Ceret de Toros 2022 a débuté ce samedi 16 juillet, sous une chaleur écrasante et devant une chambrée remplissant quasiment en plein l’enceinte catalane pour une corrida de Dolores Aguirre qui sans être la course la plus complète venue de la Dehesa de Frias n’a jamais manqué d’intérêt.

Il tombait du feu au pied du Vallespir et du feu, les toros de Doña Dolores en avaient la plupart sous les sabots, étant les protagonistes de plusieurs tiers de piques explosifs, sans pour autant nous transcender de bravoure. Une corrida très entretenue en somme avec un lot de toros à la présentation supérieure (560 kilos de moyenne) imposants le respect par leur présence et la caste déployée. Braves sous le fer et plus complets ensuite les 1 et 4, le 5 brave puis virulent dans l’etoffe, encasté le 6, compliqué et inabordable le 2, plus anodin en tout le 3.

Chez les piétons, Alberto Lamelas rompu aux combats face aux toros andalous, quitte Ceret avec une oreille dans les bagages, celle-ci glanée à l’issue de son second passage après avoir salué au premier Maxime Solera aurait également pu ravir une esgourde de l’ultime sans une conclusion trop longue. Le fosséen est a souligné pour sa détermination d’un bout à l’autre de la tarde, étant l’auteur des mouvements les plus suaves notamment à la cape en deux réceptions très soignées. Dire que Roman a passé une après-midi compliquée serait un doux euphémisme tant le torero de Valencia fut malmené tout au long de la tarde. D’abord par un premier adversaire inabordable, puis par une partie du public lui reprochant un certain manque de sitio devant le quinto, brave et criminel à la fois…

Alberto Lamelas déploya la percale pour saluer la venue de Carafea, fixé par quelques véroniques notables puis la demie. Un toro sérieux et lourd qui fonça deux fois vers le matelas dans lequel il rentra fort à deux reprises, poussant bravement sur la première charge puis avec davantage de violence à la seconde. Tiers arrêté sous la désapprobation d’une partie des travées qui vit ensuite Lamelas proposer une faena majoritairement droitière, parfois un soupçon marginale, comprenant plusieurs séquences de bonne note sur la corne la plus abordable. Gare au gorille sur la rive opposée, la corne gauche du bicho, sournois, venant chercher les cuisses de l’andalou qui changea rapidement de main. Faena de mas a menos, le Dolores ne chargeant désormais qu’à demi-mot. Double pinchazo avant ¾ de lame et un coup de descabello.

Le cuarto « Langosto » était fait d’une autre matière. Excellement salué par véroniques cadencées, le cornupède se révéla particulièrement brave sous le fer d’un Tito Sandoval ovationné à l’issue de son œuvre mais que l’on a connu autrement plus adroit dans l’exercice. L’astado rentra avec puissance dans le matelas les deux fois, poussant bravement et sur une corne à la première rencontre, avec moins d’alegria à la seconde, puis sur une troisième prise davantage désirée par public et présidence que par un Lamelas qui avait réclamé le changement de tiers. Alberto Lamelas et Langosto offrirent ensuite un combat intense, le torero de Cortijos Nuevos extrayant d’authentiques derechazos sur la meilleure corne de l’animal, encasté et avec du moteur qui pesait davantage dans ses charges gauchères incommodant le torero forcément moins à l’aise sur ce piton. Le retour droitier fut plus complexe ensuite, le toro baissant de ton. Pinchazo puis estoconazo. Oreille après pétition majoritaire et ovation au Dolores.

Roman, qui se présentait dans les Pyrénées hérita d’un premier client nommé « Clavijero » protesté pour s’être abimé les cornes et qui alla par trois fois défier le groupe equestre, se défendant avec violence sur les deux premières et sortant seul de la seconde. Coupant court aux banderilles, le Dolores Aguirre fut d’un danger sourd dans le dernier tiers. Sans solutions devant un toro andarin et criminel au possible, Roman joua des guiboles, s’en défit rapidement et non sans mal d’une demi lame et un coup de verdugillo.

Devant le quinto « Carafea », de presque six ans,  Roman tenta de remonter le Canigou face à un toro piqué à trois reprises. Le Dolores propulsa « Chocolate » et le cheval Destinado contre les tablas avec une force telle que la pièce montée fut envoyée au tapis. A la deuxième prise, l’astado s’employa moins et sortit seul de la troisième. Ovation au lancier et sa monture. Face à un toro puissant et se jettant de toutes ses forces dans le leurre, Roman se montra vaillant et tenta de conduire le fauve sur sa meilleure corne, la droite, sur plusieurs tandas méritoires le tout sous les invectives de quelques « intellectuels du toreo ». Trasteo sans véritable histoire certes, mais ô combien respectable et valeureux. Trois quart de lame et descabello. Ovation au toro.

Maxime Solera fut un surprenant et élégant capotero déjà devant le troisième de l’envoi « Comadroso », accueillit par véroniques puis chicuelinas valant au garçon une belle ovation. Un astado anodin qui s’employa peu en trois piques, la troisième loin d’être indispensable pour un animal qui arriva dégonflé dans le derniers tiers. Après un brindis intime, le fosséen dessina une première tanda droitière notable, mais le Dolores qui n’avait rien dans le ventre rendit les armes et laissa le garçon sans d’autres options de d’aller chercher les instruments létaux. Pnchazo puis demi-lame concluante.

L’ultime « Burgales » fut honoré d’un joli bouquet de véroniques jambe ployée avant d’être confié au groupe equestre pour deux rencontres sans véritable brio, ni chez l’animal ni chez le lancier de service. Dans le dernier tiers, le torero provençal se montra particulièrement appliqué devant un animal de bon fond, et qui transmettait. Maxime Solera dessina plusieurs tandas allurées sur les deux bords avec une préférence personnelle pour les belles naturelles, de loin les meilleures séquences de la soirée avant que l’animal ne se décompose. Trois quart de lame tombée a recibir, résultant longue d’effet, l’animal se couchant à la limite du troisième avis.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes de Ceret. Ceret de Toros 2022. Quasi Plein. 6 toros de Dolores Aguirre Ybarra.

Poids des toros : 570, 560, 550, 550, 570, 550

Cavalerie Bonijol. 17 rencontres

Le matador de toros Roman se présentait dans les arènes ceretanes.

ALBERTO LAMELAS : salut et oreille

ROMAN : sifflets et silence

MAXIME SOLERA : silence et ovation

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