Le matador de toros arlésien Juan Leal est sorti en triomphe des arènes de sa ville en ce lundi de Pâques à l’occasion de la corrida de clôture de la première feria arlésienne de la temporada pour avoir coupé deux oreilles de son premier toro de La Quinta. Une sortie en triomphe qu’il faut savoir apprécier à sa juste valeur car si le torero d’Arles a été irréprochable muleta en main, l’épée, résultant basse aurait dû, d’autant plus au premier toro de la course, limiter la récompense en une oreille de poids. Une présidence en mode montagne russe qui a cédé à la pétition majoritaire dans l’octroi d’un deuxième trophée avant de tenir bon au sixième, cette fois plus légitimement après que Clémente, auteur pourtant de la faena de l’après-midi est gâché sa conclusion par une lame défaillante. Légitime ne voulant pas dire juste, on ne peut pas en tauromachie comme dans le vie, refuser à l’un ce que l’on accepte à un autre. Par conséquent, et d’un avis purement et strictement personnel nos deux toreros français auraient dû emprunter le même chemin de sortie, à pied ou sur les épaules…

Six toros de La Quinta pour la clôture donc, tous dans le type de la maison, correctement présentés, sans excès de poids ni d’armures, plus charpenté le sixième. Un envoi offrant du jeu dans sa globalité sous divers degrés de bravoure et de maniabilité, humiliant le plus souvent à mi-hauteur et donc manquant de transmission. Doux et nobles les 1 et 3, avec davantage de présence le 6 qui fut le seul animal de la soirée a offrir un tercio de varas digne d’intérêt en trois assauts bien contenus au 1er et 3eme voyage par Francisco Pons « Puchano », envoyé au tapis sur le deuxième impact puis justement ovationné à sa sortie. Fades les 2 et 5, exigeant mais sans caste véritable le 4.

Juan Leal débuta face à un animal discret au cheval puis doux et noble face au leurre. Fade dans ses embestidas droitières, le La Quinta mettait beaucoup plus suavement la tête sur la rive gauche. Une bénédiction dont profita largement le diestro français auteur d’un doux labeur, donné avec temple dans un style plus classique qu’à l’accoutumée, preuve que l’arlésien n’a pas qu’une seule corde tremendiste à son arc. Faena d’intensité irrégulière mais portant sur les travées à tel point qu’une seconde oreille fut largement réclamée par le conclave malgré une conclusion par lame basse… L’arlésien vit ensuite son second adversaire s’employer sur sa première rencontre avec la cavalerie Bonijol puis débuta une faena dédiée aux travées par rodillazos plein centre piste. Une entame rondement menée qui laissa hélas ensuite place à une faena hachée devant un toro exigeant mais manquant de fond, qui se défendait beaucoup et sortait la tête haute de la muleta. Conclusion délicate avec l’estoc.

L’après-midi aurait pu être celle de l’aquitain Clemente, qui sans une délicatesse avec les instruments létaux aurait accompagné son compagnon de cartel par la grande porte. A l’aise sur la réception cape en main de son premier opposant, le torero de Pouillon débuta par de bons doblones avant de mettre un certain temps à rentrer dans sa faena. Une fois le sitio adéquat acquis, Clemente dessina par la suite une faena importante face à un toro sans grand relief mais suave sur les deux bord, embarqué dans une grande tanda gauchère puis une dernière série droitière colossale de temple. Une entière logée verticale puis l’usage de la « cruceta » limitèrent la portée de l’œuvre en un salut au tiers bien chaleureux.

C’est face au dernier toro de cette Feria que le diestro girondin mis le feu. Un animal plus haut et plus âgé que ses frères, avec de la présence et du tempérament, élancé de plus en plus loin lors d’un tiers de piques en trois temps des plus entretenus. Muleta en main, le protégé de Roman Perez a livré une faena de grand son, toréant délicieusement par le bas, avec beaucoup d’intelligence et de profondeur face à un toro noble et doté d’un certain caractère. Faena d’intensité croissante, supérieure dans le tracé de bas et ronds muletazos droitiers. Hélas une conclusion par une vilaine lame vint refermer la Puerta Grande que le blond torero caressait du regard. Vuelta posthume généreusement octroyée à la dépouille de « Lagartijo « …

Ginès Marin fut le moins bien aidé par le tirage. Pour autant, le diestro de Badajoz fut d’un professionnalisme majeur et d’un engagement plein et sincère, inventant littéralement deux faenas données pour perdues face à deux adversaires de peu de fond. Une gestuelle lente et affirmée pour extraire tout le suc de ses adversaires pour autant d’efforts le plus souvent peu valorisé par la majorité du conclave…

FICHE TECHNIQUE

Arènes d’Arles. Feria de Pâques. Grand soleil. ½ arène. 6 toros de La Quinta

Président : Mr Soler assisté de Mme Bon et Mr Maragnon

Poids des toros : 515, 525, 535, 500, 530, 540.

Cavalerie Bonijol. 13 rencontres.

Vuelta al ruedo posthume au 6eme « Lagartijo » n°75, cardeno oscuro né en 11/2018 de 540 kg

JUAN LEAL (rose dragée et or) : deux oreilles et silence

GINES MARIN (malabar et or) : salut après avis et silence après deux avis

CLEMENTE (rouge et or) : salut après avis et oreille

REPORTAGE PHOTO

Share This