Pour passer une belle après-midi, en tauromachie, plusieurs fondamentaux entrent en ligne de compte : du monde sur les travées, des toros dignes de ce nom et des hommes qui donnent tout.

En ce sens, la première satisfaction, fut-elle grande, est venu de l’entrée très conséquente en cette première Feria de Pâques post-covid. Un quasi plein à l’heure du paseo, celui-ci retardé de quelques minutes à cause des embouteillages aux portes de la cité provençale. 95% de taux de remplissage dirons-nous pour une affiche prometteuse qui n’allait pas tarder à livrer son verdict.

Côté bétail, un lot de La Quinta fidèle à la génétique de l’encaste Santa Coloma – Buendia. Des toros bas, aux pelages cardeños, dotés pour la plupart d’un certain tempérament (inégal) lors de l’épreuve des piques puis à la muleta. Harmonieusement présenté et d’armures commodes, l’envoi de la famille Conradi, sans être exceptionnel à tout de même offert un jeu permettant aux trois piétons de s’exprimer, à différents degrés de réussite.

Le grand gagnant de l’après-midi, et sans souffrir d’aucune contestation possible se nomme Andres Roca Rey. Le torero de Lima aura tout bonnement dominé la course de la tête et des épaules et fut logiquement sortit triomphant des arènes romaines jusqu’au parvis des arénoises. Auréolé d’un début de temporada pléthorique, le garçon a, ce dimanche à Arles, mis les pendules à l’heure et avec la manière !

Le protégé du toujours fringuant Roberto Dominguez jeta d’emblée toute ses forces dans la bataille, sans jamais décélérer, maintenant une domination et un investissement de tous les instants. Face à son premièr adversaire « Hornero », le limeño se signala par une agréable réception capotera avec véroniques et chicuelinas avant de conduire l’astado vers le groupe équestre pour deux piques, la première en poussant fort mais brièvement, puis seconde anecdotique. Puis, au-devant d’un animal fort maniable et à la charge longue et suave, Andres Roca Rey offrit un remarquable numéro muletero au lors d’une faena d’intensité croissante. Une œuvre majeure dessinée sur les deux mains, admirablement conclue par estoconazo. Deux oreilles et vuelta un tantinet excessive pour l’animal.

Bis repetita devant l’ultime « Carcelero » qui se révéla d’une très grande classe dans le dernier tiers, malgré une légère faiblesse entrevue notamment durant le tiers de piques, lors duquel l’animal poussa sans rechigner lors du premier assaut avant une deuxième prise plus anecdotique. Après qu’Antonio Chacon est salué pour deux bonnes paires, Andres Roca Rey livra une nouvelle fois un labeur délicieux, des deux mains et avec une époustouflante maitrise des instruments et des terrains. Trasteo de très grande musique à nouveau parachevé par une lame en place. Deux oreilles et nouvelle vuelta accordée au toro, celle-ci un peu plus justifiée et justifiable.

Antonio Ferrera retrouvait Arles et les toros de La Quinta après une parenthèse sud-américaine particulièrement vivifiante. Avec sa cape de soie bleue, le maestro de Bunyola se montra excellent capotero dès l’entame, puis sur un quite savoureux au troisième toro. Rien à redire quant au grand soin apporté au tercio de piques, ce dernier plaçant monture et cavalier à l’arrastre, ses deux toros chargeant depuis l’autre extrémité de la piste. Le torero extremeño fut l’auteur d’une faena de bon ton, plaisante et parfois allègre, quoique d’intensité inégale face à son bon premier qu’il tua mal en deux assauts. Son second, fut le plus spectaculaire au cheval, mais aussi plus fourbe et imprévisible. L’animal rendit la partie pénible au protégé de Cristina Sanchez, qui s’en alla rapidement chercher les instruments létaux, maniés non sans mal.

Pas sûr que Jose Maria Manzanares ne retente l’expérience Santa Coloma… Le matador d’Alicante hérita d’abord d’un adversaire qui n’autorisait pas le bon toreo qu’affectionne habituellement le diestro. Manzanares eu du mal à prendre la mesure d’un astado violent et chargeant à mi-hauteur, seuls quelques mouvements isolés venant apporter un peu de saveur à une faena remarquablement conclue d’un estocodon d’école.

La faena qui accompagna la vie publique du quinto fut d’un ton au-dessus. L’alicantin édita face à un animal maniable mais qui transmettait peu, un labeur sérieux et distingué dans un ensemble d’intensité inégale sublimé par de majestueuses naturelles, l’affaire ne prenant jamais réellement la tournure espérée. Recibir avorté, double pinchazo puis entière.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes d’Arles. Feria de Pâques 2022. Plein apparent. Grand soleil, chaleur et légère brise. 6 toros de La Quinta.

Organisation : LUDI Arles Organisation

Présidence : Mr Jacky Boyer assisté de Mr Maragnon et Mme Para.

Poids des toros : 500, 525, 510, 505, 495 et 490.

Cavalerie Bonijol. 12 piques

Vuelta al ruedo posthume au toros “Hornero”, troisième, n°1 né en 10/2017 de 510 kilos et au toro “Carcelero”, sixième, n°100 né en 11/2016 de 490 kilos.

Salut du banderillero Antonio Chacon au sixième.

ANTONIO FERRERA (vert et or) : silence après avis et silence

JOSE MARIA MANZANARES (bleu marine et or) : silence et applaudissements après avis.

ANDRES ROCA REY (dragée et or) : deux oreilles et deux oreilles

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