur dans un trasteo tout en douceur et au parcours harmonieux. Les passages les plus aboutis furent instrumentés sur la rive gauche avec de profondes naturelles. Ureña vint parachever son acte par entière concluante. Partition récompensée de deux oreilles que le lorquiño promena tout sourire.

Le quinto est un animal très bien fait et armé, peu facile à soudoyer à la cape et bien piqué en une unique rencontre. Très émouvant brindis a Manolo Vanegas avant faena solide et appliqué au devant d’un animal sérieux et encasté. Paco Ureña délia les meilleures séquences sur la rive gauche en y dessinant d’authentiques et sincères naturelles. Conclusion par entière en place et efficace qui libéra un nouveau pavillon.


Luis David Adame est à créditer de quelques lances de cape de bon goût avant qu’il ne confie l’astado au lancier de service, renversé au premier assaut avant deuxième pique rectifiée. Le torero hidrocalido brinda a ses compagnons d’affiche et édita ensuite un trasteo monotone bien qu’accompagné par l’orchestre. Quelques séquences notable sur les deux bords, les plus abouties à gauche. Trasteo assez scolaire et d’un engagement limité, il est vrai au devant d’un animal de peu de fond, fade et aux embestidas atones. Silence après avis.

L’ultime poussa bien lors de l’unique rencontre avec le groupe équestre, bien consenti par le lancier en service. Le mexicain invita ensuite Antonio Ferrera à partager la pose des pallitroques ainsi que son compatriote Léo Valadez, présent en civil dans le callejon. Peu académique car cela relève davantage d’une incidencia de festival or il me semble bien qu’il était écrit sur l’affiche « corrida »… Le torero aztèque signa ensuite une faena comprenant quelques passages corrects, usant et abusant du pico dans un contexte poblerino qui a tout de même convaincu le respectable public istreen de réclamer une oreille après une lame tendida d’effet tardif.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes du Palio, Istres. Dimanche 20 juin 2021. Corrida Charra. 2000 spectateurs environ (jauge limitée). 6 toros de Victoriano del Rio.

Présidence : Mr Cervantes

Poids des toros: 515, 510, 520, 520, 505, 525.

Cavalerie Bonijol. (7 rencontres)

ANTONIO FERRERA : salut après avis et vuelta après avis

PACO UREÑA : deux oreilles et oreille

LUIS DAVID ADAME : ovation après avis et oreille

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