La traditionnelle journée taurine de la Peña La Embestida de Bouillargues s’est soldée par le triomphe du novillero salmantin Pedro Andres, qui pour la deuxième année consécutive s’est adjugé, sans que cela ne puisse lui être contesté, le prix au meilleur novillero. Côté bétail, c’est « Algar », marqué du fer de Roland et Raphael Durand qui est honoré pour avoir été l’animal le plus complet de l’après-midi. Des lauriers auxquels aurait pu également prétendre le pensionnaire de Blohorn sorti en 4eme position.

Très bonne organisation, une nouvelle fois, de la part du club taurin local et belle entrée (plus de ¾ d’arène) sous un soleil de plomb. Présidence sérieuse, un poil trop rigoriste par moments, notamment dans l’octroi de la musique qui aurait parfois animé un peu plus les débats. Bétail, comme de coutume, bien présenté avec par ordre de sortie :

  • « Compañero » des Héritiers de Yonnet, lourd, commode d’armure et qui passa dans le callejon dès sa sortie, d’un bon fond mais de peu de forces qui le rendit avisé.
  • « Cantador » de François André. Dans le type de la maison, fin et d’un bon niveau de noblesse mais aux forces déclinantes.
  • « Tamarin » de Tardieu Frères, sorti avec du gaz mais rapidement handicapé par un cruel manque de forces.
  • « Corson » de Blohorn, bien fait, brave avec du parcours et de la caste, mais aux forces lui aussi déclinantes.
  • « Algar » de Roland et Raphael Durand. L’animal le plus complet de l’envoi, au format supérieur, brave, animé et encasté avec une excellente corne droite, qui ne baissera jamais de ton.
  • « Amapolo » de Francis et Emma Colombeau, bien présenté, mobile mais manquant de classe.

Après une minute de silence en hommage aux aficionados disparus, et avec une pensée toute particulière pour Nicole, Amor et Pepe de Montijo, déboula un Yonnet qui alla rapidement visiter la contre-piste. Une virée qui pesa indéniablement sur les facultés physiques du pensionnaire de La Belugue. Le franco-mexicain Cesar Fernandez « El Quitos », constamment sous la menace d’un adversaire avisé fut pris en fin de faena, recueillant un coup de corne d’une dizaine de centimètres au mollet droit. Après une entière au second voyage, le garçon passa à l’infirmerie pour y recevoir les premiers soins.

Ressorti contre avis médical, le natif de Nîmes salua bien avec la percale le bon Blohorn, invité ensuite à partager une faena faite d’altibajos, en deçà des qualités du bicho. Quelques bons échanges droitiers, et passage gaucher de bien moindre son. Echec répétés avec les armes, salut un brin inopportun et départ définitif vers l’infirmerie…

Lauréat de l’édition 2022, le salmantin Pedro Andres revenait avec l’ambition légitime de doubler la mise. Face au François André, bien reçu à la cape, l’ibérique instrumenta une faena en deux parties. Cinq minutes de rodage avant que le jeune torero ne se distingue davantage en deuxième partie, se confiant davantage à la noble charge du cornu malgré un toreo souvent marginal. Demi-lame concluante. Vuelta.

L’affaire fut d’un meilleur calibre devant le quinto, admirablement salué à la cape par véroniques suaves. Faena donnée avec rythme, avec un excellent tracé droitier, sur la meilleure corne du bicho. Le torero de Salamanque, parfois un poil trop distant, a toutefois pu démontrer son potentiel muletero sur plusieurs séquences de bon ton, exploitant au maximum les qualités de son opposant. Pinchazo puis bajonazo limitant la récompense à un tour de piste.

Andoni Verdejo n’a d’abord rien pu faire devant son premier, de Tardieu Frères, lourdement handicapé par son manque de force, poussant l’aquitain à abréger.

Sans être un grand animal, son second adversaire de Colombeau offrait davantage de possibilités. Le protégé de Richard Millian, un torero fin a des qualités indéniables et, dans sa catégorie, fait figure de torero accompli (15eme novillada de la saison en France), mais hélas aujourd’hui l’envie semblait être restée sur les bords de l’Adour. Andoni Verdejo mis du temps a entrer dans sa faena, égrainant les (bons) muletazos un à un en soignant la gestuelle dans un ensemble manquant de son et de vibrations. Lame perpendiculaire et kyrielle de descabellos, l’ultime à la frontière du troisième avis.

FICHE TECHNIQUE DE LA NOVILLADA SANS PICADORS

Arènes André Dupuis, Bouillargues. Journée Taurine de l’Aficion. Plus de ¾ d’arène. Becerros des Héritiers de Yonnet, François André, Tardieu Frères, Blohorn, Roland Durand et Colombeau.

Présidence : Mme Daniuls assistée de Mr. Perbost et Mr. Rouan

EL QUITOS (ocre et or) : silence et saluts

PEDRO ANDRES (blanc et argent) : vuelta après avis et vuelta

ANDONI VERDEJO (majorelle et or) : silence et silence après deux avis

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