Le bilan comptable de ce Festival Caritatif « Un toro pour un rêve d’enfant » fait état de 11 oreilles coupées, une queue, et deux vueltas al ruedo posthume. Mais au-delà de la statistique, ce qu’il faut retenir et s’en est le propre d’un festival, d’autant plus lorsque celui-ci est bénéfique, c’est la fréquentation. Environ 600 personnes sur les travées des arènes Paul Ricard. Une belle entrée, même si évidemment, une telle cause mériterait bien le « No hay billetes ». Des fonds, importants, seront donc reversés aux unités pédiatriques des Hôpitaux de Nîmes et Arles afin de rendre meilleur le quotidien d’enfants dans le besoin. Des enfants il y en avait par dizaine ce dimanche en Camargue, les visages remplis de joie au moment de recueillir les oreilles coupées en piste. L’une d’elle vêtue d’alguacililla, vivant son rêve d’enfant à dos de cheval, héritage familial, dans une arène, là où les rêves se vivent sans limite, avec le cœur et la passion. Il y avait du partage donc, du rêve, de la solidarité. Loin très loin de l’idée d’une France que l’on voudrait lyophilisée, sans l’ombre d’une identité, déshabillée de ses cultures qui en font sa richesse.
En définitive l’assistance a quitté les bords du Vaccares ravie par l’excellent contenu de ce festival qui a procuré pas mal de joie et d’allégresse au public comme aux acteurs et réservé quelques surprises comme celle de voir le raseteur vedette Joachim Cadenas venir combattre l’ultime animal de la soirée après avoir roulé depuis Saint-Gilles où l’arlésien été engagé comme fer de lance de la Finale de la Biche d’argent.
Le coup d’envoi fut donné par le « jinete » mexicain Cuauthemoc Ayala. Dans l’un des temples du rejoneo, le cavalier du Yucatan n’a pas vraiment convaincu devant un Tardieu offrant pourtant un bon jeu. Généreux mais globalement imprécis dans sa monte et ses figures le rejoneador de Merida promena une oreille de sympathie après deux rejons.
Sortit ensuite un toro de Gallon, âgé de 5 ans et charpenté pour Uceda Leal. Après une pique préservée, le torero madrilène proposa une faena essentiellement gauchère du plus bel effet, trouvant la juste mesure à un animal aussi noble que juste de forces. Plusieurs naturelles profondes avant de conclure à la hâte. Oreille.
Pour Marc Serrano, la récompense au travail accompli est venue de sa rencontre avec son adversaire de Cuillé. Un toro en mode petit bolide, exigeant et à la charge allègre devant lequel le torero nîmois partagea la pose des bâtonnets avec Gomez del Pilar et le raseteur Belkacem Benhamou. Face à un animal chargeant sans relâche, Marc Serrano toréa avec un plaisir non dissimulé, parvenant à se mettre en évidence sur les deux mains. Entière hémorragique, vuelta au toro et deux oreilles promenées aux côtés de Dominique Cuillé.
La faena de l’après-midi est incontestablement à mettre au crédit de l’ibérique Gomez del Pilar. Le matador madrilène hérita du meilleur exemplaire de la tarde, du fer de Blohorn. Un toro vibrant, à la charge franche et brave que le diestro espagnol embarqua dans une faena de grande intensité et faisant l’unanimité sur les travées. Entame genoux à terre suivie de plusieurs séquences allurées sur les deux bords puis un final d’abord rapproché puis par le bas. Coup de canon en guise de conclusion épée en main, deux oreilles et la queue pour le piéton et vuelta chaleureusement fêtée pour le très bon Blohorn.
Deux oreilles vinrent ensuite couronner la belle prestation de Lalo de Maria. Le blond torero saintois s’est particulièrement distingué devant un très bon novillo de Robert Margé salué par quatre largas de rodillas puis en toréant admirablement dans un style esthétique très marqué pour faena intense et suave, témoignage de la progression du jeune homme que l’on a retrouvé très relâché et souriant pour le plus grand plaisir du conclave.
Qualifié à l’issue du Bolsin matinal, le bordelais Clément Hargous du Centre Français de Tauromachie est tombé sur un os. Un eral d’El Campo particulièrement âpre qui infligea plusieurs volteretas sans gravité au garçon qui fit front avec ses armes jusqu’au coup d’épée final.
Le clou du spectacle est à mettre au crédit de Joachim Cadenas, en tenue de raseteur face à un eral de Pagès-Mailhan offrant le jeu idéal. L’as du crochet s’est montré particulièrement à son aise avec cape et muleta, se signalant brillamment sur plusieurs séquences enjouées et ce jusqu’au coup d’épée final, une première en public. Deux oreilles vinrent récompenser la prestation d’un garçon toujours plus surprenant, pétri de ce que l’on appelle l’aficion.
Une bien belle après-midi de toros en somme, qui espérons-le en appellera d’autres dans cet écrin fabuleux qu’est le site de Mejanes en Camargue… Enhorabuena à Marc Serrano et son équipe.
FICHE TECHNIQUE DU FESTIVAL
Arènes Paul Ricard, Mejanes. Festival Taurin Caritatif. 600 personnes environ. Beau temps. Toros, novillos et erales des ganaderias Tardieu, Gallon, Cuillé, Blohorn, Margé, El Campo et Pagès-Mailhan.
Présidence : Mr Gilles Raoux
Cavalerie Heyral. 7 rencontres.
CUAUTHEMOC AYALA : oreille
UCEDA LEAL : oreille
MARC SERRANO : deux oreilles
GOMEZ DEL PILAR : deux oreilles et la queue
LALO DE MARIA : deux oreilles
CLEMENT HARGOUS : oreille
JOACHIM CADENAS : deux oreilles
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