Avant de lever le voile sur ce qu’a comporté, selon moi, cette traditionnelle novillada beaucairoise dans les arènes Paul Laurent, il convient de rendre à César ce qui lui appartient. Ou plutôt à l’Aficion Taurine Beaucairoise à qui il faut savoir tirer un grand coup de chapeau pour avoir maintenu cette novillada depuis deux ans en dépit des délicates conditions organisationnelles. Que l’on soit en accord ou non avec ce que l’ATB programme, avec la sensibilité taurine des lieux, il serait injuste de ne pas, une fois de plus féliciter l’équipe locale qui avec les mêmes moyens, voire moins et plus, voire beaucoup plus de contraintes se sont encore démené pour proposer un spectacle taurin digne de ce nom. Une prouesse face aux difficultés actuelles, et grandissantes. Car ce que coute l’organisation d’un tel spectacle, est démentiel et que compte tenu de la situation sanitaire les rentrées d’argent générées par la mise en place d’une bodega pendant les fêtes de la Madeleine sont aujourd’hui quasi nulles. Ces petites entités, ces clubs taurins où n’œuvrent que bénévoles et passionnés se font rares. Ils sont l’essence même de notre passion, car lorsque ces gens-là, de Beaucaire et d’ailleurs, baisseront pavillon et glisseront la clé sous la porte, noyés par la difficulté que représente l’organisation d’un spectacle taurin, par le cout toujours plus fort et car il y a et c’est une triste vérité, de moins en moins d’investis, alors la tauromachie ira encore bien plus mal que ce que l’on veut bien en croire à l’heure actuelle. Pour cela, il faut soutenir et encourager ces clubs taurins encore un peu nourris d’illusions. Pour cela Messieurs et Mesdames de l’ATB … Bravo.

C’est peu dire que cette novillada n’a pas récompensé le travail acharné de l’équipe locale et du millier d’aficionados présents sous une chaleur écrasante, bercés par l’estival chant des cigales et hélas les sempiternelles revendications d’une mince poignée d’anti-taurinos qui nous ont cassé les oreilles (et pas que !) jusqu’à mi-course. Était proposé un defi ganadero quasi franco-français entre trois utreros d’origine Isaia et Tulio Vasquez du Marquis d’Albaserrada, dont le mayoral est le français Fabrice Torrito et trois de la ganaderia arlésienne de Pagès-Mailhan, d’origine Fuente Ymbro.

Vainqueurs aux points et de loin les bichos de la deuxième devise nommée, celle de Pagès-Mailhan, dont les pensionnaires d’un trapio correct et plutôt armés offrirent d’avantage d’options dans le dernier tiers, mais discret dans l’ensemble face au x chevaux. Mention au noble second et à l’encasté troisième, le quatrième restant plus court de charge et violent. Plus impressionnants en tamaño, les Marquis d’Albaserrada ont détourné de sa vérité l’adage affirmant que ramage et plumage font bon ménage. En effet les utreros à la devise rouge, blanche et verte n’offrirent aucune option à la terna du jour, se montrant tous mansos, violents, décasté et d’une pauvre opposition face au groupe équestre, exception faite à la première rencontre de l’ultime.

Chez les piétons, j’aurais tendance à croire que Jesus Diez « El Chorlo » et sa cuadrilla ont du faire un détour salvateur par Lourdes avant de gagner Beaucaire tant les voir sains et saufs à l’issue de la course relève du miracle. Face au premier de l’envoi, un démon, c’est d’abord le subalterne Miguelin Murillo qui échappa de peu à la correctionnelle, pris et coincé contre les tablas au sortir d’une paire de banderilles à couteaux tirés. C’est ensuite le dénommé El Chorlo qui essuya une véritable rouste d’une extrême violence alors qu’il débutait à peine son labeur muletero. Projeté au sol, le novillero resta à la merci du fauve de longues secondes et ne dut son salut qu’à une intervention divine. Le torero extremeño signa quelques mouvements droitiers corrects et un desplante malvenu face au quatrième, piqué trois fois sans aucune raison et liquidé sans mal après un nouvel accrochage, moins spectaculaire. A noter que le miraculé Miguelin Murillo fut invité à saluer pour deux bonnes poses de banderilles.

Francisco Montero, qui doit vite oublier et faire oublier l’échec de son solo cérétan, se montra décidé à la réception du second par larga afarolada de rodillas puis tafalleras et serpentina. Le novillo ne s’employa pas face à la cavalerie lors de deux rencontres. Après un quite bienvenu de Solalito, le novillero de Chiclana initia son travail muletero par quelques tandas de correcte note sur la rive droite. L’andalou tarda à comprendre que son adversaire, un novillo noble et mobile, demandait à être toréé par le bas et laissa passer l’occasion de briller avec davantage de répercussions. Sans que la mayonnaise ne prenne totalement, Montero s’attira les faveurs du conclave par quelques échanges gauchers au bon tracé avant de finaliser par le bas un ensemble de menos à mas. Échec à l’épée.

Le chiclanero fut désarmé à la réception du quinto, un astado solide, violent et déjà bien avisé. Légère poussée face au lancier et sa monture avant de se dégonfler à la seconde rencontre. RAS dans le dernier tiers face à un manso qui n’avançait plus. Pinchazo et grande épée, la meilleure et de loin de l’après-midi.

Le nîmois Solalito, pour sa troisième novillada piquée seulement dessina les plus jolis mouvements de cape lors de la réception du troisième qui après un tiers de piques qui ne défia pas les lois de la gravité se révéla plutôt encasté face au leurre. Le nîmois se signala auparavant banderilles en main pour un tiers allègre et conclu au quiebro, recevant une logique ovation. Le garçon guidé depuis les tablas par le matador de toros Luisito débuta bien de la droite en se ployant puis gagna le centre où il embarqua le quadrupède dans une faena bien construite sur les deux rives. Face à un animal qui transmettait dans ses charges, Solalito manqua par moments d’un poil de métier dont on ne lui tiendra pas rigueur (logique après quasiment deux ans sans toréer) mais compensa par une grande envie. Accompagné en musique, le novillero nîmois, afficha ses ganas et une disposition qui trouva un écho favorable sur les travées. Hélas, alors qu’un trophée lui était promis, Solal échoua épée en main et liquida le fauve en trois temps. L’infâme dernier de l’envoi, arrêté et avisé après l’épreuve des piques n’offrait aucune option. Marc-Antoine Romero salua après deux paires d’un très bon niveau et Solalito mis fin aux débats d’une entière basse.

FICHE TECHNIQUE DE LA NOVILLADA

Arènes Paul Laurent, Beaucaire. Dimanche 25 juillet 2021. Soleil, chaleur pesante. 1000 spectateurs environ. 3 novillos du Marquis d’Albaserrada (1,5 et6) et 3 de Pagès-Mailhan.

Organisation : Aficion Taurine Beaucairoise

Présidence: Mr Kugener assisté de Mrs Demissy et Puech

Cavalerie Heyral. 14 rencontres.

Les novilleros Jesus Diez “El Chorlo” et Solal Calmet “Solalito” se présentaient aux arènes de Beaucaire.

Saluts des banderilleros Miguelin Murillo au quatrième et Marc-Antoine Romero au sixième.

Les prix au meilleur picador et la meilleure ganaderia sont restés desiertos. Le prix au meilleur banderillero est revenu à Marc-Antoine Romero.

Jesus Diez “EL CHORLO” (rose bonbon et azabache): silence et silence

FRANCISCO MONTERO (blanc et argent) : silence après deux avis et silence

Solal Calmet “SOLALITO” (bleu de France et or) : salut après avis et silence

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