Comme disais le personnage principal d’une des séries Tv de ma jeunesse “Je ne m’attendais à rien, mais je suis quand même déçu…”

Il est vrai que je ne sais pas vraiment ce qui m’a pris au moment d’allumer la télé et me mettre devant une corrida dont l’affiche devait être la 1500eme représentation. Morante de la Puebla, El Juli, Manzanares. N’ayant strictement rien contre les trois nommés, voir dans une arène de 2eme catégorie un benjamin de l’affiche avec 18 années d’alternative, me laisse perplexe quant à l’avenir que veulent nous donner toutes ces bonnes âmes qui composent le mundillo… Pour arbitrer la partie, les inévitables démons de Garcigrande, qui de “grande” n’avaient strictement rien…

Les toros de Justo Hernandez furent comme convenu, insipides, de peu de race mais surtout imprésentables, tous engoncés dans d’épais costumes de novillos, indigne même d’une arène de catégorie encore inférieure. Afeités, grossièrement. Une mansada de tout premier ordre, fiables, ternes, sosos… Mais qui sont ceux qui imposent ces infâmes toros ? Suivez mon regard …

Morante de la Puebla n’a rien pu/voulu faire et s’est retiré sous un mélange de quolibets et de palmas un tantinet fanatiques. Pas la peine d’étirer le conte plus que nécessaire. El Juli, tue toujours d’une bien fâcheuse manière, les deux fois très en arrière et perpendiculairement. Deux lames rapidement létales. Oreille les deux fois. Mais l’on ne peut enlever au madrilène tout le savoir et le poder d’un torero de sa catégorie. Face à ces fades adversaires, le madrilène n’eut pas a forcer son talent. Il domina le premier et réduit en bouillie le quinto, parfois à la limite de la vulgarité. J’ai tant aimé ce torero qu’il m’est encore difficile de comprendre pourquoi s’enliser dans des spectacles aussi bas de gamme. Le torero de Velilla quitte Plasencia avec deux oreilles dans les bagages. La troisième presque incontestable lui étant ôtée par le balcon présidentiel malgré une bruyante pétition. Un président qui se tourna en ridicule ensuite, octroyant les deux oreilles à Jose Maria Manzanares auteur d’une faena d’intensité décroissante, honnête, juste correcte et conclue à la hâte. Le tout face à un animal anodin comme mille à l’année, qui fut pourtant primé contre toute attente d’une vuelta posthume surréaliste. Il n’y avait qu’a voir la stupéfaction du torero alicantin à l’annonce des récompenses…

Avec classe, Jose Mari ne fit son tour d’honneur qu’avec seulement un seul appendice en main et se justifia ensuite au micro de la chaine Toros ” Je suis surpris et j’avoue avoir un peu honte qu’une deuxième oreille me soit accordée alors que Julian lui la méritait vraiment. Le palco a manqué de sensibilité. J’ai été éduqué dans le respect et la sensibilité, et parfois il y a des toros qui sont plus difficiles et qui demande un effort conséquent, peut-être que le président l’a vu meilleur que ce qu’il ne l’était vraiment”…

Une parodie de corrida de toros, devant une arène abondamment garnie et devant les caméras de télévision dont les commentateurs – pourtant souvent muets face à ce genre de dérives- n’ont pas manqué de souligner l’impact négatif que cela peut avoir sur l’avenir de la tauromachie. Le ganadero Justo Hernandez déclarant à la chaine ibérique, que ses toros n’avaient pas eu le niveau escompté, et que ce sixième toro ne méritait pas la vuelta posthume. El Juli, en signe de contestation, et de compañerismo n’a pas souhaité sortir à hombros a accompagna à pied ses compagnons de cartel. Tout ce petit monde qui s’offusque, c’est bien joli mais n’est-ce pas justement ce joli petit monde qui fit entrer le loup de la bergerie, et depuis longtemps?

A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire… Toreros, ganaderos, présidence… Tous coupables !

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