NO HAY BILLETES ! Pouvait-on lire sur la façade des guichets rue de la Violette à moins d’une heure du paséo. Plus de billets, « agotado el papel » pour cette deuxième étape de la Feria de Pentecôte. Une première depuis le 9 juin 2019 et un mano a mano, décevant, entre Sebastien Castella et Andres Roca Rey. Une bonne nouvelle accueillie par une frissonnante Marseillaise entonnée à l’unisson à l’issue du paseo, retardé de 15 minutes afin que les 12000 spectateurs puissent prendre place sur les travées de l’amphithéâtre. Une excellente nouvelle même, compte tenu des attaques subies par la tauromachie, en novembre dernier, puis récemment avec l’annulation espérons le temporaire de la novillada du 15 juillet à Perols. No pasaran !

Avant que ne déboule le premier Victoriano del Rio, beaucoup croisaient les doigts pour ne pas avoir à revivre la débandade de la veille côté ganadero. Il n’en fut rien. D’abord car les pupilles de la devise jaune et noire ressemblaient davantage à des toros, hormis le quinto d’un format inférieur au reste de la troupe. Bien présentés, correctement roulés et armés, les bichos de la sierra madrilène avaient du fond, un peu de race, de la bravoure et de la noblesse. Ce que l’on est en droit d’attendre d’une corrida, en somme. Tous firent preuve de présence et de tempérament, sous divers degrés d’expression, face à la cavalerie d’abord où l’ensemble s’exprima sans excès, puis dans le dernier tiers avec davantage de brio. Meilleurs les quatre premiers, allant à menos les deux derniers.

Revigoré par une sixième grande porte madrilène, Sebastien Castella était attendu pour son retour sur le sable de l’une de ses « plaza talisman ». Le public de la cité des Antonins invita le biterrois a saluer avant de réclamer à son endroit la première oreille de la soirée. Belle entame capotera devant le premier, le torero de Béziers faisant valoir ses ganas au cours d’une faena remarquable de ténacité, au tracé plus abouti sur la rive droite devant un toro noble et bravito, parfois impétueux dans ses charges mais bien dominé dans son ensemble par le diestro français qui logea une lame en place au premier voyage.

Sébastien Castella vit s’envoler une possible 18eme Porte des Consuls pour avoir manié avec délicatesse les instruments létaux avec le cuarto, un toro animé, brave sous le fer mais allant a menos dans le dernier tiers. Faena initiée par cambio au centre puis consumée de plusieurs séquences droitières de bon ton. Final encimista, puis naturelles et derechazos de face, pieds liés dans le sable avant, comme compté plus haut, de tout perdre à l’épée.

Attendu, Juan Leal l’était aussi après son après-midi héroïque des dernières vendanges. Le torero d’Arles qui commémorait ses dix ans d’alternative est passé lui aussi à côté d’un triomphe pour avoir vendanger la Grande Porte avec les armes. Belle entame capotera devant le 2eme, bien conduit ensuite dans un quite par gaoneras sur le fil du rasoir. Faena enjouée, donnée devant un très bon toro, bien débutée le long des tablas avant enchainement de plusieurs séquences main basse du plus bel effet. Juan Leal fit ensuite le choix, peut-être un peu précipité, de raccourcir la distance, rendant les débats désormais plus hâchés. Ensemble finalement de moindre transmission avant final au corps à corps. Triple échec à l’épée.

Le quinto, bien travaillé avec la percale par véroniques fut préservé sous le fer en deux assauts inégalement contenus. Inégale également fut la faena du français qui d’emblée plaça le curseur risque très haut sur une entame arodillada qui fit passer le frisson. Faena tenace et téméraire à la transmission bosselée, alternance de hauts et de bas mais remarquable d’entrega et de pundonor. Final époustouflant de cran, genoux dans le sable avant demi-lame tombée, concluante après pinchazo. Oreille généreuse si l’on tient compte de la finition.

Andres Roca Rey est passé proche d’ouvrir la Porte des Consuls pour la première fois. Il s’en est fallu d’un coup d’épée balbutié devant le 3eme, qui priva le péruvien d’un trophée qu’il s’était gagné devant un toro de bon son, notamment à droite, répondant avec noblesse aux sollicitations du limeño auteur d’une faena de grand pouvoir, supérieure dans sa construction sur le côté droit.

L’ultime, un joli jabonero vint faire baisser la note globale de l’envoi ganadero, s’avérant juste de race et de forces bien qu’animé de noblesse mais au parcours limité. Débuts arodillados précédant une faena désinvolte, tout en maitrise et en contenance, allongeant le tracé des puissantes naturelles à un animal juste de parcours. Roca Rey démontra toute sa mainmise sur la partie dans une deuxième partie de labeur particulièrement poignante sur la courte distance avant estoconazo. Deux oreilles, la deuxième généreuse. Roca Rey est sorti à pieds par la Porte des Cuadrillas.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes de Nîmes. Feria de Pentecôte 2023. No hay billetes. Temps splendide. 6 toros de Victoriano del Rio

Organisation : Simon Casas France

Présidence : Mr Pastor assisté de Mesdames Payet et Charmasson

Poids des toros : : 525, 556, 541, 530, 510, 537.

Cavalerie Heyral. 12 rencontres

SEBASTIEN CASTELLA (lilas et blanc) : oreille après avis et ovation après deux avis

JUAN LEAL (crème catalane et or) : saluts après avis et oreille après avis

ANDRES ROCA REY (caramel et or) : saluts après avis et deux oreilles après avis

RESEÑA DES TOROS

Navegante, N°42 né en aout 2018, de 525 kg. Ovation

Jubilado, N°32 né en septembre 2017, de 556 kg. Ovation

Dalia, N°109 né en aout 2018, de 541 kg. Ovation

Orador, n°69 né en janvier 2019, de 530 kg. Ovation

Decorado, N°64 né en octobre 2018, de 510 kg. Applaudissements

Manisera, N°32 né en septembre 2018, de 537 kg. Applaudissements

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