Il aura fallu attendre près de vingt mois après sa terrible blessure pour enfin retrouver dans les ruedos celui que l’on surnommerait volontiers “Little Big Man”. Meurtri par les cornes d’un Miura le 14 juillet 2019 à Pampelune, Rafael Rubio “Rafaelillo” est réapparu ce samedi 27 mars 2021 à Jaen face à “Mistral” de Victorino Martin un an aprés un retour avorté par la crise sanitaire, à Arles face aux toros de … Miura.

L’ovation qui accompagna son entrée en piste fut à l’image même du torero de Murcia, intense, puissante, chaleureuse et véritable. De celles qui vous font dire combien ce garçon est nécessaire dans ce panorama taurin qui parfois, souvent, se perd dans l’entre soi et le glamour de magazine.

Pour son retour, le murciano croisa d’emblée le fer avec un Victorino très dans le type de la maison. Un de ces animaux à la fenêtre de tir fortement étroite et qui ne fait aucun cadeau à l’opposition. Avec son bagage et son expérience, Rafaelillo parvint sur la rive droite notamment à corriger la charge du Victorino, y arrachant une poignée de derechazos de grande valeur. A tribord le toro à la devise rouge et bleue affichait nettement plus de danger, mais le murciano ne baissa pas pavillon pour autant et opposa vaillance et détermination sans pouvoir toutefois parvenir a briller et se retira sur une grande ovation.

Face au quatrième, le torero de Murcia proposa un trasteo valeureux et engagé face à un animal retord et aux charges indécises, voir brutales par moment. Le murciano habitué aux joutes extrêmes, avec tout son savoir et sa technique s’appliqua à faire charger le fauve et dessina sur la rive gauche quelques séquences de belle facture. Que dire du soin apporté au maniement de l’épée pour une estocade en place et fulminante. Oreille.

Ruben Pinar tomba sur un client au danger palpable dès son entrée en piste et qui ne révéla pas de grandes qualités sous le fer. Après que le subalterne Angel Otero ait brillé banderilles en mains, le matador albaceteño qui n’est pourtant pas du genre à renoncer, plia rapidement les gaules face au peu d’options offertes par le Victorino.

Le quinto fut décevant sous le fer dans un tiers sans grand frisson et après une réception capotera soignée de la part du torero d’Albacete qui brinda son deuxième passage au respectable. Le matador manchego proposa une deuxième partition nettement plus fournie en exploitant admirablement les qualités notables de son opposant. Avec une corne droite supérieure et pas mal de noblesse le Victorino permit à Ruben Pinar de dessiner un labeur structuré comprenant plusieurs séquences allurées et égrainée de passages à la fois puissants et relâchés. Quelques naturelles valeureuses furent proposées sur la rive gauche, recevant toutefois un impact plus limité. Final droitier avant qu’une débâcle avec la ferraille mette fin à tout espoir de trophée. Toro applaudi à l’arrastre après une légère pétition de vuelta.

L’astado sorti en troisième position afficha nettement plus de vertus que ses frères sortis précédemment et fit preuve de caractère et d’un certaine entrega notamment dans le dernier tiers. Alberto Lamelas afficha toute sa volonté d’emblée en saluant son premier adversaire d’une larga cambiada de rodillas puis par quelques mouvements de cape au bon tracé. Deux rencontres sans véritable style face au groupe équestre. Le matador de toros local, dans la lignée de sa (courte) temporada 2020 édita un trasteo de très bon niveau et profita de la bonne corne droite d’un notable Victorino face auquel Alberto Lamelas signa quelques mouvements droitiers de très bonne note. Plus âpre sur la rive opposée, le piéton eut forcement peu d’options mais se montra vaillant et appliqué jusqu’à l’estocade finale portée en deux fois qui délivra une oreille de valeur. Toro applaudi à l’arrastre.

L’ultime fut le protagoniste d’un bon tiers de piques, spectaculaire face à un picador, David Prados particulièrement appliqué sur sa monture et logiquement ovationné. Muleta en main(s), Alberto Lamelas se montra une nouvelle fois volontaire à souhait et composa un labeur ambidextre de correcte facture d’où surgirent d’intenses passages droitiers à mon sens supérieurs. Trasteo sérieux conclu par entière après pinchazo non primé malgré la pétition, par la bonne (ou mauvaise) volonté présidentielle transformant la récompense en une chaleureuse vuelta al ruedo.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Plaza de Toros de Jaen ” Coso de Alameda”. No hay billetes (de la capacité autorisée). 6 toros de Victorino Martin bien présentés, tous dans le type de la maison, meilleurs les troisième et cinquième Salut du banderillero Angel Otero au deuxième.

RAFAELILLO: ovation et oreille

RUBEN PINAR: silence et silence

ALBERTO LAMELAS: oreille et vuelta

Photos Tauroemocion / Corrida télévisée en direct sur Toros.

Share This