Cette deuxième corrida de la San Isidro 2021 façon Casa Matilla s’est soldée telle que la corrida d’ouverture. Globalement décevante. D’une part du point de vue de la fréquentation de la plaza madrilène, garnie d’un quart soit la moitié de la capacité autorisée… Ce qui laisse songeur à la vue de l’affiche proposée, redondante mais attrayante sur le papier, pour le grand public en tout cas.

D’autre part pour le résultat artistique bien maigre. Enrique Ponce qui n’est visiblement pas dans la forme de sa vie sur le plan professionnel ne fut pas le plus aidé par le tirage au sort. Morante de la Puebla fut à la fois génial d’inspiration face à son premier adversaire puis agaçant face au peu de soin engagé au moment de liquider l’impossible et fade quinto bis. Pablo Aguado est créditer d’un sublime maniement de la cape face à son premier exemplaire puis d’une entame muletera de haute note, toujours face au premier de son lot ce qui fut a peu près tout tant ses deux adversaires, aux faibles qualités baissèrent pavillon avant même de dire ouf.

Le lot de Juan Pedro Domecq, sérieusement présenté, plutôt lourd et armé s’avéra décevant dans les grandes lignes. Tous majoritairement décastés dépourvus de fond et de forces. Exception faite au second de l’envoi, noble avec de la classe et agréable pour le toreo. Pour le reste, ni bravoure, ni noblesse ou très peu. Désolant…

Enrique Ponce, qui m’avait semblé à côté de ses zapatillas à Leganes dernièrement m’a parut aujourd’hui, dans la plaza couverte de Vistalegre, bien que légèrement mieux, dans la même condition. Le torero de Chiva tirait le pistoletazo de cette deuxième corrida face à un animal sérieusement présenté et astifino, salué par un suave maniement de la cape avant que l’astado ne rompe le palo du picador, pour deux rencontres sans véritable style. Ponce dédia au respectable puis dessina une entame soyeuse par génuflexions , très en torero et visiblement appréciée du conclave. Face à un Juan Pedro noble et “humiliador”, le maestro valencian dessina sur les deux mains quelques tandas au tracé harmonieux dans un ensemble que l’on imaginait volontiers plus abouti mais qui finalement ira a menos. Conclusion par lame trasera.

Face au cuarto, intéressant face au groupe équestre face auquel il s’employa deux fois avec force, Enrique Ponce a de nouveau vécu une partie complexe. Mobile, prompt et agressif, le cornu ne facilita pas la vie du maestro valencian qui repris la main dans la deuxième partie. Dans un combat mal engagé depuis le départ, Ponce aguanta les coups de son adversaire, désormais compliqué et violent et tenta, en vain de sauver les meubles. Estocade habile.

Morante de la Puebla n’avait plus coupé d’oreille dans la capitale depuis la temporada 2014. Une “anomalie” réparée à l’issue de son premier combat, magnifique de temple et d’inspiration face à un noble Juan Pedro qu’il fallu toutefois “cuider” après un tiers de piques bien exécuté mais qui pesa un tantinet sur l’animal. Le torero de la Puebla del Rio se fit applaudir dès la réception capotera pour y avoir dessiné une demi douzaine de véroniques soyeuses, menton posé sur la poitrine, du plus bel effet. Dans le dernier tiers, le cigarrero profita de la condition du quadrupède pour laisser parler son inspiration et tracer sur le sable madrilène d’authentiques muletazos notamment sur la rive droite. Final de faena magistral par doblones avant qu’une lame en place ne vienne mettre fin à la vie publique de l’astado porteur de la devise rouge et blanche.

L’invalide quinto fut changé par un sobrero de Daniel Ruiz, manso, violent et épargné de forces… RAS à la réception capotera, pas plus sous le fer et donc toujours rien dans le tiers ultime. David Casas au micro de Plaza Toros TV qui annonçait comme un détail que le maestro de la Puebla del Rio avait laissé l’épée factice pour l’arme létale avant même de quitter le burladero n’en était pas un… Quelques passes de soumission avant de porter l’estoc avec tout le désengagement dont Morante de la Puebla peut faire preuve en de pareilles situations…

Pablo Aguado à la faculté impressionnante de dessiner de somptueuses véroniques les deux pieds rivés dans le sable. Ce qu’il fit face au troisième de l’envoi pour une entame de très bel effet. Quite sublime toujours pas véroniques qui firent rugir la maigre assistance (compte-tenu de l’affiche). Le Juan Pedro, plutôt mobile pris deux rations de fer sans rechigner puis permis au torero sévillan de signer, genou sur le sable, une entame muletera de toute beauté. Hélas après la première tanda droitière, donnée depuis le centre, le soufflet retomba bien rapidement. Face à un animal allant à menos et manquant de classe, Pablo Aguado égraina quelques mouvements de bon aloi avant de conclure en deux tentatives.

Le sevillan salua avec soin l’arrivée de l’offensif dernier Juan Pedro de l’envoi, avec quelques véroniques bien exécutées. Deux piques, la première rectifiée puis une seconde dans aucun intérêt. Muleta en main, le protégé du trio Vasquez ne pu rien face à un animal aplumado. Conclusion en trois temps.

Corrida diffusée en direct sur Plaza Toros Tv // Photos Luis Sanchez Olmedo (Cultoro)

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Palacio Vistalegre, Madrid. Feria de San Isidro. Demi-arène (de la jauge autorisée). 6 toros de Juan Pedro Domecq, très bien présentés, lourds et armés offrant du jeu dans l’ensemble plus un sobrero de Daniel Ruiz (5bis).

Salut du banderillero Abraham Neiro au quatrième puis de Ivan Garcia et Pascual Mellinas au sixième.

ENRIQUE PONCE: silence et silence

MORANTE DE LA PUEBLA; oreille et sifflets

PABLO AGUADO: ovation et silence

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